Le département des Hauts-de-Seine accompagne vers l’emploi les bénéficiaires du Revenu de Solidarité active qui ont, pour la plupart, traversé une longue période de chômage et souvent connu l'isolement social. Le soutien de la famille, des amis, des relations jouent un rôle majeur dans ces périodes et dans l’insertion professionnelle. Ce "Questions de famille" s’adresse ainsi à toutes les personnes en recherche d'emploi, et à leur entourage, avec pour objectif de prévenir l'éventuelle rupture des liens sociaux qui dépasse les histoires individuelles, et en retraçant les possibilités d’accompagnement offertes par le Département.

Un père et sa fille.

Ce que représente la perte d'emploi

La perte d'emploi a souvent des impacts profonds dans la vie de nombreuses personnes et de leur entourage. Pour en savoir plus sur les phénomènes qui accompagnent la perte d'emploi et les moyens de s'en prémunir, nous avons interrogé Serge Paugam, sociologue et Danielle Rapoport, psychosociologue.

Serge Paugam est sociologue, directeur de recherche du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il a créé et dirige la collection «Le lien social» aux PUF.
Ses travaux sur les inégalités, les ruptures sociales et les formes contemporaines du lieu social ont une renommée internationale. « Questions de famille» a interrogé Serge Paugam sur l’isolement à la suite d’une perte d’emploi. Et ses réponses mettent en évidence la prédominance des faits de société en la matière.

Danielle Rapoport est psychosociologue. Elle a fondé en 1987 DRC, Cabinet d’études et de conseil stratégique, spécialisé dans les évolutions des modes de vie et de la consommation.
Elle intervient aussi à Solidarités nouvelles face au chômage (SNC). Il s’agit d’une association fondée en 1985, qui propose à des chercheurs d'emploi un soutien humain personnalisé, grâce à un réseau d'accompagnateurs bénévoles à travers toute la France. (pour en savoir plus sur SNC : snc.asso.fr). Danielle Rapoport témoigne, forte de son expérience à SNC

Quelle est la vision du travail en France aujourd'hui ?

L’emploi, c’est plus que le travail, …. C’est avoir un statut dans la société, sinon on se sent exclu, en dehors. Serge Paugam

La vision du travail diffère t-elle dans les pays voisins ?

Quelles sont les conséquences de la perte d'emploi sur les liens sociaux ?

Comment la perte d'emploi engendre t-elle l'isolement ?

On peut être entouré, et avoir ce sentiment de malaise d’être avec les autres en ayant un statut inférieur. La réalité de l’expérience vécue du chômage est une souffrance au quotidien. Serge Paugam

Lors d'une recherche d'emploi comment éviter l'isolement ?

Comment évoquer la perte d'emploi avec ses proches ?

La famille peut aider et être une ressource à la fois psychologique et matérielle pour aider le demandeur à retrouver les rails de l'emploi. Danielle Rapoport

Comment préserver et solliciter ses réseaux personnels ?

Pour aller plus loin

Le Conseil économique social et environnemental a publié en mai 2016 un dossier de 130 pages : « L’impact du chômage sur les personnes et leur entourage : mieux prévenir et accompagner ». Des constats, des recommandations…
Pour consulter ce dossier : www.lecese.fr/travaux-publies/limpact-du-chomage-sur-les-personnes-et-leur-entourage-mieux-prevenir-et-accompagner


Retour vers l'emploi : une mission forte du département

Les départements financent le revenu de solidarité active (RSA) depuis l'acte II de la décentralisation de 2004. Dans les Hauts-de-Seine, en 2016, le département y a consacré 169,73 M€.

Ce revenu assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu. Le RSA est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes d'au moins 25 ans et aux jeunes actifs de 18 à 24 ans s'ils sont parents isolés ou justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle.
Les Hauts-de-Seine ne se contentent pas de verser le règlement du revenu. Chaque bénéficiaire du RSA est inscrit dans un parcours d’insertion sociale et professionnelle qui doit lui permettre de se stabiliser durablement dans l’emploi et d’assurer son autonomie. Vous pouvez également bénéficier d’actions développées par les autres acteurs de l’insertion et de l’emploi du territoire.

Cela implique ses actions répondant à un besoin spécifique :

  • avoir accès aux soins,
  • être aidé dans votre recherche de logement,
  • être aidé pour trouver un mode de garde pour votre enfant.

Des actions pour vous aider à vous remettre en activité :

  • être plus autonome en français dans un cadre professionnel,
  • construire votre projet professionnel,
  • vous former

Des actions pour vous aider à retrouver du travail :

  • bénéficier d’un coaching vers l’emploi,
  • bénéficier d’un accompagnement global avec Pôle Emploi,
  • être accompagné pour créer votre entreprise.

Se renseigner sur le rSa et le retour à l'emploi

Les nouveaux bénéficiaires du RSA des communes accueillant un Espace insertion sont directement reçus à l’Espace. Les bénéficiaires étant déjà été suivis dans d’autres structures seront invités à faire leur suivi autant que possible au sein de l’Espace insertion de leur commune.

Les espaces départementaux d'actions sociales proposent écoute et aide aux personnes en difficulté, que ce soit pour des problèmes administratifs, juridiques, ou bien d'insertion et de logement.

Les centres communaux d'action sociale (CCAS) sont des établissements publics des villes qui gèrent l´action sociale. Ils accueillent, conseillent et orientent les personnes en difficulté vers les assistantes sociales et instruisent eux-mêmes les dossiers d´aide légale ou facultative accordée par l´État ou le département, et d´aide sociale de la commune.

Pour le retour à l'emploi, les bénéficiaires peuvent contacter les conseillers de Pôles emploi (www.pole-emploi.fr).

Les demandes de rSa doivent se faire à la Caisse d'Allocations Familiale (CAF). Les coordonnées des différentes agences sont disponibles sur le site www.caf.fr ou par téléphone au 0810 25 92 10 (0,12 euro la première minute, 0,09 euro les suivantes à partir d'un poste fixe).

Le département des Hauts-de-Seine met à votre disposition un livret explicatif. Vous pouvez le télécharger sur hauts-de-seine.fr ( Format PDF - 280kO).


Le schéma du retour à l'emploi dans les Hauts-de-Seine.

En immersion à l’espace insertion de Suresnes :
« C’est là que j’ai commencé à reprendre confiance en moi »

Les Espaces Insertion des Hauts-de-Seine rassemblent au niveau communal ou intercommunal l’ensemble des ressources, institutions et professionnels, pour le retour à l’emploi. Ils sont dédiés à l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. Les témoignages recueillis dans cette vidéo racontent ce que signifie le mot « accompagnement » : créer du lien, créer de la confiance.


Lu dans HDS.mag : Les Espaces insertion, un pied dans l’emploi

Le conseil départemental a mis en place un éventail d’actions pour réinsérer les bénéficiaires du RSA dans le marché de l’emploi. Avec des guichets uniques : les Espaces insertion. Reportage.

Mehdi a aujourd’hui rendez-vous, sa pochette pleine de CV et de lettres de motivation sous le bras, à l’Espace insertion de Gennevilliers. Depuis trois mois, il est suivi par Pierre Coumes, son coach emploi. Entre les deux hommes, l’ambiance est plutôt décontractée. Ensemble, ils font le point sur les derniers contacts et entretiens de Mehdi. À 26 ans, le jeune homme est titulaire d’un master de langues et a déjà effectué plusieurs stages et CDD et même une mission de service civique. Mais il peine à décrocher le Graal : un emploi fixe dans le journalisme. Lui et son coach se rencontrent à un rythme hebdomadaire ou tous les quinze jours. L’objectif : remettre d’ici six mois un pied dans le monde du travail. Et en trois mois, le chemin parcouru est déjà énorme pour le jeune homme. « Mehdi est quelqu’un de dynamique mais qui a tendance à se démotiver et à n’avoir pas confiance en lui. Il a également beaucoup d’expérience et de compétences mais il a par exemple mis trois séances à me dire qu’il parlait trois langues ! », se souvient Pierre Coumes. Pour Mehdi, ce coaching est un sérieux coup de pouce. « Quand on se retrouve chez soi à postuler et qu’on nous répond que notre profil ne convient pas, on perd le moral. Avec mon coach, j’ai un appui, une aide. La semaine dernière, j’ai passé un entretien que je n’aurais pas pu avoir sans venir ici. »

De demandeur à rechercheur

Le Coaching vers l’emploi a été mis en place en 2016 dans le cadre du Programme départemental d’insertion et de retour à l’emploi (PDI-RE). Depuis l’an dernier, dix-sept coachs comme Pierre Coumes ont été embauchés dans les Hauts-de-Seine. Le Coaching vers l’emploi est destiné aux nouveaux entrants dans le dispositif RSA et vise un retour à l’emploi en six mois via un accompagnement intensif au sein des Espaces insertion, et des EDAS dans les communes où il n’y a pas d’Espace insertion. Il comporte trois étapes : d’abord une évaluation de la situation du bénéficiaire, puis un accompagnement individuel et collectif et enfin un placement et un suivi dans l’emploi. Pierre Coumes gère pour l’instant une trentaine de dossiers similaires à celui de Mehdi. Soit autant de profils différents. « Ce sont des personnes de tous horizons et de tous âges. J’ai par exemple quelqu’un qui prépare une thèse sur l’histoire des religions ou encore une auditrice. » Ce portefeuille restreint de demandeurs d’emploi (55 maximum) lui permet de caler des rendez-vous plus régulièrement, d’une à deux fois par semaine. « Le travail est double : il s’agit de bien redéfinir leur projet professionnel car beaucoup d’entre eux n’ont pas forcément mené cette réflexion. Il y a aussi un gros travail sur la confiance en soi. Ensuite on construit un CV cohérent, on donne de la puissance à leur projet et on suit les différentes candidatures. L’objectif est de les faire passer de demandeur à “rechercheur” d’emploi. » À terme, vingt-quatre coaches aideront 1 400 bénéficiaires du RSA chaque année.
Dans cette tâche, ils sont aidés par la Mission Prospection et Placement du Département. Celle-ci représente un autre volet d’aide au retour à l’emploi en agissant en amont et en aval des recrutements. Elle cible les entreprises qui embauchent, pré-sélectionne les candidats, les prépare aux entretiens, réalise des tests d’embauche et enfin suit le salarié pendant un an via un coach entreprise. Cette année, cette mission va s’élargir au secteur de l’hôtellerie-restauration. « Dans le cadre du rapprochement avec les Yvelines, le secteur touristique va être développé avec des métiers qui correspondent au profil des bénéficiaires du RSA », note Françoise Herbreteau, directrice du service insertion et emploi au conseil départemental. Sans oublier le secteur des services à la personne, toujours pourvoyeur d’emplois et le domaine de la sécurité privée, suivi en partenariat avec l’école européenne de sécurité privée à Versailles.

Guichet unique

Fin 2016, le Département comptait 29 745 foyers bénéficiaires du RSA, un chiffre en baisse de 5,8 % en un an. Pour les aider à se réinsérer sur le marché de l’emploi, le Département a axé sa politique d'insertion sur l’accès et le retour à l’emploi via le PDI-RE. Celui-ci a été totalement repensé en 2009 et classé en 94 actions avec 15 000 places à disposition des bénéficiaires du RSA. Il a pour but d’aider tous les profils de bénéficiaires, notamment ceux qui ont besoin d’un accompagnement plus social. À Gennevilliers, 650 dossiers sont traités chaque année à l’Espace insertion. Le lieu est un guichet unique d’insertion avec une équipe pluridisciplinaire composée de coachs emploi, de travailleurs sociaux mais également de conseillers insertion, de travailleurs sociaux et d’un psychologue présent deux jours et demi par semaine, soit au total une douzaine de personnes. « Ce système de guichet unique évite la déperdition du public. Aujourd’hui, il faut seulement trois jours pour avoir un rendez-vous pour l’instruction d’un dossier, une semaine pour rencontrer un conseiller et n’importe qui peut venir demander une simulation de RSA », explique Dominique Deret, la directrice. En plus de la salle informatique, des ateliers sur le monde de l’entreprise sont organisés. Particularité de ces locaux de 350 m2, ils sont sur le même plateau que ceux de l’Edas (Espaces départementaux d’action sociale) de Gennevilliers, ce qui permet un accompagnement plus global des personnes. « Certaines ont des difficultés linguistiques ou ont arrêté l’école tôt, d’autres sont des femmes n’ayant jamais travaillé ou victimes de violences. Ce sont des personnes qui n’ont pas forcément les codes de l’entreprise et qui ont eu des accidents de vie. Le parcours moyen d’un bénéficiaire du RSA est de deux ans. À nous de leur redonner confiance et de les amener vers l’autonomie », précise Dominique Deret.
Walembo Bamba fait partie des 650 personnes suivies à l’Espace insertion. Cet ancien professeur a multiplié les petits boulots de vendeur, ferrailleur ou encore agent de maintenance sans véritablement obtenir d’emploi fixe. « Quand je suis venu m’installer à Gennevilliers, tout s’est débloqué, se souvient-il. Je me suis inscrit à Pôle Emploi et ma conseillère m’a fait suivre une formation de cariste avant de me diriger ici. » Mais à 64 ans, difficile de trouver un emploi dans le bâtiment. « Je passais des entretiens mais sans réponse. Ils voulaient tous quelqu’un de plus jeune. » Depuis plusieurs mois, il est suivi par Christian Chaumont, conseiller insertion. Une fois par mois ils se rencontrent afin de faire le point sur ses démarches. « Une fois levée une partie de ses problématiques, il a été en mesure d’exposer son projet et de montrer qu’il était prêt à travailler dessus. » Depuis avril, Walembo a retrouvé du travail avec un CDD d’insertion de quatre mois renouvelables au port de Gennevilliers. Il veut désormais mettre de l’argent de côté pour créer sa propre entreprise de dépannage. « L’étape suivante : se rapprocher des structures d’aide », poursuit Christian Chaumont. Les conseillers insertion ont un portefeuille d’une centaine de personnes et suivent plus particulièrement les bénéficiaires depuis plus d’un an. « Quand je rencontre une nouvelle personne, je balaie son parcours, essaie de comprendre comment il est arrivé ici, de déceler la faille. Puis une relation de confiance se met en place… Les profils sont très différents, ce qui nous oblige à redémarrer à zéro à chaque fois. C’est ce qui rend notre métier si intéressant. » Grâce aux différents dispositifs d’insertion, l’Espace insertion de Gennevilliers enregistre un taux de retour à l’emploi de 37 %, soit deux cents personnes qui ont retrouvé le chemin du travail en 2016…

Chantiers d’insertion

Cette année, le PDI-RE a décidé d’élargir son partenariat avec Pôle Emploi relatif à l’« accompagnement global ». Ce dispositif s’appuie sur un travail en binôme composé d’un travailleur social du Département et d’un conseiller emploi du Pôle Emploi. Au 31 décembre 2016, 1 573 demandeurs d’emploi ont bénéficié de ce dispositif pour 54,1 % de sorties positives (reprise d’activité, création d’entreprise ou entrée en formation longue). La nouvelle convention élargit ce dispositif à toutes les communes du département pour en faire bénéficier un plus grand nombre de demandeurs d’emplois (1 120 contre 840 précédemment).
Par ailleurs, une quarantaine de structures proposent des ateliers et chantiers d’insertion pour environ cinq cents personnes par an. Enfin depuis 2011, le conseil départemental a inclus des clauses sociales dans 13 % de ses marchés publics, soit l’équivalent de 120 emplois à temps plein par an.
Cette année, le Département consacre 186 millions d’euros aux bénéficiaires du RSA dont près de dix millions pour le PDI-RE. En 2016, l’ensemble des dispositifs a généré 2 560 retours à l’emploi et un taux de retour à l’emploi de 40,8 % dans les Espaces insertion.
Mélanie Le Beller

Un coup de pouce pour le permis

Autre frein à l’embauche : l’absence de permis de conduire. En septembre dernier, le conseil départemental a lancé une nouvelle action d’accompagnement pour permettre aux bénéficiaires du RSA d’obtenir le fameux papier rose, le coût moyen du permis B pouvant atteindre 3 000 euros, soit l’équivalent de six mois de RSA. Au programme, une formation spécifique théorique et pratique et un accompagnement vers l’emploi individualisé. Cent personnes bénéficieront de cette aide cette année.

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