HDS n°65

2 maga z i ne  | HDS mag | n°65 - mai-juin 2019 kilo quantique La quête du L a me sur e é t an t le fondement de toutes les activités d e l a s o c i é t é des hommes, l’idéal universel de la Révolution française avait conduit à bouleverser l’état a n t é r i e u r – d e s p o i d s e t des mesures établis souvent sur des références anthropomor- phiques, comme la toise ou le pied, qui changeaient d’une ville à une autre – pour viser un système d’unités à vocation éternelle et internationale, qui serait commun «  à tous les temps, à tous les peuples  ». Avec le besoin g r a n d i s s a n t d e me s u r e s identiques d’un pays à l’autre, l a s i g n a t u r e e n 1 8 7 5 d e la Convention du Mètre créait dans cet esprit une instance inter- nationale, le Bureau international des poids et mesures (BIPM), dont les bâtiments surplombent la Seine depuis les coteaux de Sèvres. Dirigée depuis 2013 par le physicien anglais Martin J.T. Milton, l’organisation inter- gouvernementale est le centre de co l l abo r a t i on s c i en t i fi que , technique et de coordination du système mondial de mesure. Le langage populaire ne retient souvent du Pavillon de Breteuil, dernier vestige du Trianon de Saint-Cloud, que le prototype international du kilogramme et le mètre étalon, même si cela fait longtemps que la barre fabriquée à partir de la longueur d’une fraction du méridien terrestre ne fait plus office de définition officielle de l’unité de longueur. Laquelle fonde en 1795 le système métrique décimal, l’un des grands a c c omp l i s s eme n t s d e l a Révolution française : longueur, superficie, volume, jusqu’au kilogramme, poids – comme on disait alors – d’un décimètre cube d’eau à 4 °C. Organe plénier du BIPM, la Conférence générale des poids et mesure (CGPM), qui entérine à chaque réunion les décisions en la matière, n’aura de cesse de faire évoluer ces unités au gré des découvertes de la science. En 1960, la CGPM adoptait à sa 11 e réunion le nom de Système international d’unités (SI) qui reposait alors sur six unités de base – une 7 e (la mole) a été intégrée en 1971. Avec un principe intangible : même si l’on change tout, rien ne de doit changer ! Pas question qu’une r é f o rme , aus s i e s s en t i e l l e s o i t - e l l e pour l a s t ab i l i t é , la pérennité ou la précision du système, remette en question la valeur du kilogramme, il en va de la sécurité des affaires h uma i n e s . L’ e x emp l e d u kilogramme n’étant pas pris au hasard puisqu’il était le dernier, dans cette architecture de plus en plus solide à mesure qu’elle se dématérialisait, à jouer le rôle du vilain petit canard… Vers une réalité dématérialisée Depuis 1889, la définition du kilogramme, unité de masse, était demeurée la même : «  Il est égal à la masse du prototype international du kilogramme  ». Soit un petit cylindre de platine iridié enfermé sous trois cloches de verre et à triple tour dans un coffre du BIPM ! Avec l’impression Le 20 mai, le kilogramme abandonne sa définition matérielle, vieille de cent trente ans, pour une nouvelle définition fondée sur la physique quantique. Une révolution pilotée depuis Sèvres.

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