HDS n°65
| HDS mag | n°65 - mai-juin 2019 c u l t u r e 3 P erché sur un échafaudage, un homme portant haut-de-forme dessine l’immensité d’un paysage, les jardins, les bois et au loin un château. L’aquarelle gouachée d’Antoine Ignace Melling nous transporte dans l’atmosphère du fameux film de Peter Greenaway, Meurtres dans un jardin anglais , dont le titre original – « Le Contrat du dessinateur » – colle exactement au propos de l’exposition Dessiner un jardin , présentée dans la galerie des Écuries du Domaine départemental de Sceaux jusqu’au 1 er septembre, dans le cadre des commé- morations de l’année Colbert. En une cinquantaine d’étapes, c’est l’état de l’art et de la manière de représenter les jardins, du XVII e au XIX e siècle, en autant de pièces de délectation devenues œuvres de mémoire maintenant que la plupart de ceux-ci ont disparu. Du « jardin régulier » selon Le Nôtre, qu’on a pris l’habitude royale de nommer à la française, aux jardins à l’anglaise, à l’anglo-chinoise, à la manière de… Deux œuvres nous sont exceptionnellement proposées à la fois matériellement et virtuellement. L’album des Vues des belles maisons de France , des graveurs Perelle, dont la version numérisée est entièrement consultable sur écran, et le Transparent des Quatre Saisons de Louis Carrogis de Carmontelle, sorte de documen- taire cinématographique avant l’heure : 119 feuilles de papier vélin trans- lucide assemblées en un rouleau de plus de 40 mètres. Il sera déroulé à l’ancienne lors de séances de fin d’après-midi deux jeudis par mois. Et diffusé virtuellement tout au long de l’exposition, en une sorte de surf dans un jardin français… n domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.fr Surf dans un jardin français Le musée du Domaine départemental de Sceaux expose certaines des plus belles pièces de ses collections de gravures et de dessins, en profitant des sortilèges du numérique. U n collectionneur, c’est avant tout un goût, puis un chemin qui peut éventuellement sinuer mais ne s’égare pas. Et c’est également un point de départ. Le parcours du collectionneur, exposé jusqu’au 13 juillet sous le titre Paysages de Corot à Braque au Musée d’Art et d’Histoire de Meudon avec le concours des Amis du paysage français, a commencé ici même, autour de la découverte des tableaux d’une donation antérieure. Voilà en une cinquantaine de toiles ce que ce désir est devenu. Le titre nous fait des cachotteries : le parcours commence un demi-siècle avant Corot avec une spectaculaire Vue du Mont- Saint-Michel , peinte dans les ors néoclassiques par Achille Etna Michallon, Prix de Rome 1817. Il s’achève bien en revanche par un étonnant Paysage de dunes , monté en gris et en mauve par un Georges Braque de tout juste 18 ans. Entre les deux, une cinquan- taine de toiles pour montrer l’évolution de regard sur la nature, à la fois celui des artistes réunis et sans doute un peu celui de qui les a choisis… n www.musee.meudon.fr D u18maiau25août,laMaisondeChateaubriandinvitelespeintures d’AndréBoubounelle àdialoguer avec l’esprit dumaîtredes lieux et le paysage des jardins. L’artiste ne s’y sentira probablement pas dépaysé, qui peint comme si Corot était son voisin de chevalet. « Il y a une humilité, une sagesse et une empathie pour le monde chez Corot , confiait-il récemment, ajoutant : Caravage, Titien, Courbet, ouVélasquezm’ont nourri. […] Les grands phares pour moi, ce sont Proust et, en musique, Ravel. » Pareilles références ne pouvaient que séduire l’académicien françaisMarc Fumaroli, qui en témoignait à l’occasion d’une récente exposition collective à laquelle André Boubounelle participait : « Les artistes par ailleurs, en renouant avec la vocation profonde des arts du dessin, anticipent une époque nouvelle où la naïveté retrouvée d’un public dégrisé, et donc libéré lui aussi du trop fascinant et incessant défilé des images technologiques, se transportera à l’admiration et à la méditation de la vraie nouveauté, l’artistique, nourrie par l’étude desmaîtres anciens. » n vallee-aux-loups.hauts-de-seine.fr Peindre comme un patrimoine Le goût du paysage © A ndré B oubounelle © P ascal L emaître André Boubounelle, Chêne solitaire à Grosrouvre.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzI4OTI4