HDS mag 66

 | HDS mag | n°66 - juillet-août 2019 c u l t u r e 3 Peintre, Richard Dhoedt a fait partie de l’atelier qui a construit, de 1985 à 1988 la Tour aux figures . Trente ans plus tard, il est cette fois chargé des travaux de restauration lancés par le Département. HDS Trente ans après avoir été érigée, la Tour aux figures va être restaurée sur l’Île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux. Enfin ? RD Oui car nous avons réalisé l’épiderme extérieur de la tour et depuis près de vingt ans, il était question de cette rénovation. Le problème de cette tour est qu’elle n’a jamais été lavée. Elle était en plus entourée au tout début d’une usine de traitement des déchets, la ville s’est construite autour d’elle et sa surface très granuleuse est un véritable nid à lichens et à organismes végétaux et animaux. HDS En quoi vont consister ces travaux de rénovation ? RD Les travaux de restauration vont déjà reprendre tous les défauts de cet épiderme extérieur. Nous allons tout d’abord procéder à un ponçage des parties endommagées et ensuite recréer l’aspect initial avec un mastic époxy voire un tissu de verre si la surface est très endommagée. À la fin, nous passerons sur l’ensemble un produit translucide. En revanche, à l’intérieur, il y a très peu à faire car l’endroit a été peu soumis aux intempéries. HDS Quelle est la difficulté de ces travaux de peinture, à quoi faut-il faire attention quand on travaille sur une œuvre d’art comme celle-ci ? RD L’idée est de ne rien enlever, de ne faire que repeindre. Nous allons commencer par deux couches de peinture blanche avant de nous atteler aux formes rouges, bleues et ainsi de suite... Le « truc » est de bien suivre le tracé tout en donnant l’impression d’être assez enlevé, de ne pas être trop appliqué. Il faut que l’on ait l’impression que cela a été fait à la main. On va essayer de revenir à l’état initial. est la tentative d’un autre monde La Tour aux figures votre hdsmag.hauts-de-seine.fr et vimeo.com/hautsdeseine Découvrez la Tour aux figures avant restauration sur HDS La Tour aux figures est l’œuvre la plus imposante de Dubuffet. Comment avez-vous réalisé techniquement, il y a trente ans, une tour de près de vingt-quatre mètres de hauteur ? RD La maquette initiale de Dubuffet, réalisée en 1967 en polys- tyrène, mesurait un mètre de haut. Nous n’avons pas travaillé avec cet original mais nous avons fait un moule que nous avons agrandi en suivant le procédé que Dubuffet a toujours utilisé, à savoir le pantographe en volume. Le premier agrandissement était à 4,8 pour obtenir donc une nouvelle maquette de 4m80 de hauteur que nous avons de nouveau agrandie. Nous avons travaillé dans un hangar pour constituer le moule final de vingt-quatre mètres de long et douze de large. HDS Un chantier hors normes, donc… RD Deux ateliers ont été nécessaires : un premier pour l’agrandis- sement du polystyrène et un second de quarante mètres de long pour les travaux en résine, de peinture et d’armature secondaire. En comptant le toit, nous avons peint quatre-vingt dix panneaux en résine epoxy et en tissu de verre d’en moyenne six mètres de largeur par deux mètres quarante de hauteur car cette dimension correspondait à la taille d’un chargement routier. Dans le moule, nous avons mis l’armature métallique secondaire fixée sur la coque en résine. L’ossature primaire, elle, a été réalisée en béton. Il aura fallu un an pour monter tout l’extérieur et ce travail a mobilisé une quinzaine de personnes. HDS La tour telle que nous la voyons aujourd’hui est donc

RkJQdWJsaXNoZXIy NzI4OTI4