HDS mag 66

 | HDS mag | n°66 - juillet-août 2019 D a n s l’ a t e l i e r, l e bruit de la machine à c oud r e s e f a i t lancinant. Cathy est en train de mettre la dernière touche à sa pièce, destinée à protéger les selles de vélo de la pluie. Depuis un an et demi, elle coud ici, à raison de quatre jours par semaine, au sein du chantier d’insertion Rayon Vert lancé par l’asso- ciation Arpeije à Clamart. «  J’étais sans emploi depuis 2009 et le RSA ne dépanne pas toute une vie, donc je voulais reprendre une activité. Ici, on apprend quelque chose tous les jours et à notre rythme. » Arpeije est née en 1981 afin d’insérer socialement et profes- sionnellement des adultes de 18 à 60 ans en difficulté dans leur recherche d’emploi. En 2015, l’association clamartoise a ajouté une corde à son arc en proposant directement un premier chantier d’insertion par l’activité économique centré sur la réparation de vélos. Deux ans plus tard, un deuxième a vu le jour, axé cette fois-ci sur la confection d’accessoires pour les deux-roues à partir d’un matériau bien particulier : des bâches. « Il répond à une vraie demande autour de la consom- mation d’objets recyclés, explique Carole Lacour, directrice de l’Arpeije. Ces bâches étaient vouées à être jetées mais nous leur donnons une deuxième vie en fabriquant à la main des pièces uniques. » Peu à peu, la gamme s’est étoffée avec désormais des porte-cartes, des pochettes pour ordinateur ou des cabas. À côté de Cathy, Flora travaille sur un modèle de sac « berlingot » tout vert. En salopette, les cheveux relevés en chignon, elle découpe patiemment en suivant les contours de ses patrons en carton. Elle est arrivée en janvier dernier, forte de ses vingt-cinq ans d’expérience dans la couture dans son pays d’origine, l’Algérie. «  Là-bas, j’ai vraiment tout fait : des blousons en jean, des blouses d’infirmière ou de chirurgien, mais jamais de la bâche ! Je suis vraiment très contente car j’apprends de nouvelles choses.  » Face à elle, Jean-Ida, passée en trente-cinq ans de carrière par de prestigieuses maisons de couture comme Paco Rabanne, acquiesce. «  J’ai cinquante- neuf ans et je pensais qu’après ce contrat ici, j’allais m’arrêter. Mais finalement, j’ai élargi mes compétences et je fourmille de nouveaux projets ! Désormais, j’ai envie de transmettre, de partager ces connaissances.  » Les trois salariées sont embauchées en CDDI, des contrats d’insertion limités à deux ans. Ensuite, libre à elles de continuer dans le domaine de la couture. « Le but est avant tout de revenir dans le monde du travail et de leur redonner confiance en elles  », poursuit Carole Lacour. Même si leurs créations sont vendues sur les marchés, dans les entre- prises ou à la boutique de Rayon Vert dans le centre de Clamart, « l’objectif n’est pas la rentabilité , insiste Peggy Leblond, l’enca- drante technique du chantier. Elles font l’intégralité de leur pièce Chaque année, une cinquantaine d’actions d’insertion sont financées par le Département pour faciliter le retour à l’emploi des bénéficiaires du RSA. Reportage. D’autres chemins vers l’emploi

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