HDSMAG67
septembre-octobre 2019 - n°67 | HDS mag | pa t r imo i ne I l y a eu des signes a v an t - c ou r eu r s , comme ces fissures d’une vingtaine de centimètres au bord du Grand Canal ; ces parois qui penchent vers l’avant ; ces béances entre les pierres des cascades : la gangue de pierre qui retient les eaux de Sceaux se désagrège inexora- blement. Il y a trois ans, décision a même été prise d’arrêter les cascades : « À cet endroit, le sous-sol est instable, ce qui a provoqué les premiers dommages. Tant que les cascades restaient en eau, les désordres risquaient de s’aggraver, les infiltrations dans la maçonnerie générant à leur tour des mouvements de terrain », explique Jérôme Houvet, responsable technique du parc pour le Département, propriétaire des lieux. Le moment d’une restauration majeure du circuit formé par les cascades, l’Octogone et le Grand Canal - qui traverse le domaine sur un kilomètre du nord au sud - était venu. Jaillissantes ou dormantes, animant et structurant les p e r s p e c t i v e s , b e r ç a n t l a promenade, les eaux font l’objet de multiples mises en scène dans ce grand jardin à la française. Sans elles manquerait quelque chose au tableau. Les travaux qui commencent en septembre doivent, en dix-huit mois, leur rendre toute leur splendeur. À hauteur de 9,5 millions d’euros, ils figurent parmi les plus ambitieux jamais menés dans le domaine. Sur un site qui est déjà en lui-même un monument, il fallait cependant agir sans préci- pitation. « Dans un jardin histo- rique comme Sceaux qui présente différentes strates, l’enjeu est de savoir ce qu’il faut garder, ce qu’il faut rétablir, et comment recomposer le site en s’adaptant à la vie d’aujourd’hui », explique l’archi- tecte en chef des monuments historiques Jacques Moulin, auquel le Département a confié la maîtrise d’œuvre du projet. La double protection dont bénéficie Sceaux, d’abord comme « site classé » dans son ensemble, ensuite au titre des Monuments historiques pour certaines de ses c omp o s a n t e s , a g u i d é s a démarche. « Pour la restauration des cascades, par exemple, il fallait autant s’attacher aux fontaines à proprement parler et à la maçon- nerie qu’à la végétation , poursuit Jacques Moulin. Des documents montrent qu’elles avaient été conçues dans un environnement particulier dans les années 1930 ». De l’époque de Colbert ne subsistent en effet que quelques pierres, malgré des apparences r e d e v enue s ma j e s t ueu s e s . La Révolution a détruit non seulement le château mais aussi la plupart des aménagements d’origine. Lors de la restau- ration lancée dans les années 1930 par le Département de la Seine sous l’égide de l’architecte Léon Azéma, le Grand Canal avait des allures de marécage. Entre le bassin de la Duchesse et l’Octogone, ne subsistait qu’une pente de terre. Les cascades, redessinées par Azéma, selon le Dans un jardin qui présente différentes strates, l’enjeu est de savoir ce qu’il faut garder et ce qu’il faut rétablir. Cascadantes, jaillissantes ou miroitantes, les eaux font l’objet de toutes les mises en scène.
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