HDSMAG67

 | HDS mag | n°67 - septembre-octobre 2019 c u l t u r e 3 tracé de Le Nôtre mais dans le style Art déco de l’époque, sont désormais considérées comme « un apport historique ». Leurs mascarons grimaçants, classés, sont l’œuvre de Rodin, et étaient destinés à l’origine aux fontaines du Trocadéro. Palette végétale Avant la restauration des neufs bassins descendant jusqu’à l’Octogone, la dérive invisible du sous-sol sera endiguée par des injections de résine expansive. Les reprises de maçonnerie et d’hydraulique feront, elles aussi, appel à des matériaux modernes comme du polyéthylène haute densité pour les canalisations, du moins dans les parties non apparentes. Dans un bon état général, les mascarons seront déposés et leurs peintures décor- tiquées afin de revenir, autant que possible, aux teintes d’origine. Interviendront aussi des jardiniers pour rétablir les cascades dans leur configuration des années 1930, avec une palette végétale plus résistante : «  Azéma qui était déjà confronté aux maladies végétales, avait illustré ses dessins par des qualités de plantations plutôt que par des essences, ce qui permet aujourd’hui d’en changer en respectant ses jeux de couleurs et ses lignes », souligne Jacques Moulin. Les marronniers des allées, malades, seront ainsi troqués contre des tilleuls et les buis remplacés par des ifs. Les bassins retrouveront leurs haies basses de fusains et les abords des cascades seront ré-engazonnés. Le temps de ces travaux « si le secteur devient inaccessible, la circu- lation s’effectuera par les allées paral- lèles », précise Jérôme Houvet. Du côté des grandes pièces d’eau, le chantier prend d’autres propor- tions : plus de trois kilomètres de perrés, les murs de soutènement des bassins, classés monuments historiques, doivent subir une cure de jouvence, à des degrés divers. La dernière grande restau- ration remonte à une soixantaine d’années. Si ceux de l’Octogone restent en bon état, les perrés du Grand Canal présentent des désordres aigus par endroits. La vidange complète du canal sera toutefois évitée pour ne pas nuire à l’équilibre écologique et ne pas perturber la promenade. La mise hors d’eau des perrés, limitée, se déplacera tronçon par tronçon grâce à un système de digues mobiles. La plupart des murs seront simplement confortés ou rejointoyés mais, sur trois cents mètres, les plus mal en point devront être reconstruits avec du béton armé. Au-dessus de l’eau, le revêtement traditionnel en pierre sera maintenu, rendant invisible l’opération. Rien ne transparaîtra non plus des aménagements prévus pour les amphibiens. Car dans un domaine classé espace naturel s e n s i b l e , r é p e r t o r i é z o n e naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, et labellisé EVE (espace végétal écologique) dès 2012, il fallait prendre en compte le milieu vivant. « Une partie de leur cycle se déroule en milieu aquatique où ils se reproduisent, l’autre en milieu terrestre. Or les parois verticales du Grand Canal constituent un obstacle. De plus elles donnent sur des allées minéralisées et les premiers boisements se trouvent à Les perrés du Grand Canal n’avaient pas été restaurés depuis soixante ans.

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