HDSMAG_68

 | HDS mag | n°68 - novembre-décembre 2019 c u l t u r e 3 S on nom sonne comme un nom de plume, et pourtant il est bien le fils - adoptif - de M. Sempé, représentant de commerce à Bordeaux, ville à l’époque un peu lugubre, comme était la vie du jeune Jean-Jacques. L’exposition rétrospective que lui consacre l’Atelier Grognard réunit plus de deux cents dessins d’un «  immense artiste qui a le sens de l’amabilité. » Ce qui est, dans notre monde, un privilège assez rare ; mieux, une noblesse. Depuis les premiers griffonnages sur le papier à en-tête de son employeur courtier en vins, les dessins de presse signés DRO – to draw , dessiner, un pseudonyme pour de bon cette fois –, la célébrité des albums du Petit Nicolas , qui sont dans les années soixante une histoire de mémoire et d’amitié partagées avec Goscinny. Et bien sûr le Sempé dont on croise la patte rêveuse, celle qui cherche plus le sourire poétique que le rire sarcastique, dans les pages de la plupart des magazines français jusqu’à celles du prestigieux New Yorker où il a signé plus de cent illustrations. Beaucoup des dessins exposés à Rueil, crayons rehaussés ou non d’aquarelle ou de gouache, sont demeurés inédits. Comment cela est-il encore possible avec pareille notoriété ? Parce que Sempé a dessiné, et dessine encore à 87 ans, tous les jours ou presque. En confiant, malicieux : «  Le dessin est un enfer ! C’est fatigant, tout le corps travaille, on a mal aux yeux, au cou… » Mais il fait du bien aux bleus des mauvais jours. n www.villederueil.fr/fr/latelier-grognard Bonheurs aimables L’Atelier Grognard, à Rueil-Malmaison, retrace avec Sempé son Itinéraire d’un dessinateur d’humour , du 8 novembre au 31 mars. À la Maison des Arts d’Antony, quatre artistes nous invitent Sur les traces du végétal , du 27 novembre au 26 janvier. Il et elles sont des ramasseurs de rien et des regardeurs de l’infini dans la nature. Installations spectaculaires et fragiles de Duy Anh Nhan Duc ; multiples, photos et patines au charbon de Marie Denis ; manufacture de tapisserie aux champs de Marie-Noëlle Fontan… Et puis il y a l’aînée, Marinette Cueco, tisseuse végétale, en quelque sorte la Parque bienveillante de nos destins minuscules quand ils s’entrelacent avec ceux de la nature. Une œuvre méticuleuse, modeste, autour de laquelle veille l’ombre cocasse et amoureuse d’Henri Cueco, son mari disparu il y a deux ans, le peintre des Portraits de pommes de terre , l’auteur du Dialogue avec mon jardinier , qui écrivait comme on badine à deux : « Je marcherai devant et je m’arrêterai au signal de Marinette, je tiendrai le sac pour y enfourner le poison sans le toucher ni même trop le regarder. Je me méfierai des maléfices.  »  n www.ville-antony.fr/maison-des-arts L a réouverture, après rénovation et mise aux normes, du château de Sceaux, musée du Domaine départemental, coïncide avec l’anniversaire des 400 ans de Jean-Baptiste Colbert, qui y fut seigneur dans une campagne redessinée par Le Nôtre – même si les bâtiments d’alors ne sont plus, sinon le pavillon de l’Aurore avec sa coupole peinte par Charles Le Brun, et l’Orangerie commandée à Hardouin-Mansart par le fils du ministre, le marquis de Seignelay. Autant dire que l’exposition Les Colbert, ministres et collectionneurs , du 13 décembre jusqu’au 12 avril, sera un événement, sur lequel nous reviendrons. Car au-delà de la figure austère du contrôleur général des finances - la marquise de Sévigné l’aurait surnommé «  le Nord » - c’est toute une famille de collectionneurs d’art, voire un clan, que l’on célèbre, du fils marquis de Seignelay aux Colbert de Villacerf, Croissy, Torcy, ministres, militaires, évêques et archevêques. Tableaux, sculptures, objets d’art, trésors de bibliophile, l’anniversaire Colbert prend ainsi la forme d’un éloge des goûts réunis. n domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.fr Les Goûts réunis Herbes liées  CD92/O livier R avoire © S empé   Buste en marbre de Jean-Baptiste Colbert par Coysevox. Jean Amblard, Avenue de la Libération .

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