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l ’ é v énemen t

a c t u a l i t é

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mai-juin 2015 - n°41

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n°41 - mai-juin 2015

CD92/ O

LIVIER

R

AVOIRE

HDS

Quelles leçons tirez-vous,

au plan local, des dernières

élections départementales ?

Je crois que ce scrutin a été en

grande partie nationalisé et

que le résultat est parfaitement

clair : il s’agit avant tout d’un

message de rejet à l’égard de la

politique menée par le gouver-

nement. Cette hostilité a été

aussi, indéniablement, un des

facteurs de la mobilisation des

électeurs qui s’est révélée plus

importante que prévue… Mais

il me semble également que les

électeurs des Hauts-de-Seine

nous ont renvoyé l’appréciation

inverse de la politique gouverne-

mentale avec un satisfecit donné à

la gestion locale. Il est vrai que les

deux modèles s’opposent puisque

dans le Département la fiscalité

est particulièrement contenue –

nous appliquons la plus faible

imposition locale après Paris – et

que nous sommes à la fois un des

Départements les moins endettés

et le plus investisseur de France

par habitant avec 588 M

inscrits

au budget pour 2015 ! L’addition

de ces trois paramètres démontre

à elle seule la qualité de notre

gestion. Permettez-moi d’avoir la

faiblesse de penser que le corps

électoral a reconnu cela…

HDS

Les marges de manœuvre

budgétaires du Département

se sont réduites ces dernières

années, pensez-vous que le

conseil départemental pourra

préserver dans les années à

venir sa capacité à investir ?

C’est tout le défi qui nous est posé

par la politique gouvernementale

qui réduit chaque année de plus

en plus les marges de manœuvre

des collectivités. Nous avons ainsi

prévu une baisse de la dotation

de l’État de 20 % en 2015 alors

même que les crédits inscrits au

titre du RSA, par exemple, sont

en hausse de 11 %… À vrai dire,

j’avais anticipé cette évolution

depuis 2008 et le Département

s’y était financièrement préparé

en amorçant une réduction des

dépenses de fonctionnement.

HDS

La suppression, dans le

cadre de la réforme territo-

riale, de la clause générale de

compétence qui permettait

au Département d’intervenir

dans tous les domaines ne

peut- elle pas également

entraver l’initiative des élus

départementaux ?

J’ai personnellement toujours

été favorable à la suppression

de la clause de compétence

générale. Elle avait d’ailleurs été

une première fois supprimée

en 2010 avant d’être rétablie

fin 2013… pour être à nouveau

supprimée quelques mois plus

tard ! Si l’on regarde autour de

nous, la compétence spécialisée

est plutôt la norme pour les

collectivités locales en Europe et

je crois qu’elle va justement nous

permettre de faire des économies

en nous désengageant de compé-

tences qui seront exercées par

d’autres collectivités.

HDS

Comment définiriez-vous

ce qui est spécifique à l’action

du conseil départemental

des Hauts-de-Seine depuis la

décentralisation ?

Il y a depuis le départ la volonté

d’une fiscalité maîtrisée et si la

fiscalité locale est aujourd’hui à

un faible niveau dans le dépar-

tement c’est aussi dû à un effort

continu depuis cinquante ans.

développer au maximum les

espaces verts. Quatrièmement,

doter notre département d’équi-

pements structurants tant au plan

sportif qu’au plan culturel afin

de renforcer encore l’attractivité

de notre territoire. Nous menons

actuellement deux grands projets :

la construction de la Cité musicale

départementale et la rénovation

du musée Albert-Kahn. Je pense

ainsi que la culture peut être non

seulement un fabuleux tremplin

pour l’attractivité économique et

l’emploi, mais aussi pour l’édu-

cation et l’intégration.

HDS

Quels sont les lieux

c o mm u n s c o n c e r n a n t

le Département des Hauts-

de-Seine qui vous agacent

le plus ?

Les clichés sont inévitables parti-

culièrement dans une société

médiatique comme la nôtre

où l’information est rarement

approfondie ; il faut faire avec…

En revanche, je n’accepte pas la

propagande mensongère. Notre

Département n’est pas, et de loin,

le Département le plus riche de

France et je répéterai, jusqu’à en

perdre la voix s’il le faut, que la

Seine-Saint-Denis voisine, avec

moins d’habitants, a en réalité

plus de ressources que les Hauts-

de-Seine même si son conseil

départemental n’en fait pas le

même usage…

HDS

Vous présidez depuis

la fin du mois de décembre

le syndicat Paris Métropole :

quelles évolutions attendez-

vous du gouvernement alors

que le Métropole du Grand

Par is doit être créée le

1

er

janvier prochain ?

Je souhaite que le gouvernement

Patrick Devedjian tire le bilan du scrutin départemental

, livre ses projets pour les Hauts-de-Seine

et… tord le cou à un cliché tenace.

soit fidèle à Gaston Deferre, qui a

été le grand artisan de la décen-

tralisation, et ne remette pas en

cause le principe d’une gestion de

proximité qui a permis en trente

ans de transformer profondément

la banlieue. Jusqu’aux lois

Deferre celle-ci n’était que le terri-

toire d’exclusion de Paris… Or, le

couple commune-Département,

c’est un couple qui fonctionne.

Alors, pourquoi détricoter ce qui

marche ? Les habitants voient

que leur cadre de vie s’amé-

liore, que ces anciennes villes

dortoirs, qui vivaient à l’ombre

de Paris, se sont peu à peu

transformées grâce à l’achar-

nement de leurs élus locaux.

La Métropole doit, pour sa part,

se concentrer sur les questions

stratégiques - les aéroports, les

grands axes routiers, l’économie…

- et ne pas être un prétexte pour

dévitaliser la démocratie locale

qui est, comme les dernières

é l e c t i on s l’ on t d émon t r é ,

lemeilleur barrage contre tous

les extrémismes.

HDS

Vous av i ez évoqué

l’année dernière une fusion

des Départements des Hauts-

de-Seine et des Yvelines. Ce

projet vous paraît-il réali-

sable ?

Si l’on veut simplifier les struc-

tures administratives il faudrait

raisonnablement commencer par

celles de l’État qui sont infiniment

plus nombreuses que celles des

collectivités locales. Mais nous

pouvons, une fois de plus, faire

la leçon à l’État, en mettant

nous-mêmes en œuvre cette

simplification administrative à

l’échelon local. Je crois qu’un

grand nombre de Départements

pourraient fusionner entre eux,

c’est notamment le cas des Hauts-

de-Seine et des Yvelines qui ont la

particularité d’avoir la plus longue

frontière commune et qui sont de

surcroît d’accord pour conduire

une même politique…

O

Propos recueillis

par Rafaël Mathieu

Cette modération fiscale est aussi

un facteur d’attractivité écono-

mique, les entreprises ayant

plus intérêt à s’implanter dans

les Hauts-de-Seine qu’ailleurs en

région parisienne. Voilà selon

moi le premier facteur, constant

et identitaire. Le deuxième

marqueur fort est d’avoir toujours

veillé à maîtriser notre dette avec

pour conséquence une capacité

de financer des investissements

qui eux aussi contribuent à une

meilleure attractivité de notre

territoire. La troisième constante

est d’avoir toujours promu, parti-

culièrement depuis 1992 avec le

dispositif Pacte Hauts-de-Seine,

une politique de mixité sociale

en s’attaquant aux concentra-

tions de logements sociaux

développés par le centralisme de

l’après-guerre. Le Département a

toujours défendu un habitat diver-

sifié, à taille humaine, réparti de

manière homogène sur tout le

territoire d’où ce rôle pilote dans

la rénovation des quartiers en

difficulté. La métamorphose de

ce territoire, il faut bien le dire

« dortoir » dans les années 60, a

été spectaculaire.

HDS

Quels vont être les

projets prioritaires de cette

nouvelle mandature ?

C’est bien entendu la poursuite

de la politique que nous avons

engagée sur des questions fonda-

mentales pour la qualité de

vie. Premièrement, développer

les moyens de transports alter-

natifs à l’image du tramway T10.

Deuxièmement, améliorer la

voirie urbaine en facilitant mais

aussi en maîtrisant la circu-

lation automobile, ce que nous

faisons sur la RD 7 et la RD 920,

par exemple. Troisièmement,

Nous appliquons

la plus faible fiscalité

locale après Paris

Le Grand Paris

ne doit pas être un prétexte pour

dévitaliser la

démocratie locale