HDS mag 66

 | HDS mag | n°66 - juillet-août 2019 c u l t u r e 3 D epuis douze ans, le Domaine de Versailles offre chaque saison à l’art contemporain une visibilité extraordinaire, à la mesure de la réputation du lieu et des foules de touristes qui vont avec. Avec Visible / Invisible , ce n’est pas une œuvre monumentale venue dialoguer d’égal à égal avec l’histoire qui est mise en avant, mais bien plutôt une exploration minutieuse et forcément très subjective du Versailles universel par cinq photo- graphes d’aujourd’hui. Une commande adressée à chacun d’entre eux pour redéfinir chez nous, visiteurs, le regard porté sur un endroit presque trop célèbre pour que nous puissions, sans leur aide, y ouvrir des yeux neufs. Multiples, à l’image des univers de chacun des photo- graphes, les œuvres inédites sont présentées dans les espaces intérieurs et extérieurs du Petit et du Grand Trianon. Sur ses tirages immenses, Viviane Sassen agrandit des fragments de la statuaire monumentale de Versailles, qu’elle retouche parfois et où elle fait passer des silhouettes anonymes d’adolescentes bien d’aujourd’hui. Nan Goldin trace un chemin, sonorisé par Soundwalk Collective, de l’obscur des souterrains à la lumière éclatante des figures féminines de Versailles. Dove Allouche scrute les cristaux polarisés du gypse, avant qu’il ne devienne plâtre travaillé comme ornement. Éric Poitevin choisit la simplicité répétitive des fleurs des champs et la modestie d’un pâle soleil très peu royal. Mais c’est peut-être Martin Parr qui donne à voir le Versailles le moins mythologique, avec ses ribambelles colorées de touristes qui consomment en masse et de manière très contemporaine de l’histoire et du selfie. n www.chateauversailles.fr À quelques kilomètres de la Vallée de la Culture, le Trianon du Château de Versailles reçoit la visite de cinq photographes contemporains, jusqu’au 20 octobre. I l est bon parfois de savoir se débarrasser des clichés, ceux de l’histoire, ancienne ou récente, ou bien des images imposées autrefois par le réalisme soviétique : l’exposition Couleurs et matières d’Ukraine , à la Maison des Arts d’Antony, pourrait bien nous surprendre par son caractère flamboyant d’hymne à la nature. Curieusement, l’artiste la plus proche du patri- moine natal est peut-être bien la seule à ne pas être née là-bas : Anne Yeremiyew, Grenobloise de naissance et Antonienne de résidence. C’est autour de cette aînée, peintre, graveuse, danseuse et chorégraphe, dont l’abstraction se nourrit des traditions populaires familiales, que s’est établie cette réunion estivale. Voisin de cimaise, le couple Misha Sydorenko et Natalia Kruchkevych, tous deux nés à Lviv et travaillant à Boulogne, aborde la nature et les scènes parisiennes dans un esprit qui balance entre impressionnisme et expressionnisme. La même matière, plus gourmande encore, et des harmonies de couleurs qui rappellent également l’impressionnisme, fondent le travail d’OlgaNovokhatska, née àValky de Kharkov et Parisienne d’adoption, la quatrième à faire chanter la nature sur cette carte blanche ensoleillée. Jusqu’au 28 juillet n www.ville-antony.fr/maison-des-arts Un été ukrainien Versailles autrement   © T adzio © N atalia K ruchkevych

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