a c t u a l i t é
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janvier-février 2016- n°45
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n°45 - janvier-février 2016
l ’ é v énemen t
Le s Dépa r t eme n t s de s
Yve l i nes e t des Hau t s -
de-Seine se rapprochent.
Pourquoi ?
Pierre Bédier :
L’idée principale
est de réunir nos capacités
humaines et financières pour
porter ensemble de plus grands
projets, capables d’améliorer
le quotidien de nos concitoyens.
Nous allons créer des outils
de synergie entre plusieurs
de nos services pour faire des
économies et gagner en efficience.
Le contexte économique nous
impose de faire mieux avec moins
de moyens.
Patrick Devedjian :
Nos deux
Départements regroupés sont en
mesure de proposer une autre
vision de l’avenir de nos territoires
que celle qui est portée par l’État,
la Ville de Paris et ces dernières
années par la Région, et que l’on
peut résumer en un mot : densi-
fication, avec tous les problèmes
qui en découlent en matière
de déplacements, de pollution,
etc. Tout cela impacte négati-
vement la vie quotidienne de
nos concitoyens qui est décidée
de très haut, de manière idéolo-
gique, sans prendre en compte
l’avis des élus locaux qui sont, au
contraire, régulièrement accusés
de voir les choses par le petit bout
de la lorgnette… L’objectif de la
fusion est d’avoir cette puissance
d’organisation dont nous avons
besoin dans le grand boulever-
sement territorial en cours.
Est-ce un mariage d’amour
ou de raison ?
Pierre Bédier :
Les deux (rires).
Bien sûr, l’immense amitié que
je porte à Patrick Devedjian a
contribué à cette union, mais
c’est avant tout le bons sens et
l’intérêt général qui ont guidé
notre projet.
CD92/ O
livier
R
avoire
Patrick Devedjian :
C’est parce
que nous sommes amis que la
fusion est possible. Nous avons
confiance l’un en l’autre et nous
ne sommes, ni Pierre, ni moi,
dans une recherche de pouvoir...
C’est tout le contraire d’une
fusion-absorption comme cela
peut exister dans le monde de
l’entreprise.
Pourquoi ces deux territoires ?
Patrick Devedjian :
Nous
avons la Seine et des axes de
circulation qui nous irriguent
l’un et l’autre, une population
qui se ressemble, notre plus
grande frontière commune, et
nous menons déjà ensemble
de grands projets structurants
comme le T6 et, demain, le
prolongement d’Éole vers l’ouest
depuis La Défense.
Pierre Bédier :
Cette frontière
est d’ailleurs totalement artifi-
cielle. Je rappelle que le premier
bassin d’emplois des Yvelinois,
ce sont les Hauts-de-Seine.
Et que, du fait du prix du foncier,
beaucoup de ménages alto-
séquanais viennent s’installer
chez nous. Nos populations sont
déjà mêlées.
À t e r me , c e t t e u n i o n
pourrait-elle déboucher sur
une fusion ?
Patrick Devedjian :
Notre
priorité est que cette fusion ne
soit pas gesticulatoire. C’est pour
cela que nous ne commençons
pas par de grandes proclama-
tions mais par ce qu’il y a de plus
difficile : la mise en commun
technique, effective de nos
moyens. Et progressivement,
nous allons créer un ensemble
politique unique.
P i e r r e B é d i e r :
N o u s
s o uh a i t o n s e f f e c t i v eme n t
tendre vers une fusion. Mais
ne brusquons pas les choses. Je
veux que tout le monde, citoyens
et élus locaux, soit convaincu
de l’intérêt de cette démarche.
Dans nos espaces ruraux comme
dans nos centres urbains.
Quel bénéfice votre Dépar-
tement compte-t-il tirer
de cette alliance ?
Pierre Bédier :
Aujourd’hui, la
grande question, c’est l’emploi.
Pour les Yvelines, la proximité
a v e c L a Dé f ens e , p r emi e r
quartier d’affaires européen, est
un atout formidable dont nous
devons tirer parti. D’autant que
demain, grâce à Éole, les temps
de parcours seront considéra-
blement réduits d’ouest en est.
Patrick Devedjian :
Nous
a u r o n s e n s e m b l e u n e
« puissance de feu » financière
que séparément nous n’avons
pas. Les Yvelines nous ouvrent
l’horizon et nous ouvrent surtout
sur la vallée de la Seine qui est
le véritable axe de dévelop-
pement de la région parisienne
dans l’économie mondialisée.
E t s ’ i l f a l l a i t d o n n e r
un exemp l e conc re t de
cette union ?
Pierre Bédier :
Je citerais
le drame des enfants autistes
dont les parents sont aujourd’hui
contraints d’aller chercher des
solutions en Belgique alors
que cela aurait tellement plus
de sens de construire des établis-
sements pour les accueillir
dans les Yvelines en collabo-
ration avec les Hauts-de-Seine…
Voilà un exemple très concret
de la manière dont en s’associant
nous pourrons améliorer la vie
quotidienne de nos concitoyens.
Patrick Devedjian :
Nous
allons avoir à terme une adminis-
tration plus efficiente et moins
coûteuse. L’exemple que vient
de citer Pierre est éloquent.
Cette situation est un drame
pour les familles et une honte
pour notre pays. Ensemble, nous
aurons les moyens de régler
cette question.
Que répondez-vous aux
critiques de ceux qui vont
fust iger cet te un i on de
« Départements riches » ?
Patrick Devedjian :
Qu’ils se
moquent du monde… D’abord
parce que nous ne sommes
pas les plus riches. Je rappelle
q u e l a Se i n e - Sa i n t - De n i s
dispose de ressources finan-
cières plus importantes que
les Hauts-de-Seine. Ce qui est,
par contre vrai, c’est qu’il s’agit
d’une fusion entre deux entités
qui sont d’accord pour conduire
une même politique, ce qui
n’est pas le cas avec d’autres
Départements.
Pierre Bédier :
Si j’osais une
formule, je dirais que la Seine-
Saint-Denis mène la politique
du grand frère, les Yvelines et
les Hauts-de-Seine, la politique
du bon père de famille. Pour
nous, une bonne gestion est
d’abord soucieuse des données
du contribuable et de l’intérêt
général.
Cette fusion est-elle aussi
une réponse à la création de
la Métropole du Grand Paris ?
Pa t r i c k Deve d j i a n :
Je
dirais plutôt que notre fusion
est une alternative à l’échec
Patrick Devedjian, président du conseil
départemental des Hauts-de-Seine
et Pierre Bédier, président du conseil
départemental des Yvelines, à Versailles
le 27 novembre dernier.
Nos Départements
sont très complémentaires
Pour Patrick Devedjian et Pierre Bédier,
l’union des Départements
des Hauts-de-Seine et des Yvelines est une évidence.
Nous aurons à terme une
administration plus efficiente
et moins coûteuse
Visionnez un extrait de l’entrevue avec
Patrick Devedjian et Pierre Bédier sur
video.hauts-de-seine.netprogrammé du projet métropo-
litain du gouvernement. Cette
nouvelle entité ne répond pas
à la vocation première d’une
Métropole qui est de développer
l’attractivité de son territoire.
Et celui-ci est d’ailleurs un
non-sens : les quatre Dépar-
tements centraux de la région
Île-de-France ne correspondent
à aucune réalité économique,
humaine, sociale ou géogra-
p h i q u e … L e s r e g r o u p e r
ne va aboutir qu’à la création
d’une nouvelle banlieue, un
nouveau territoire d’exclusion
au détriment des autres Dépar-
tements comme les Yvelines…
De s u r c r o î t l a Mé t r o p o l e
n’aura pas les moyens d’agir.
Le budget prévu pour 2016 est
de 65 millions d’euros.
P i e r r e Béd i e r :
À t i t r e
d e c omp a r a i s o n , 6 5 M
€
,
c’est le budget de la ville de
Mantes-la-Jolie dont je suis
conseiller municipal... Cela en
dit long sur la capacité d’action
de la Métropole.
Pa t r i ck Deved j i an :
Les
Yvelines et les Hauts-de-Seine
rassemblés, c’est un budget
de 3,4 milliards d’euros. À votre
avis, qui aura les moyens d’agir ?
Pierre Bédier :
L’autre diffé-
rence majeure entre ce que nous
faisons et le projet métropolitain,
c’est que nous n’oublions pas les
communes. Depuis deux siècles,
ce qui fonctionne dans l’adminis-
tration de ce pays, c’est le couple
c o mmu n e / D é p a r t e m e n t .
C’est ce couple commune/
Département qui a fait la France
et la République telles que
nous les connaissons. Plutôt
que de casser ce qui marche,
essayons de le préserver en
gagnant en efficience.
n
Propos recueillis par
Cyril Morteveille
et Rafaël Mathieu