mai-juin 2014 - n°35
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hds.
mag
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po r t f o l i o
L
e bruit des chaus-
sures qui crissent
sur le parquet et
celui des ballons
qui rebondissent, résonnent dans
la salle du palais des sports
Maurice-Thorez de Nanterre.
Personne dans les gradins. Mais
dans moins de trente-six heures,
pour la réception de Pau-Orthez,
un match comptant la 25 e journée
de Pro A, ils seront pleins à
craquer. En attendant, Pascal
Donnadieu demande «
plus de
rythme et d’agressivité
» à ses
joueurs. «
Vous driblottez là, soyez
dangereux
», s’agace-t-il. «
Il faut
les secouer parce qu’en dehors des
matchs, ils ont tendance à se
préserver,
explique-t-il
. Mais ça se
comprend. La saison est très dense
par rapport à la précédente. Jusqu’à
aujourd’hui, on a joué presque deux
fois plus de matchs.
» La faute au
succès. En juin dernier, la JSFN,
alors plus petit budget du
championnat avec 2,6 millions
d’euros et seul club de Pro A à
avoir encore le statut d’asso-
ciation, est devenu champion de
France. «
Un truc de dingue
», se
souvient l’entraîneur. Un exploit
historique même pour ce club
modeste et familial.
La Jeunesse Sportive des Fonte-
nelles de Nanterre est née
officiellement en 1950, issue
d’un patronage catholique créé
lui en 1927 dans le quartier du
Plateau. Jean Donnadieu, l’actuel
président, aujourd’hui retraité des
télécoms, a commencé à porter
les couleurs du club en 1954
avant d’en prendre la tête en 1977
avec, pour ambition, de défendre
des valeurs : «
solidarité, partage,
humilité, travail…
», énumère-t-il.
Dix ans plus tard, il décide de
dissoudre l’équipe première et
de repartir tout en bas de l’échelle
au niveau départemental. «
Il y
avait une incohérence entre cette
équipe censée être notre vitrine et nos
idées
», explique-t-il. Jean nomme
son fils, Pascal, entraîneur. En
quinze ans, le club va gravir dix
échelons sans jamais être relégué.
Les Verts arrivent en Pro B en
2004. Deviennent champions de
France de deuxième division en
2011 et accèdent alors à la Pro A.
Deux ans plus tard, le club alto-
séquanais, soutenu par le Dépar-
tement, est finaliste de la Coupe
de France, champion de France de
Pro A et qualifié pour l’Euroligue.
Pourtant, au lendemain du sacre,
Jean Donnadieu gardait la tête
froide. «
Nous reviendrons sûrement
l’an prochain à des objectifs sportifs
en dessous de ce que l’on a connu,
commentait-il en juin dernier
. Il
faut rester raisonnable. On sait d’où
l’on vient, qui l’on est et où l’on veut
aller.
»
Nouvel exploit
Aujourd’hui, presque un an
plus tard, son fils tient toujours
le même discours. «
Il faut être
lucide. L’an dernier, le titre était
mérité mais inespéré. Notre objectif
cette année était de jouer l’Euro-
ligue sans se mettre en danger en
championnat, sans se retrouver en
position de relégable.
» L’objectif a
été atteint, voire dépassé.
Le Petit Poucet de l’Euroligue
- un budget de 4,5 millions
d’euros pour la saison 2013-2014
- a une fois de plus déjoué les
pronostics. «
Beaucoup de gens
Le meneur américain Trenton
Meacham avait pris sa retraite
avant de signer à Nanterre fin 2012.