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HDS
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n°52 - mars-avril 2017
Ensemble, ils accueillent deux
enfants chacun, âgés de huit
à dix-sept ans, pour certains
depuis presque dix ans. «
C’est
un e r e s p on s a b i l i t é é no rme
,
poursuit Mohamed.
Ils ont
toujours besoin de
« tonton » :
pour
les amener chez le médecin, pour
s’occuper de leur cartable. Il faut
savoir être ferme mais en même
temps communicatif. Il faut qu’ils
voient que l’on s’intéresse à eux,
qu’on les aide dans la vie.
»
Quelle place pour ces enfants qui
ne sont pas vraiment les siens ?
Si chacun a sa recette, tous
semblent d’accord : s’impliquer
en faisant la part des choses.
Être comme un parent, tout en
preservant la place des vrais
parents… «
On fait comme on
aurait fait avec nos enfants. Ils
partent aussi en vacances avec
nous
», explique Chloé Dezeuze.
«
Le quotidien nous rappelle tout le
temps qu’ils ne sont pas nos enfants.
Quand ils ne sont pas d’accord, ils
me le disent et on en discute
»,
poursuit Sandrine Ghisgand.
Pas vraiment leur mère, mais
pas non plus une inconnue,
Nadia Bouguerra se voit un peu
comme une « tata ». «
C’est
difficile d’exercer ce métier sans
s’attacher à des enfants que l’on
voit tous les jours. Cela demande
une forte implication, d’être à
leur écoute, de gérer leurs colères,
leurs émotions. C’est un accompa-
gnement perpétuel
», concède-t-
elle. Ils doivent également gérer
les relations avec les parents,
parfois mouvementées. «
Quand
ils arrivent, je leur demande
comment ils veulent qu’on les
appelle, quelles sont leurs habitudes.
Je leur donne aussi des photos
de la chambre et des animaux de la
maison. Certains sont parfois un
peu virulents au début mais il faut
laisser la confiance s’installer avec
le temps
», poursuit Sandrine
Ghisgand. Les assistants sont
également parfois amenés
à accueillir dans l’urgence.
Confronter les expériences
Avant de pouvoir s’occuper
de ces jeunes placés, les assis-
t a n t s f am i l i a u x d o i v e n t
obtenir un agrément auprès
du service départemental de la
PMI (Protection maternelle et
infantile). Celui-ci, d’une durée
de cinq ans renouvelables,
est la condition obligatoire
d’un recrutement sur la base
d’un CDI pour lequel les assis-
tants touchent un salaire fixe
et une indemnité journalière
par enfant. Ils entament ensuite
une f o rma t i on ob l i ga t o i r e
de soixante heures au sein des
services sociaux départementaux
avant d’accueillir leur premier
enfant. «
Les candidats doivent
r e mp l i r u n q u e s t i o n n a i r e
de motivation. Puis deux référents
Dans les Hauts-de-Seine, quatre-vingt-
dix-huit assistants familiaux comme
Chloé Dezeuze à Garches accueillent
à leur domicile des enfants confiés à
l’aide sociale.
CD92/O
livier
R
avoire
professionnels et une psycho-
logue sont désignés pour réaliser
l’évaluation de la candidature.
Une visite à domicile est organisée
afin de rencontrer le couple et
la famille et vérifier les condi-
tions de logement du futur lieu
d’accueil
», explique Catherine
Fo n t e n e a u , r e s p o n s a b l e
de l’antenne Île-de-France du
SDAF. La mise en relation entre
l’assistant familial et l’enfant va
se faire alors progressivement
avant l’accueil définitif. La durée
de séjour, elle, diffère en fonction
des décisions de justice : de
quelques mois à plus de dix ans.
P e n d a n t t o u t l e t e mp s
de l’accueil, l’assistant familial
participe aux réunions de suivi
sur l’enfant avec les services
de l’aide à l’enfance. Le SDAF
gère en effet le recrutement,
la formation, assure l’accompa-
gnement professionnel des assis-
tants familiaux et établit la paie.
Quant au suivi de l’enfant,
il est réalisé par les services
territoriaux de l’Aide sociale à
l’enfance, qui sont au nombre
de sept dans le département
et soutiennent au quotidien
les assistants familiaux sur
le plan éducatif.
Enfin, en parallèle à l’accueil à
la maison, les assistants bénéfi-
cient de formations. Deux cent
qua r an t e heur e s r épa r t i e s
sur deux ans, soit un rythme
d’un à deux jours par mois. «
Elle
porte sur l’observation de l’enfant,
de son développement mais aussi
sur l’environnement dans lequel
l’assistant familial travaille.
Nous faisons le lien avec le juridique
et des thèmes comme l’adolescence,
la sexualité…
», résume Habiba
Lahbairi. Pendant ces journées,
une douzaine d’assistants se