HDS 36_complet02 - page 49

juillet-août 2014 - n°36
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hds.
mag
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9
po r t r a i t
©
julien mignot
-
erato
’est sur le mode
scherzando
,
vif et joyeux, que se présente
Edgar Moreau. À peine
vingt ans, fine silhouette et
visage rimbaldien sous une
crinière en bataille, le jeune violoncelliste
à l’allure d’un adolescent. Décontracté
et souriant, il a raison de tant aimer la mu-
sique car elle le lui rend bien. Sa notoriété
s’étend déjà aux scènes internationales, hier
il était en Malaisie et à Hong Kong, il repart
demain pour la Tunisie… Le violoncelle au
corps, il parcourt désormais les chemins
du monde, partageant avec son alter ego la
capacité d’exprimer les nuances de l’âme. Il y
a une dizaine d’années, son père avait acheté
un instrument de belle facture, fabriqué
à Rome, daté de 1711, signé David Tecchler.
«
Depuis cinq ans j’ai tout fait avec lui, c’est
mon violoncelle ! Trouver son instrument,
pour un musicien c’est un idéal
». Comment
a commencé cette histoire d’amour avec la
musique ? «
À Paris, à l’âge de quatre ans, lors
d’une visite avec mon père dans un magasin
d’antiquités, j’ai vu une petite fille qui jouait
du violoncelle dans la cave du magasin, avec
un professeur. Cette rencontre, c’est là que s’est
joué mon destin !
» assure-t-il. Le professeur
n’est autre que Carlos Beyris qui enseigne
la méthode Suzuki aux enfants. Il va initier
Edgar au violoncelle dès l’âge de cinq ans.
«
J’ai su très vite, entre six et sept ans, que
je voulais être violoncelliste et rien d’autre
».
Parallèlement, l’enfant s’intéresse aussi
au piano et à sept ans suit les cours au
conservatoire. À neuf ans, il intègre le
conservatoire de Boulogne-Billancourt,
pour les deux instruments. La classe de
violoncelle de Xavier Gagnepain, extra-
ordinaire pédagogue, jouit d’une grande
réputation. «
Il m’a apporté un grand bagage
musical, a développé l’approche instinctive,
naturelle, l’ouverture sur la musique contem-
poraine
». Au violoncelle, c’est un parcours
fulgurant : à 11 ans, il gagne le concours de
Turin et donne son premier concert avec
orchestre en jouant le fameux
Concerto
pour violoncelle
de Dvorak ! À treize ans,
il intègre la classe de violoncelle de Philippe
Muller au conservatoire de Paris et celle de
Claire Désert pour la musique de chambre.
Entre les
master-classes
et les participa-
tions aux Académies, Verbier, Kronberg…
ou les ensembles en résidence du Festival
de La Roque d’Anthéron, Edgar Moreau se
présente aux concours internationaux les
plus réputés. Il a 15 ans lorsqu’il remporte
le prix du Jeune Soliste au concours Rostro-
povitch, puis à 17 ans, le deuxième prix du
concoursTchaïkovskietlePrixdelameilleure
interprétation d’une œuvre contemporaine.
Le jeune violoncelliste est alors invité à
jouer en récital, en 2011, au Concert Hall du
Théâtre Mariinsky, et en 2012, au festival
Ludwig van Beethoven de Varsovie. Depuis,
les festivals se l’arrachent : L’Orangerie de
Sceaux donc, mais aussi Saint-Denis, les
Flâneries de Reims, le festival de Radio
France, Lugano, Lucerne… Il participe aux
« Folles Journées de Nantes » et à celles
du Japon. Gidon Kremer le choisit pour
participer au Chamber Music Connects the
World, en 2012, à Kronberg. En 2013, pour
ses 19 ans, Edgar Moreau est la « Révélation
soliste instrumental » des Victoires de la
Musique Classique. «
Participer à l’émission
était formidable et m’a apporté une indéniable
visibilité
», dit-il. Depuis, il se produit en
soliste avec le Philharmonique de Moscou
ou encore à Caracas avec le Simon Bolivar
Orchestra, avec le Svetlanov Symphonic
Orchestra de Russie ou encore le Sinfonia
Iuventus Orchestra, dirigé par Krzysztof
Penderecki… «
J’ai eu un parcours chanceux
,
reconnaît-il modestement.
Et j’ai trouvé tôt
mes partenaires de musique de chambre, Claire
Désert
(avec laquelle il se produira à Sceaux
le 7 septembre NDR),
Nicolas Angelich,
les Quatuors Talich et Prazak, Gérard Caussé…
Avec Renaud Capuçon aussi, c’est une belle
rencontre…Nous allons donner, avec la pianiste
Katia Bronska et l’orchestre de la Suisse
allemande, le Triple Concerto de Beethoven.
En soliste, je jouerai prochainement le
Concerto
n°1
de Chostakovitch, les
Variations Rococo
de Tchaïkovski, les
concertos
de Dvorak,
Schumann…
Et en duo, avec le pianiste
Pierre-Yves Hodique, nous avons enregistré un
CD pour Erato qui est sorti en avril 2014
».
Sur scène, le jeu d’Edgar Moreau unit natu-
rellement profondeur et grâce. Le son, pur et
rond, transmet l’émotion. Une signature !
n
Alix Saint-Martin
C
À vingt ans, ce jeune prodige du violoncelle est l’une
des têtes d’affiche du festival de l’orangerie de
sceaux et incarne le futur de lamusique de chambre.
Je m’en suis toujours
tenu à mon rêve de
gosse. Très jeune j’ai
beaucoup travaillé,
ce qui m’a permis
d’acquérir une
aisance naturelle.
Concours, concerts,
carrière, se sont
enchaînés avec une
sorte d’évidence.
Tôt, j’ai eu la chance
de rencontrer des
publics divers,
de m’ouvrir à
d’autres cultures…
La musique est
plus grande que
tout, elle me permet
de m’épanouir
humainement.
Le violoncelle,
c’est mon destin !
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