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n°40 - mars-avril 2015
S
culpteures !
Sous le barbarisme – et sans pitié aucune pour
le difficile travail de notre réviseur –, les galeries contem-
poraines de Sèvres – Cité de la céramique s’ouvrent à une
installation conjointe des sculptures de deux artistes qui
y travaillèrent en résidence.
Peinture, photo, vidéo, et bien sûr toutes sortes de terres plus ou moins
émaillées, Valérie Delarue multiplie les techniques et les performances
pour nous dire la chair du monde, les moments d’enthousiasme
saisis à bras le corps, l’empreinte du vivant dans le nu de la matière.
Avec Clémence van Lunen, il n’est pas plus question de mignardise
ni de policé. Fleurs étranges, ébauches de vases à la serpe ou créatures
organiques, ses sculptures sentent la paume qui claque sur la terre,
les bras qui déchirent, les muscles qui élongent.
Rien n’est jamais acquis à l’artiste, ni sa force, ni ses prouesses…
Chaque pièce est un renouvellement. Elles ne se ressemblent pas, et
pourtant s’écoutent, se répondent. Alors, sculptrices, sculpteuses voire
sculpteuresses, Valérie Delarue et Clémence van Lunen nous trans-
mettent, à travers la puissance de leurs mains dans la pâte, une énergie
qui, une fois de plus renverse toutes les idées reçues sur la céramique,
des poteries babas à la vaisselle de grand-mère.
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www.sevresciteceramique.fr
À bras
le corps
Pour la première fois,
Sèvres – Cité de la céramique
expose les travaux récents de Valérie Delarue et
Clémence van Lunen
. Entrée libre jusqu’au 13 avril.
N
ous avons la mémoire courte… Parce que les flots de l’impres-
sionnisme coulent dans nos veines de regardeurs,
on n’imagine pas qu’il pût y avoir une peinture de paysage
avant Monet… Bien sûr, elle se mêle de « grande peinture », religieuse
ou mythologique, littéraire ou historique : mais le paysage fond de toile
pour un demi-dieu ou une fuite en Égypte prendra petit à petit toute
la place, les arbres se développeront au premier plan et c’est la nature
alors dont le peintre nous contera l’histoire. À tel point qu’on créa
spécialement un
Prix de Rome du paysage historique
, décerné de 1817 à
1863, envoyant à la villa Médicis une génération parfaire son art et sans
doute développer les échappées belles qui conduisirent où l’on sait.
C’est pourquoi l’exposition du musée d’art et d’histoire de Meudon,
à partir du 11 avril et jusqu’à cet été, est si importante. Sous le titre
Le paysage historique
– le Prix de Rome, de Valenciennes à Corot
(1817-
1863), une quarantaine d’œuvres dont trois Prix de Rome retracent
une étape méconnue de l’invention du paysage d’après nature.
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www.paysagefrancais.fr
Histoire
du paysage
J
örg Hermle est un peintre du théâtre : pas un décorateur, mais
un observateur minutieux et sans pitié du théâtre de la vie,
des petites gens et des archétypes, avec un sens aigu
du grotesque, du trait qui tue, de l’expression gaillarde. Élisabeth
Walcker aime elle aussi gratter la toile et fouiller la pâte humaine là où
ça fait mal de vivre et rire un peu jaune. L’une penche du côté du rêve
vague, l’autre de la mascarade grimaçante. Héritiers bien sûr
de l’expressionnisme allemand et belge du siècle dernier – George
Grosz, Otto Dix, James Ensor – voire des rêves de Marc Chagall et
d’Odilon Redon mais en plus cruel, ils s’affirment néanmoins peintres
d’aujourd’hui. En peignant nos semblables sans complaisance
ni séduction, presque effacés ou incarnés dans un monde désincarné,
chacun parle de nous, des raccourcis de l’histoire, des lendemains
incertains. Les deux peintres se rejoignent autour de la figure humaine
le temps d’une exposition à la Maison des Arts d’Antony :
Expressions
peintes, le théâtre de la vie
, jusqu’au 29 mars.
n
www.ville-antony.fr/maison-des-arts
Expressionnisme
concret
© Jb
© a
daGp
, p
ariS
2015