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n°40 - mars-avril 2015
concert. Dans un coin, l’orgue
et les autres instruments de
musique reposent sagement
dans leurs étuis. Au programme
de la répétition, l’œuvre de
Pergolèse, compositeur italien du
XVIII
e
siècle. Derrière le pupitre,
Gaël Darchen donne le « la ».
Après un échauffement de voix,
il sépare les sopranos des altos
et fait travailler chaque groupe à
part. Victor fait partie du groupe
des sopranos. Le célèbre
Stabat
Mater
est donc le premier des
quatre morceaux du jour. Mais
avant, le directeur invite chacun
à un exercice un peu particulier :
l’analyse des paroles. «
Avez-vous
bien tous conscience de ce que l’on
chante ?
», lance-t-il. Très vite,
les questions fusent, chaque
« maîtrisien » donne sa propre
interprétation.
Ouverture et éclectisme
La Maîtrise des Hauts-de-Seine
a été créée il y a trente ans à
l’initiative du conseil général
qui lui alloue chaque année
une subvention de plus d’un
million d’euros. Le Département
met également à sa disposition
les locaux du collège Henri-
Sellier. Son directeur insiste sur
la mixité sociale qui y règne,
sans élitisme, mais toujours
en quête de l’excellence. «
Il y
d’abord un projet éducatif autour
de la Maîtrise. Nous avons le
souci de l’exigence, de la rigueur,
et évidemment du plaisir. Nous
sommes là pour les accompagner
pendant un moment. Nos chanteurs
viennent de 163 établissements
scolaires différents. Cette mixité
est très enrichissante pour eux. Et
nous prenons aussi des élèves en
difficulté scolaire
». Pas question
pour autant de se substituer ni
à l’école, ni aux parents. «
Nous
faisons attention à ne pas perturber
l’équilibre familial. Les parents
ont toujours le choix si leur enfant
doit participer à un spectacle. Ce
sont eux qui donnent la décision
finale
». En début d’année, une
charte est signée conjointement
entre la Maîtrise, les parents et
l’enfant.
Et cette discipline n’empêche pas
que les places sont chères à la
Maîtrise, au sens figuré s’entend,
la formation étant entièrement
gratuite. En moyenne 500 à 600
enfants se présentent chaque
année et seuls 30 % des garçons
et 10 % des filles sont acceptés.
Une prise de rendez-vous et une
audition suffisent pour faire
partie d’un des chœurs, sans
aucune formation préalable.
Mais au fait, quelles sont les
qualités d’un bon chanteur de
Maîtrise ? «
Il faut avoir une belle
voix, de la vivacité d’esprit et une
bonne oreille. Les enfants chantent
avec des professionnels de l’art
lyrique, qui ont besoin de jeunes qui
mémorisent vite
», répond Gaël
Darchen.
Depuis 1995, la Maîtrise des
Hauts-de-Seine est aussi
devenue le Chœur d’enfants
de l’Opéra national de Paris.
Les enfants sont ainsi sollicités
pour monter sur scène lors des
quelque deux cents spectacles
donnés à l’Opéra Bastille ou au
Palais Garnier chaque saison.
Pianiste et trompettiste de for-
En moyenne, chaque maîtrisien
répète deux fois par semaine
à Suresnes. Certains d’entre
eux peuvent aussi bénéficier
de répétitions individuelles.