

mars-avril 2015 - n°40
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HDS
mag
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4
C
inquante ans de création,
des années trente aux
années quatre-vingt,
pour un des solides
acteurs de ce qu’on appelait la
nouvelle École de Paris, quand
la capitale était encore un peu celle
de l’art moderne. Moins mystique
peut-être que ses contemporains
Bazaine et Manessier, plus terrien
si l’on veut, il laboure avec eux les
espaces français de la non-figuration.
Quand il bascule du dessin «
qui cerne
les choses
» au travail «
par la touche et
l’intérieur de la forme
», Jean Le Moal
parle d’une nouvelle respiration, plus
large, «
de la manière la plus intense
d’exprimer la substance de la peinture
».
On aurait envie de le suivre, avec
ses propres mots, sur ce chemin
nouveau : la peinture de Le Moal
est aussi la manière la plus intense
d’exprimer la substance de la nature.
Il y a de la volupté de marcheur aux
poumons vifs dans cette trame de
couleurs et dematière, ce tapis dense
et moelleux où l’on s’enfoncerait
avec gourmandise, les orteils dans
le bonheur du tableau, les yeux sur
les lointains de l’Ardèche d’enfance,
les granits de la Bretagne paternelle,
les vertiges flamboyants des Andes
qu’il découvre au milieu des années
soixante. Tout est paysage, et rien
pourtant ne vient plus le figurer
la maturité venue – sinon quelques
titres et cet intense mouvement
de nature qui est une sacrée ambition
de peintre.
n
www.maisondesarts-chatillon.fr
Une trentaine d’œuvres, dont certaines jamais présentées au public, pour suivre les chemins du peintre
Jean Le Moal.
À la Maison des Arts de Châtillon, du 20 mars au 10 mai
.
A
umusée Rodin deMeudon, à partir du 14mars et jusqu’à
la fin de l’année, il faut aller voir à travers l’œil de Robert
Doisneau. On sait combien le photographe aimait
regarder travailler ses compagnons d’armes, peintres, sculpteurs,
céramistes – encore que sa modestie ne se serait peut-être pas
parfaitement reconnue dans cette fraternité des arts. Les peintres
avaient eu leur exposition, c’est au tour de
Sculpteurs et sculptures
de dérouler devant nous la bobine des souvenirs. Sculptures
en scène dans l’espace public, portrait de Tinguely la tête dans un
nuage, profil martial de César au masque de soudeur, Giacometti
homme debout dans son atelier : c’est tout à fois l’œil malicieux
et la justesse d’expression de Doisneau qu’on retrouve à chaque
tirage. Et dans le même temps, une série d’instants qui sortent
de l’ordinaire puisque la sculpture, sous la main qui l’invente ou
dans le bronze coulé à l’atelier, porte à chaque étape sa charge
de spectacle.
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www.musee-rodin.fr
Doisneau
et les sculpteurs
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La substance
de la nature
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