HDS.mag 31 - page 26

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n°31 - septembre-octobre 2013
Le Nôtre, le grand représentant de
l’art du jardin à la française.
Une œuvre majeure
« 
À Sceaux, le premier jardin est
créé à partir de 1670, date à laquelle
Colbert, principal ministre de Louis
XIV, devient propriétaire du do-
maine. Mais la composition initiale
est assez restreinte
, raconte Pierre-
André Lablaude, architecte en
chef des Monuments historiques
qui dirige le chantier alto-séqua-
nais.
Une deuxième campagne de
travaux a lieu entre 1683 et 1690. Le
domaine appartient alors à Colbert
de Seignelay, le fils aîné de Colbert.
Sachant que Le Nôtre meurt en 1700,
c’est l’état de référence qui nous a
paru le plus significatif. C’est donc
de ce jardin que l’on s’est inspiré. 
»
Ce jardin, c’est plus exactement
la grande perspective Ouest qui
s’étend sur plus d’un kilomètre
de la façade du château jusqu’aux
limites du parc, « 
une des œuvres
majeures d’André Le Nôtre 
» selon
M. Lablaude. Elle rassemble en
effet toutes les caractéristiques du
jardin à la française : symétrie, éta-
gement en terrasse, conquête de
l’horizon, présence de l’eau sous
différentes formes… «
Les parterres
sont conçus pour être vus depuis le
rez-de-chaussée surélevé ou le premier
étage du château
, précise l’archi-
tecte,
comme des tapis décoratifs
déroulés sous les fenêtres. En découle
un autre principe, ce que Voltaire
appelait
« du peigné au sauvage ».
Plus on est près du château, plus
les végétaux sont bas et taillés avec
des formes architecturées. Plus on
s’éloigne, plus les masses végétales
montent et sont traitées naturelle-
ment.
 » Pour respecter la compo-
sition de Le Nôtre, le chantier se
divise donc en deux secteurs : un
parterre bas, le plus éloigné du
château, aménagé en pièces cou-
pées de gazon et un parterre haut
où sont restaurées les broderies
de buis qui avaient disparu depuis
deux siècles. «
C’est au XIX
e
siècle,
alors que la famille de Trévise fait
reconstruire le château de Sceaux
que les broderies - qui n’étaient plus
entretenues depuis la Révolution -
sont
définitivement remplacées par
de grands compartiments de pelouses
bordés d’ifs.
»
Quand les ifs disparaîtront
Avant d’en arriver aux plantations
et semis, de nombreuses étapes
préparatoires ont été nécessaires :
travaux de terrassement, mise à nu
du site, étape qui consiste à retirer
tous les anciens végétaux, inter-
vention sur les différents réseaux
et enfin, étude topographique pour
calquer sur le terrain le plan des
broderies reconstitué à partir de
documents d’époque. « 
À l’aide
d’une station de géomètre installée au
pied du château et d’un ordinateur
portable
, détaille M. Lemoing,
nous
avons planté un piquet à l’emplace-
ment de chacun des cinq mille points
GPS que nous avions renseignés.
Le Nôtre peut nous envier, lui qui
utilisait un système de quadrillage
et de cordeau. Grâce à la techno-
logie, nous avons surtout gagné en
rapidité.
» Les cent vingt-cinq mille
buis sont arrivés de Hollande par
semi-remorques – il en a fallu sept
– courant mars. Pour faciliter les
plantations et par la suite l’entre-
tien, des voliges métalliques ont
été installées dans la terre. «
Avant,
nous utilisions sur ces parcelles près
de soixante dix mille plantes chaque
année pour deux fleurissements par
an. Les coûts d’entretien ne seront
donc pas plus élevés avec les brode-
« Plus on est près du château, plus
les végétaux sont bas et taillés
avec des formes architecturées.
Plus on s’éloigne, plus les masses
végétales montent et sont traitées
naturellement. »
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