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n°31 - septembre-octobre 2013
maga z i ne
HDS
Quelles sont les évolu-
tions que connaît la famille ?
SC :
La grande évolution, c’est l’af-
faiblissement du mariage. Le ma-
riage était autrefois le fondement
de la filiation. Or, le nombre de
naissances hors mariage est passé
de 6 % en 1972 à 11,4 % en 1980
et 45,2 % en 2005. Aujourd’hui,
plus d’un enfant sur deux naît
hors mariage. Parallèlement, le
nombre de divorces augmente.
Il est passé de trente mille par an
dans le milieu des années soixante
à plus de 125 000 en 2003. L’in-
dice de « divortialité » s’élève à
plus de 42 %. Un enfant sur trois
voit ses parents divorcer.
HDS
D’où les familles mono-
parentales…
SC : Aujourd’hui, 20 % des
familles sont monoparentales.
Et 85 % des enfants de parents
séparés vivent avec leur mère.
Mais il faut faire attention à
cette notion souvent critiquée
car elle regroupe des situations
extrêmement différentes. Pre-
nons un enfant qui vit en rési-
dence alternée chez ses deux
parents, une semaine chez l’un,
une semaine chez l’autre. Si
sa mère vit seule par exemple,
pour les démographes, c’est une
famille monoparentale. Or, la
situation de cet enfant n’a rien
à voir avec celle d’un enfant qui
n’a plus de père.
HDS
Pourtant cette notion
est très utilisée…
SC : Oui, parce qu’elle correspond
à un problème social. Le principal
souci des familles monoparen-
tales, c’est le manque d’argent.
Dans notre société, pour éle-
ver un enfant, mieux vaut avoir
deux salaires. L’appauvrissement
consécutif au divorce est signifi-
catif des deux côtés, mais majo-
ritairement du côté des mères.
Encore aujourd’hui les femmes
s’occupent plus que les hommes
du ménage et des enfants et s’in-
vestissent moins dans leur vie
professionnelle. Par conséquent,
elles gagnent moins. Quand les
couples se désunissent, les mères
qui vivent avec leurs enfants se
retrouvent donc plus perdantes
financièrement que les pères.
HDS
Pourquoi sont-ce les
femmes qui ont majoritaire-
ment la garde des enfants ?
SC : Peu de pères demandent
la résidence habituelle de leurs
enfants. En général, les hommes
sont responsables du niveau de
vie de la famille et les femmes du
bien-être et de l’éducation de leurs
enfants. Les rôles de genre jouent
encore beaucoup. Aujourd’hui
on demande aux pères d’inventer
un tout autre mode de paternité,
la paternité isolée. C’est d’autant
plus difficile s’il s’agit d’un très
jeune enfant ou d’un adolescent.
Dans les faits, un père séparé sur
deux voit son enfant moins d’une
fois par mois et plus les enfants
sont grands moins ils voient leur
père…
HDS
Qu’en est-il de la rési-
dence alternée ?
SC : Depuis 2002, la loi fran-
çaise sur le divorce est formelle :
l’enfant a le droit de conserver
ses deux parents. Le divorce ou
la séparation ne change rien à
l’exercice de l’autorité parentale
qui reste conjointe. C’est pour
cela que l’on a mis autant d’es-
poir dans la résidence alternée.
L’objectif est de garder un père
présent, actif. Mais, c’est terrible-
ment difficile surtout sur le long
terme. C’est aussi très coûteux
Sociologue,
Sylvie Cadolle
travaille sur la famille, ses mutations, ses représentations… Un thème abordé ce
mois-ci dans le cadre de
Questions de famille
, le service en ligne du conseil général.
familiales
sont de plus
en plus complexes
Les trajectoires
Le principal souci des
familles monoparentales,
c’est le manque d’argent