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n°31 - septembre-octobre 2013
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caravanes dont l’une est un an-
cien salon de coiffure du Tour
de France… Cette année, alors
que Roger des Prés a fêté ses
cinquante ans, la Ferme, elle,
en a eu vingt. «
La différence c’est
qu’il y a beaucoup plus de salariés,
aujourd’hui, treize exactement.
Deux raisons à cela. D’une part
le salariat responsabilise et d’autre
part il permet à des gens de vivre
de leur travail.
» Une trentaine de
bénévoles prêtent aussi régulière-
ment main forte sans oublier les
« wwoofeurs », des travailleurs
volontaires, souvent étrangers,
qui participent à l’exploitation
agricole en échange du gîte et
du couvert. Parmi les salariés,
deux personnes, chacune diplô-
mée dans son domaine, ont été
embauchées en emploi-tremplin :
une éleveuse-soigneuse pour s’oc-
cuper des bêtes et une jardinière-
maraîchère. Car l’association a
aussi un champ de 2,5 hectares
au-dessus de l’autoroute A 14. Sur
ce PRÉ, pour parc rural expéri-
mental, une demi tonne d’herbes,
sion économique ne l’emportera
pas sur les principes de la Ferme
du Bonheur. «
Notre objectif c’est
de pérenniser la structure et de la
rendre en grande partie autofinan-
cée
, explique Christophe Hérard,
administrateur de la Ferme du
Bonheur.
La table d’hôte doit nous
permettre de financer nos autres acti-
vités.
» Elle doit permettre aussi de
pérenniser trois emplois et d’en
créer quatre autres. L’association
espère atteindre l’équilibre finan-
cier six mois après l’ouverture. En
parallèle des actions d’éducation
et de sensibilisation seront orga-
nisées. La ferme collabore déjà
avec des groupes scolaires, des
maisons de retraite, des foyers de
travailleurs, des personnes handi-
capées. Les projets ne manquent
pas. À plus ou moins long terme,
la Ferme du Bonheur aime-
rait augmenter ses rendements
et produire chaque année huit
cents lapins, cinq mille yaourts,
cent kilos de miel avec la création
d’un mur de ruches, deux tonnes
de céréales, fruits et légumes ou
encore proposer aux entreprises,
bailleurs sociaux et syndicats de co-
propriété un service de tonte éco-
logique avec ses moutons. À titre
personnel, Roger des Prés travaille
sur un film consacré à Jean Genet
qui reprend un spectacle qu’il
avait créé en 1996. Ici, rien n’est
définitif en effet.
n
Émilie Vast.
Photos : Olivier Ravoire
lafermedubonheur.over-blog.net
céréales, fruits et légumes est
produite chaque année avec l’aide
des fermiers du dimanche qui
viennent aider toute les semaines.
Ils sont plus de mille cinq cents à
s’être relayés en 2012. Au fond du
champ, un baraquement tagué.
Il a été construit en quelques
jours à partir de déchets locaux
par douze gamins du bidonville
de Kliptown à Soweto, banlieue
de Johannesburg. Ils avaient été
invités trois semaines à Nan-
terre dans le cadre du festival
de cinéma sud-africain Eat My
Dust durant lequel certains films
ont été projetés dans le bara-
quement sur une télé alimentée
par une batterie 12 volts. C’était
juste après le dernier bal électro
de la saison qui avait rassemblé
lui mille huit cents personnes.
«
Selon certains sites internet, on est
le troisième meilleur spot électro en
Europe
», s’amuse Roger des Prés.
Du cinéma, de la musique, mais
aussi de la danse, du théâtre, des
arts plastiques, la programma-
tion culturelle de la Ferme est à
l’image du lieu : organique, éclec-
tique et insolite. Le Département
la soutient d’ailleurs chaque an-
née au travers d’une subvention
qui s’élève en 2013 à plus de dix
neuf mille euros.
Lauréat ESS
Mais ce qui occupe le personnel
de la Ferme ces derniers mois,
c’est tout autre chose. L’associa-
tion doit ouvrir début octobre une
table d’hôte, nouveau projet sou-
tenu par le conseil général cette
fois dans la cadre de sa politique
d’économie sociale et solidaire
(ESS) à hauteur de quatre-vingt
mille euros dont cinquante mille
euros en fonctionnement. Entre
2001 et 2004, la Ferme avait eu
déjà son restaurant : «
On était ré-
férencé dans plein de guides comme
Le Routard, raconte Roger des
Prés.
À la fin, on faisait jusqu’à cent
vingt couverts par soir. On accueil-
lait cinq mille personnes par mois.
Et on assurait en plus un service de
traiteur.
» Comme à l’époque, la
nouvelle table d’hôte va proposer
différentes formules : brasserie
les midis en semaine, buffet le
week-end lors des événements
culturels, de temps en temps des
brunchs dominicaux, des repas
d’excellence et une fois par mois,
une soupe populaire. Produits de
saison issus de l’agriculture lo-
cale, bio ou commerce équitable,
politique tarifaire juste, tri des dé-
chets recyclés sur place, la dimen-
La carrière,
dancefloor,
salle de cinéma
en plein air.
En plein travail dans le PRÉ,
le parc rural expérimental.
Roger des Prés,
fondateur du lieu
et la truie Hélène.