septembre-octobre 2013- n°31
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hds.
mag
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en t r e t i en
et extrêmement contraignant car
cela suppose une proximité géo-
graphique…
HDS
L’autre « nouveau »
type de famille, ce sont les
familles recomposées.
SC : Les familles recomposées
ne sont pas une nouveauté. Sauf
qu’autrefois, il s’agissait surtout
de remariages après veuvage.
Actuellement, une famille sur dix
est recomposée. En moyenne, les
hommes « recomposent » plus que
les femmes et plus rapidement.
Parmi les enfants qui vivent dans
ces familles, 37 % habitent chez
leur père et 63 % chez leur mère.
HDS
Apparaît alors le beau-
parent…
SC : Autrefois, le beau-père et plus
encore la belle-mère souffraient
d’une mauvaise réputation. Pre-
nant la place d’un parent décédé, ils
étaient soupçonnés de vouloir écar-
ter l’enfant de leur conjoint pour
préserver leurs propres intérêts.
C’est l’histoire de Cendrillon. Au
XX
e
siècle, le veuvage est devenu
moins courant et à partir des an-
nées 70, avec la banalisation du di-
vorce, les familles recomposées ont
acquis une nouvelle image. Mais
la réalité est beaucoup plus com-
plexe. Avant, le rôle du beau-parent
était clair. Il devait se substituer au
parent disparu. Aujourd’hui, il faut
trouver une place. C’est surtout dif-
ficile pour les belles-mères. Leur
rôle est particulièrement ingrat. On
attend d’elle le même dévouement
qu’une mère mais elles n’ont pas les
mêmes gratifications en échange.
HDS
D’autant que le beau-
parent n’a ni droit ni devoir…
SC : C’est dans le but de préser-
ver au mieux les liens de l’enfant
avec son « parent extérieur »,
celui qui ne réside pas avec lui,
que la loi de 2002 ne prévoit ni
droit ni devoir spécifique entre
beau-parent et bel-enfant. Et le
mariage du beau-parent avec le
parent de l’enfant ne change rien
à la situation. Il y aussi la possibi-
lité d’adopter. Cela arrive le plus
souvent quand le beau-parent n’a
pas d’enfant lui-même et qu’il
élève ou a élevé les enfants de
son compagnon ou de sa com-
pagne, le parent d’origine s’étant
effacé. Il existe en France ce que
l’on appelle l’adoption simple qui
maintient la filiation d’origine.
Elle s’y surajoute contrairement
à l’adoption plénière qui l’efface.
Mais pour être adopté selon ce
principe, il faut que le bel-enfant
obtienne l’accord de ses deux pa-
rents. Ce n’est pas anodin. Dans
nos sociétés, nous avons l’habi-
tude de n’avoir qu’un seul père
et une seule mère. En ajouter
un est délicat vis-à-vis du parent
extérieur.
HDS
Faut-il combler ce vide
juridique ?
SC : Je l’ai pensé à un moment
mais j’en suis revenue. Ceux
qui en avaient vraiment besoin,
ce sont les enfants de couples
homosexuels. Aujourd’hui,
avec le mariage et la possibilité
d’adoption pour le conjoint, ce
problème est réglé. Les trajec-
toires familiales étant de plus
en plus complexes, donner un
statut aux beaux parents, c’est
leur attribuer un droit de visite
après une rupture. Est-ce bien
raisonnable ? Il faut faire atten-
tion pour l’enfant à ne pas mul-
tiplier les personnes envers qui
il a des droits et des devoirs. Il
faudrait plutôt simplifier les dé-
marches pour obtenir une délé-
gation d’autorité parentale. La
loi de 2002 prévoit qu’un parent
puisse donner une délégation
d’autorité parentale à un tiers
qui participe régulièrement à
l’éducation de l’enfant. Ce tiers
peut être le nouveau conjoint,
un grand-parent, une tante…
Cette délégation d’autorité pa-
rentale permet à ce tiers d’ef-
fectuer des tâches d’éducation
usuelle : signet le carnet sco-
laire, emmener l’enfant chez le
médecin, l’inscrire à une activité
sportive… Mais tout cela relève,
selon moi, du cas par cas.
n
Propos recueillis par
Émilie Vast.
Photos : Jean-Luc Dolmaire
Retrouvez le service en ligne Questions
de famille consacré à la famille sur
Erratum
Contrairement à ce que nous
écrivions dans notre entre-
tien du numéro de juillet,
Sarah Hartley n’est pas neu-
rochirurgienne mais médecin
généraliste, praticien hospita-
lier à l’unité du sommeil de
l’hôpital Raymond-Poincaré
de Garches et coordonnatrice
du réseau Morphée.