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septembre-octobre 2013- n°31
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hds.
mag
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rimpez en direction
des bois jusqu’au
cube d’aspect ru-
gueux et monacal
qui s’élève 21 rue des Châtaigniers
et vous voici arrivé devant la mai-
son dessinée en 1927 par Sophie
Taeuber, assurément un des lieux
les plus singuliers des Hauts-de-
Seine. Maison toute simple : tout
comme l’épure pour ses lignes,
la sobriété est de mise pour ses
matériaux : pierre meulière locale
non taillée, béton, fenêtres en
coursives, balcons décrochés de
la façade. Au sein du vaste mou-
vement de l’art abstrait, Sophie
Taeuber et son époux, Jean Arp,
qui vont y vivre et y travailler, font
G
figure d’artistes libres. Sous la
bannière de la modestie, de la gé-
nérosité et de l’humour, le couple
a produit dans sa maison-atelier
de Clamart une œuvre d’une créa-
tivité remarquable.
Arp et Taeuber mènent en effet
une quête parallèle à celle des
peintres Kandinsky, Malevitch,
Mondrian ou Brancusi : leur refus
de toute représentation figurative
ouvre les portes à l’imaginaire.
Pour Taeuber, dont l’art protéi-
forme l’a conduite à explorer
l’univers de la danse et des arts
textiles, puis le dessin, la pein-
ture, l’architecture, le design, les
arts décoratifs… les « rythmes
plastiques » s’inscrivent dans
des « réalités architecturales » et
la liberté ne va pas sans cadre.
Arp, lui, demeure profondément
dadaïste dans sa démarche ; il est
d’ailleurs, avec Tristan Tzara, un
des fondateurs de ce mouvement
précurseur du surréalisme. In-
lassablement, il façonne de nou-
velles formes en une succession
infinie de métamorphoses… À
Clamart, le terrain d’expériences
artistiques de la maison-atelier
ne suffit bientôt plus, les sculp-
tures envahissent le jardin et deux
petits bâtiments sont construits
en limite de clôture pour les « ate-
liers de plâtres ». En 1959, Arp
achète la maison voisine 23 rue
des Châtaigniers pour accueillir