HDS.mag 31 - page 47

septembre-octobre 2013- n°31
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oute la vie s’explique par des
rencontres »
, se plaît à rappe-
ler Olivier Meyer, directeur
du théâtre Jean-Vilar de Su-
resnes et de l’Ouest Parisien
à Boulogne. La formule s’applique parfaite-
ment à sa propre existence. Après des études
de gestion et un passage par le journalisme, la
rencontre avec Roland Hubert, le producteur
n°1 de variétés en France au milieu des années
1970, va bouleverser son destin.
« Il cherchait
un administrateur de tournée pour Julien Clerc
et je ne voulais pas rester dans le monde de l’en-
treprise ordinaire »
, explique Olivier Meyer.
Quatre-vingt-dix concerts plus tard, il pense
avoir trouvé sa voie.
« Roland Hubert m’a alors
donné la possibilité de monter une tournée avec les
étoiles de l’Opéra de Paris en Amérique du Sud. »
Le spectacle est un triomphe. L’homme crée
son entreprise de production de spectacles
en 1978,
« ça a très bien fonctionné, on est allé
jusqu’à faire cinq cents représentations par an »
.
Les tournées s’enchaînent,
« avec Noureev en
Amérique du Sud, Higelin en Afrique, CharlÉlie
Couture en Asie »
. C’est à cette époque qu’il ren-
contre sa femme Brigitte Lefèvre, aujourd’hui
directrice de la danse de l’Opéra de Paris. La
société produit également des spectacles dans
plusieurs théâtres parisiens avec par exemple,
Alex Métayer. En vingt-quatre ans, Meyer Pro-
ductions organisera plus de cinq mille six cents
représentations en France et à l’étranger.
En 1990, Olivier Meyer prend les rênes du
théâtre Jean-Vilar.
« Je m’occupais de l’Or-
chestre national de jazz qui était en résidence à
Suresnes. On m’a proposé de monter un projet,
ça m’a amusé et j’ai été choisi. »
Un nouveau
défi qui ne lui fait pas peur.
« De 1990 à
2002, j’ai fait deux choses en même temps en
séparant bien les deux domaines,
poursuit-il,
grâce à mon frère associé qui gérait la société
Meyer Productions. Puis ça s’est compliqué en
termes de production privée, je ne pouvais pas
faire ce que je voulais, j’ai décidé d’arrêter l’entre-
prise. Mais je ne pouvais pas rester seulement à
Suresnes. »
Le désormais ex-producteur se
voit vite confier la direction du théâtre de
l’Ouest Parisien (TOP), à Boulogne, en 2005.
Au quotidien, la gestion de deux théâtres de-
mande, cela va sans dire, une certaine orga-
nisation. Olivier Meyer n’y voit, lui, que des
avantages.
« Cela permet une grande diversité
dans la programmation. Les deux programmes
sont absolument différents. Évidemment, il y a
certaines contraintes
.
L’aspect financier bien sûr,
mais il faut aussi respecter le cahier des charges
de la ville
(seulement du théâtre à Boulogne,
un projet pluridisciplinaire à Suresnes
NDR
)
,
tenir compte des outils techniques à disposition
notamment en termes de capacité et des réalités
sociologiques du quartier. À Boulogne par exemple,
nous pouvons faire des séries de représentations,
c’est plus compliqué à Suresnes. »
Olivier Meyer est avant tout un homme pas-
sionné par son métier, soucieux de mettre en
avant la création artistique :
« le théâtre n’est
pas seulement un lieu d’accueil, c’est aussi un lieu
de production et de création. Il n’est vivant que si
l’on donne aux artistes la possibilité d’inventer de
nouveaux spectacles. »
Donner la possibilité aux
artistes d’inventer est précisément le domaine
où il excelle. Deux festivals d’envergure ont
ainsi vu le jour à Suresnes et à Boulogne :
Suresnes Cités Danse qui, dès 1993, réunit
hip hop et danse contemporaine, art de la
rue et culture dite « légitime », puis, plus ré-
cemment, Seules… en scène au TOP :
« deux
marques qui donnent une identité à chacun des
deux théâtres »
. Des « formats » innovants aussi
qui témoignent de sa capacité à allier exigence
artistique et succès populaire. Enfin, avec la
naissance en 2007 du
pôle de production et
de diffusion de la danse hip hop, Cités Danse
Connexions, créé avec le soutien du conseil
général, il concrétise sa volonté de transmettre
aux nouvelles générations sa passion de la
création artistique.
Pas question pour autant de s’arrêter là, Oli-
vier Meyer fourmille toujours d’idées nou-
velles. Ainsi son nouveau projet pour la ren-
trée :
Open Space
, un spectacle musical sur
le monde de l’entreprise mis en scène par
Mathilda May, à découvrir du 10 au 20 octobre
à Suresnes-Jean-Vilar.
n
Florence Mazet
T
Un désir de théâtre
s’exprime
aujourd’hui. Et nous
essayons d’y
répondre au mieux.
On ne peut pas
faire ce métier sans
plaisir, sans
conscience du
privilège que l’on a.
Parce qu’il faut
répondre à l’élan et
à l’enthousiasme
des artistes, à leur
désir d’inventer. On
peut vivre sans
théâtre, sans les
artistes, mais on vit
moins bien.
Homme de deux théâtres, le créateur du festival
Suresnes Cités Danse met son énergie au service
de sa grande passion : les artistes.
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