mars-avril 2014 - n°34
|
hds.
mag
|
t r i bune s l i b r e s
groupe majorité départementale (ump, UDI et apparentés)
L
e gouvernement a inventé
la machine à remonter le
temps ! S’il mène à terme
son projet, nous voici cinquante
ans en arrière, à l’époque où
toutes les voitures d’Île-de-France
étaient immatriculées « 75 » !
En 1964, dans le cadre de la
décentralisation, avaient alors été
créés de nouveaux départements,
notamment ceux de la petite cou-
ronne, Hauts-de-Seine, Seine-
Saint-Denis, Val-de-Marne et en
1967 avaient lieu les premières
élections cantonales, créant ainsi
un exécutif de proximité vers
ces nouveaux territoires et leurs
habitants.
Toutes ces collectivités partaient
alors sur les mêmes bases éco-
nomiques. Politiquement, seul
le « 92 » avait une majorité de
droite. Faut-il y voir une relation
de cause à effet, mais cinquante
ans plus tard, force est de consta-
ter que notre département est
celui qui a le mieux évolué, n’est
pas endetté, qui aujourd’hui fait
de nombreux envieux !
Qui se souvient des maraîchers,
mais aussi des bidonvilles que
l’on pouvait voir sur ce qui
est devenu le premier centre
d’affaires européen, La Défense ?
Mais les Hauts-de-Seine ce sont
aussi des espaces verts, des
logements sociaux favorisant la
mixité, des milliers de PME, une
imposition locale parmi les plus
faibles, une qualité de vie. Autant
d’éléments qui participent de
notre attractivité, que ce soit
auprès des particuliers ou des
entreprises.
En France on n’aime pas le
succès et, parodiant Caliméro,
la gauche a fait ce constat :
c’est
trop injuste
! Il fallait donc redis-
tribuer les cartes, changer les
règles du jeu. De nombreux élus
socialistes, y compris le député-
maire d’Asnières, ont appelé à la
disparition des départements de
la petite couronne, et prôné leur
fusion, idée reprise à son compte
par Jean-Marc Ayrault.
Une métropole à des seules fins
politiques…
Nous ne sommes pas opposés
à la réduction d’un certain
nombre de strates afin d’éviter
des doublons dans la réparti-
tion des compétences. Mais
encore faut-il que ces dernières
soient clairement définies et
en adéquation avec la gestion
des territoires concernés. En
la matière c’est loin d’être le
cas, puisque ce projet n’a pour
but que de confier, dès le 1 er
janvier 2016, les compétences
actuelles des Départements,
mais aussi des communes, à la
métropole du Grand Paris, qui
gérerait logement, aménagement
du territoire, action sociale,
collèges… toutes ces questions de
proximité qui font le quotidien
de 6,5 millions d’habitants, mais
aucune compétence stratégique,
implantation des aéroports ou
des gares, moyens de transport
ou encore développement écono-
mique…
La ficelle est un peu grosse et
cette précipitation ne manque
pas d’inquiéter, à droite comme
à gauche, sur ce qu’il est juste
d’appeler une véritable recentra-
lisation.
Plusieurs questions se posent
quant à la véritable motivation
du gouvernement.
Pourquoi procéder à un nou-
veau découpage des cantons,
si c’est pour supprimer les
départements six mois après
les élections territoriales ? Peur
de l’échec, ou peur de ne pas
avoir le temps de mener à bien
ce « charcutage » rejeté par plus
de la moitié des départements
français ?
Pourquoi aller contre la volonté
des habitants eux-mêmes qui
sont très attachés à leur départe-
ment et à sa proximité ?
Comment vont s’organiser
depuis des bureaux parisiens
ce qui répond au quotidien de
chacun de nos administrés ?
Solidaires mais pas mécènes…
À qui va profiter cette fusion ?
Notre département n’est pas,
contrairement à ce que l’on
dit, le plus riche, mais l’un des
mieux gérés depuis sa création.
C’est ce qui explique sa réussite
et son attractivité. Cela fait des
envieux chez nos voisins et d’un
seul coup on voudrait tout redis-
tribuer, tout partager ! Éponger
les dettes abyssales des uns,
financer les projets des autres,
surdensifier notre territoire…
Lors de ses vœux, le président
de la République a encouragé les
collectivités territoriales à fusion-
ner. L’État aidera même celles
qui le font, a-t-il dit. C’est une
piste de réflexion que nous étu-
dions. Mais il faut que l’on nous
laisse choisir nos partenaires,
dans l’intérêt de nos administrés.
Une autre piste, qui aurait le
double avantage de permettre
une identification claire des
compétences et missions de
chacune des collectivités et qui
engendrerait des économies en
évitant les financements croisés,
consisterait à recentrer les
compétences, réservant ainsi la
clause de compétence générale
aux communes et à l’État et
confiant aux Départements et
aux Régions leurs compétences
dédiées. Cette mesure simple
pourrait entrer en vigueur dès le
1 er janvier 2015.
Nous ne sommes pas contre
la solidarité mais ce projet
demande de la réflexion, que
ce soit en termes budgétaire,
de personnel, de compétences,
et pour le moins un minimum
de libre choix ou du moins de
concertation !
l
Jean-Loup Metton
Vice-président du groupe
de la Majorité départementale
©
cg
92/
olivier
ravoire
Non à la disparition
de notre département
Éric Berdoati
Président du groupe
de la Majorité départementale
©
cg
92/
olivier
ravoire