HDS.mag n°38 - page 48

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n°38 - novembre-décembre 2014
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ASSOCIATION
DES
AMIS
DE
JEAN
LARONZE
J
ean Laronze n’appartient
pas à l’élite intouchable des
inventeurs de l ’art du
XX e siècle… Mais n’être pas
Cézanne ni Matisse n’interdit pas le
talent. Le talent si particulier de cette
peinture de paysage en France que l’on
aimerait qualifier de « force tranquille »
– si l’expression n’avait été définitivement
vidée de son sens par les publicitaires.
Au sujet de Laronze, on irait plutôt
jouer avec les mots de Baudelaire :
le luxe des lumières, le calme des
compositions, la volupté des nuances…
Né en Saône-et-Loire en 1852, J ean
Laronze est bourguignon depuis
t ou j ou r s e t c ’ e s t s ans dou t e l a
mémoire généalogique des lieux qui
vient donner à ses paysages ce vrai
goût de terroir. Il est aussi un peu de
chez nous puisque, jusqu’à sa mort en
1937, il partageait ses palettes entre
l’atelier de Bourgogne et l’atelier de
Neuilly-sur-Seine. Quand il n ’allait
pas sur les rivages de Berck ioder ses
couleurs et aérer sa touche.
Cette exposition, en partenariat avec
Les Amis du paysage français et
avec l’étroite collaboration de Marc
Guillaume, arrière-petit-fils du peintre,
sera pour beaucoup une découverte ;
quelques toiles sont d’ailleurs présen-
tées pour la première fois. On y entend
la petite musique du peintre – plus
Saint-Saëns ou Fauré que Debussy
ou Ravel – qui est aussi celle d’une
certaine poésie de la nature.
et
Rives
et
rivages
Jusqu’au 14 décembre
, le musée d’art et d’histoire de Meudon
présente
une quarantaine d’huiles et de dessins de Jean Laronze.
©
MÏRKA
LUGOSI
M
ïrka Lugosi porte le nom du plus fantasque
des Dracula du cinéma. Elle est elle-même
née dans les Carpates… Coïncidence ou pas,
son œuvre, qui va passer l ’hiver au Cube à Issy-les-
Moulineaux, est à mi-chemin entre le royaume d’ici
et celui de là-bas. Le là-bas de l ’envers du décor, des
espaces ambigus, de l’inquiétante étrangeté. Ses
dernières photographies, prises lors d’une résidence
au Pays basque puis recomposées comme des pein-
tures, observent le paysage comme un passage, la
nature comme un engloutissement, l ’exposition
comme une dévoration. Explicitement, Mïrka Lugosi
fait référence au
Voyage sentimental à travers la France
et l’Italie
de Lawrence Sterne, lequel inventait au
milieu du XVIII e siècle l’excursion au-delà des appa-
rences. L’amateur de photographie contemporaine
peut aussi penser aux morceaux de nature décompo-
sés de Gregory Crewdson et, pour en revenir au
cinéma de cauchemar, le cinéphile imaginatif au
Blue
Velvet
de David Lynch. Bref, une fantastique exposi-
tion qui est aussi exposition fantastique, et qui plus
est, gratuite.
Paysages
carnivores
Jean Laronze
, Baigneuses sur la plage.
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