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n°46 - mars-avril 2016
D
ans le ciel gris de l’aérodrome de Toussus-le-
Noble, les avions vont et viennent. Au sol, Dorine
Bourneton semble ne pas pouvoir quitter des
yeux ce manège. Depuis toujours, elle rêve
d’évasion et de paysages lointains, biberonnée aux aventures des
pilotes de l’Aéropostale par un père lui-même pilote. «
Il m’a
transmis sa passion
», dit-elle. À quinze ans, soit l’âge minimum
pour prendre une licence, elle s’inscrit à l’aéro-club d’Auvergne,
près de Clermont. «
Au départ, j’étais plutôt anxieuse. Mais ce qui
me transportait, c’était les paysages d’Auvergne…
» Pendant un an,
elle apprend auprès de son instructeur les mêmes gestes, inlas-
sablement. Jusqu’à cette journée du 12 mai 1991. Ce jour-là, elle
embarque direction Marignane pour visiter la base des Canadair.
«
Avec mon père, on ne pouvait pas manquer ça. Nous étions les
deux premiers inscrits.
» Le petit groupe décolle vers 8 heures du
matin à bord de deux avions : Dorine est dans l’un, son père,
dans l’autre. La météo est mauvaise. Dorine apprendra par la
suite que son pilote n’était pas au maximum de ses capacités.
L’avion traverse une zone nuageuse, avec une visibilité réduite
et percute une montagne : des quatre passagers, elle sera la
seule survivante. «
J’ai attendu les secours pendant douze heures.
J’ai crié, appelé à l’aide. L’instinct de survie m’a sauvée.
»
Plus tard, à l’hôpital, elle apprend qu’elle ne pourra jamais
retrouver l’usage de ses jambes. «
Mon père m’a dit à ce moment
là que quand on tombe du cheval, il faut vite se remettre en selle.
»
Trois ans plus tard, Dorine reprend sa formation et apprend
à piloter sur un malonnier, un avion dont les commandes se
situent au niveau des mains. Pour pouvoir suivre sa passion,
du ciel
Pour l’amour
Victime d’un accident d’avion qui l’a laissée
paraplégique à seize ans, Dorine Bourneton
s’est accrochée à son rêve :
devenir la première
handicapée à pratiquer la voltige aérienne.