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c u l t u r e

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HDS

mag

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n°49 - septembre-octobre 2016

des dessins de paysages sur le vif.

Poussin est un cas d’espèce, un

peintre conceptuel, médiateur

entre la modernité, l’Antiquité

romaine et la foi chrétienne.

La seconde partie de l’exposition

lui est consacrée ainsi qu’à son

entourage. On remarquera son

Enlèvement des Sabines

(vers 1635-

1640) extraordinairement abouti.

«

Poussin peint la religion sur un

mode mythologique et transcende

l’Histoire antique par le spirituel

»,

explique Dominique Brême. Aux

grands décors, Poussin préfère les

tableaux de chevalet où la rigueur

de son dessin fait merveille. Ses

sujets et sa manière délicate,

poétique, traduisent une nostalgie

du monde antique et un goût pour

la vérité de la nature. Dans ses

toiles le temps paraît suspendu…

Postérité de Poussin

L’atticisme parisien ? Ce classi-

cisme élégant à la française trouve

sa source dans l’art de Raphaël et

de Poussin. On regroupe sous

ce vocable des peintres comme

Eustache Le Sueur et Laurent

de La Hyre, qui n’ont pas fait le

voyage à Rome et ont échappé

à l’art de la Contre-Réforme. Le

Sueur est l’élève qui a le plus

appris de Vouet mais il su s’en

détacher. Touché par Poussin, Le

Sueur crée sa propre manière,

délicate, et se tourne vers l’art

renaissant de Raphaël, cherchant

«

l’essentialisation de la forme par la

draperie

» ; l’extraordinaire étude

de draperie,

Un Chartreux pros-

terné

(vers 1645), appartient à une

série préparatoire conservée au

Louvre. La Hyre, peintre profon-

dément chrétien, réfractaire à

la « grande manière » de Vouet,

nourri à l’école de Fontainebleau

et au maniérisme, puis touché

par le caractère classique et grec

de la pensée de Poussin, tend peu

à peu à l’épure :

Christ en croix,

avec la Vierge, sainte Madeleine et

saint Jean

(vers 1655)... La postérité

de Poussin « chef de l’école fran-

çaise » s’étendra ainsi sur deux

siècles…

À Sceaux, une dizaine de feuilles

montrent encore les différentes

conceptions du paysage. Claude

Gellée (dit Le Lorrain) est perçu

comme le spécialiste du paysage

classique. Il introduit dans l’archi-

tecture une dimension symbo-

liste qui confère au paysage une

grande dignité. Lemaire, lui, est

influencé par le «

paysage archéo-

logique

» de son ami Poussin.

Avec

Herminie chez les bergers

,

Dufresnoy propose une scène

en lien stylistique avec un dessin

de Poussin. L’exubérant Georges

Focus signe un

Grand Paysage

classique

. Van der Meulen -

Vue de

la ville de Tournay

- ou Philippe de

Champaigne, adoptent pour leur

part une narration sobre.

Quant à l’art du portrait, son

évolution suit celle de la peinture

d’Histoire : linéaire au départ puis

Paysage avec musiciens

assis sous des arbres

, Watteau.

© B

esançon

,

musée

des

B

eaux

-A

rts

et

d

’A

rchéologie

– P

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