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septembre-octobre 2016 - n°49

|

HDS

mag

|



ex po s i t i on

L

e déroulé chronolo-

gique de ces quatre

vingt-cinq feuilles

offre un superbe

aperçu de l’Art français du XVII

e

siècle qui accompagne le long

règne de Louis XIV. Le XVII

e

restera comme le Grand Siècle,

celui de l’absolutisme royal qui

inspire aux arts « le grand goût ».

Les mouvements culturels étant

liés au contexte historique et poli-

tique, l’époque sera classique, en

opposition au baroque italien qui

a épousé l’art de la Contre-

Réforme catholique. Ce position-

nement philosophique et poli-

tique trace une voie originale pour

les arts français, permettant au

classicisme de s’épanouir en tolé-

rant un baroque qui se plie à son

exigence de mesure.

Faire découvrir « le grand goût

français » à travers l’évolution

des genres du portrait et du

paysage, a été au cœur des choix

des commissaires de l’exposi-

tion, Hélène Gasnault, conser-

vatrice du musée de Besançon,

et Dominique Brême, directeur

du Domaine départemental de

Sceaux, spécialiste des XVII

e

et

XVIII

e

siècles. Ouvrant l’exposi-

tion, un dessin de Pierre Brébiette,

peintre français qui travailla à

Rome, représente

Cérès sur son

char

(vers 1630) comme un écho

lointain de l’esthétique maniériste

du XVI

e

. Ce dessin a pour fonction

d’en clore la période et d’intro-

duire avec d’autant plus de force

la modernité de Simon Vouet.

Portraitiste de talent, Vouet s’éta-

blit en 1613 en Italie. Rome est

alors la capitale européenne des

arts et le jeune Vouet fréquente le

milieu caravagesque des peintres

hollandais. Sa première manière

conjugue l’influence du Caravage

et le goût baroque. Il se nourrit

aux grands décors italiens, puis à

l’école bolonaise des Carrache qui

renoue avec la tradition classique

de la Renaissance incarnée par

l’idéal de beauté de Raphaël et de

l’Antiquité. Enfin, c’est à Venise

que Vouet rencontre le raffine-

ment chromatique dans les coloris

acides et la manière claire de

Véronèse. Le peintre opère alors

une synthèse entre les morpho-

logies bolonaises et les coloris de

Véronèse. Sa notoriété grandit,

le pape Urbain VIII lui passe

de nombreuses commandes…

Un baroque assagi

En 1627, Vouet est appelé à Paris

pour faire le portrait de Louis XIII.

Nommé Premier Peintre du Roi,

l’artiste fait souffler sur Paris

un lyrisme sensuel. Jusqu’à la

mort de Richelieu, en 1642, et de

Louis XIII en 1643, il demeure le

peintre parisien le plus célèbre,

avec le grand portraitiste Philippe

de Champaigne. Simon Vouet

ouvre un atelier au Louvre et

parmi ses élèves se trouvent Le

Brun, Mellan, Le Sueur, Arte-

misia Gentileschi, Le Nôtre,

Mignard… Les dessins de Vouet

sont expressifs, animés comme

en témoignent l’

Étude pour une

figure de Zéphyr

(vers 1639),

Enfants jouant avec un bouc, Étude

d’homme courbé...

Le bref passage

à Paris de Nicolas Poussin, figure

majeure du classicisme naissant,

engage Simon Vouet à laisser

un certain classicisme traverser

son éloquence baroque et jette

les fondements du « style fran-

çais » qui va dominer la peinture

Paysage avec le palais de Staphyle

,

Le Lorrain

© B

esançon

,

musée

des

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de Le Brun à Delacroix.

Le classicisme qui caractérise

l’école de peinture française du

XVII

e

siècle est une réponse aux

extravagances du baroque italien.

Ce mouvement s’appuie sur le

retour aux modèles de l’Antiquité

et aux maîtres de la Renaissance

classique. Celui qui incarne ce

mouvement, c’est Nicolas Poussin

qui vit à Rome et y meurt en 1665.

À la demande du roi Louis XIII

qui lui commande son portrait,

Poussin vient à Paris entre 1640

et 1642. Il sera nommé Premier

Peintre du Roi au détriment de

Vouet… Fuyant les mondanités,

il revient à Rome et tire de ses

promenades contemplatives à

Tivoli, aux côtés de Claude Gellée,