HDS.mag n°50

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c u l t u r e 3
C ompagnon de route du mouvement Support-Surface,
peintre longtemps «sans pinceau », Pierre Buraglio est l’un
de ces plasticiens contemporains pour qui la peinture,
essentielle, n’allait pourtant pas de soi. Et puis, de petits
pas en découpes, elle est revenue habiter son œuvre, par le trait et les
couleurs bruts, comme est brute l’émotion qui traverse cette exposition.
Sous les initiales R-K + H.B, Buraglio rend hommage aux opposants
pacifistes à la Première Guerre mondiale. Par les choses de rien qu’on
trouvait dans la poche des poilus, par ses dessins éminemment
modestes et infiniment tendres, Pierre Buraglio laisse venir à lui, et
donc à nous, la mémoire des vivants, des morts et de ceux qui dans les
tranchées vacillaient entre les deux. Depuis son accrochage à Péronne,
l’exposition s’est enrichie des sculptures en papier mâché de sa fille
Claude et des objets fabriqués au sein d’un atelier pour personnes
handicapées. Art brut encore, renforçant ce sentiment de fraternité
respectueuse et de beauté plastique – sans aucune concession au
voyeurisme de la catastrophe. Avec ou sans pinceau, Pierre Buraglio
est surtout un peintre sans esbroufe et c’est là qu’il nous parle au plus
intime : « Car il n’y a que cela que je trouve intéressant : le retentissement
de l’Histoire en l’homme ». n
La paix
de 14-18
Venue de l’Historial de la Grande Guerre à
Péronne, l’exposition de Pierre Buraglio s’installe
jusqu’au 6 janvier à la Maison des Arts de Bagneux.
A nnoncé par une affiche à la fois vintage et dans l’air du temps,
le festival BBmix renouvelle depuis douze éditions la notion
de musiques actuelles. La programmation du week-end des
26 et 27 novembre, au Carré Bellefeuille de Boulogne, associe certes
« groupes légendaires et groupes émergents, aventuriers d’hier et défricheurs
d’aujourd’hui » mais le domaine sonorisé a peu à voir avec le rock
mainstream et l’électro policée. Nous explorons là des territoires
touffus à la flore hybride et à la faune électrique. Bref, si Coldplay est
votre truc, BBmix ne le sera pas ! En revanche, si vous avez des
appétences pour l’avant-garde et la spéléologie musicale, Goat, Electric
Electric, Fumaca Preta ou encore Piotr Kurek distribuent décibels rugueux
et ambiances caverneuses. Avec une mention spéciale pour le trio
japonais Boris qui déversera dix ans après, sa furie électrique live sur
l’intégrale de son albumPink. Culte, le groupe est si rare chez nous qu’on
en connaît qui auraient fait le voyage au Japon pour voir ça… n
Courant alternatif
L’atelier des fils
et des couleurs
L ’Américaine Sheila Hicks travaille depuis plus de cinquante
ans, dans son atelier parisien, les sculptures textiles, les
installations tissées : « Je fais des nœuds, et après je les défais
pour comprendre ». Autant dire que la joyeuse octogénaire, dont le
Festival d’Automne présente le travail, n’a rien de la mamie qui
tricote… Héritier des tissages anciens du Pérou, son art s’enrichit de
voyages à travers le monde. Après le musée Carnavalet et une
promenade urbaine autour de vitrines parisiennes, Apprentissages -
qu’il faut aussi entendre en deux mots - arrive sous sa dernière forme
à Nanterre, dans l’espace brut et clos de l’atelier des décors des
Amandiers. Du côté de l’artiste qui travaille, il y a là quelque chose qui
relève de la transe ; du nôtre qui découvrons les œuvres, c’est plutôt
l’éblouissement devant ces matières aux couleurs si intenses, presque
charnelles, qui donnent envie d’aller de l’avant. Du 9 au 17 décembre,
l’après-midi, entrée libre sur réservation. n 
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|HDS mag |n°50 - novembre-décembre 2016
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Boris.