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Second volet de la rétrospective François Stahly, à l’occasion du dixième anniversaire de sa mort :
Œuvres sur papier,
au Musée d’art et d’histoire de Meudon à partir du 3 décembre.
A
pprécié en France, Éric Puybaret l’est également aux
États-Unis où ses illustrations d’
Alice in Wonderland
lui ont conquis un public de fans qui pourtant ne
manquent pas de références en la matière. Seulement, à
l’heure du tout-numérique, il fallait oser revenir à la tradition
de la peinture, de la toile et du pinceau ! Pas par goût de la
différence à tout prix, plutôt pour utiliser au mieux les talents
de sa formation aux Arts déco, pour trouver un grain et des
matières plus naturellement qu’avec des filtres numériques.
D’autant que peindre directement sur des châssis posés sur
chevalet, «
c’est meilleur pour le dos,
déclare-t-il dans un demi-
sourire
, et cela permet surtout de libérer le geste, donc l’expression »
.
Au centre culturel Max-Juclier de Villeneuve-la-Garenne, du
21 novembre au 2 décembre, on pourra, avec la patience du
jardinier et la poésie du magicien, tourner autour des illustra-
tions originales – accompagnées de quelques maquettes en
volume – de l’album
Graines de cabanes
.
n
www.villeneuve92.comPapiers
hérissés
© zanartu.fr
Cabanes
en toile peinte
novembre-décembre 2016 - n°50
|
HDS
mag
|
F
rançois Stahly, né en Allemagne, élevé en Suisse et
devenu Meudonnais au voisinage de la villa des
Brillants de Rodin, ne fut pas exclusivement un artiste
du volume. Lorsque la pesanteur de l’âge refermait peu
à peu les portes de la sculpture, Stahly s’est fait dessinateur, au
crayon, au stylo, au feutre,
« la main lourde et maladroite »
confiait-
il, après cinquante années passées sans rien dire à la page blanche.
Et d’ailleurs, il évite cette page blanche, source d’angoisse au point
d’en être un lieu commun, en usant de photocopies sur lesquelles
il revient sans cesse, enchevêtrant les trames et les densités d’un
dessin toujours modelé, toujours construit – on ne se refait pas,
mais on se réinvente. Saisissant l’exemple de Léonard de Vinci,
conseillant
« de trouver dans un vieux mur décrépi, délavé par l’ocre
jaune des ruines romaines, tous les motifs de ses compositions »
, Stahly
explore une seconde nature. Lui qui dans sa sculpture avait
toujours conservé, malgré les douleurs de l’existence, un sens
apaisé de la vie quand elle était encore devant soi, renoue ici avec
les angoisses du temps : paysages fantastiques à la Caspar David
Friedrich, hordes d’insectes, surgissements de crânes, c’est tout le
siècle qui se rebelle sur ces papiers hérissés, de ses propres
souvenirs à cette autre guerre dont les échos traversaient alors
l’actualité : celle dite du Golfe. Sans jamais cependant que
l’apparent chaos n’entraîne le dessin vers le néant : même dans la
noirceur, Stahly est demeuré un humaniste.
n
musee.meudon.fr
DR