M
ichel Macréau était peintre, Richard Di Rosa est sculpteur.
À première vue, tout semble les séparer : une génération,
ce qui dans la seconde moitié du XX
e
siècle est plus infran-
chissable encore que l’océan, les techniques utilisées,
l’atmosphère de l’œuvre, troublée chez l’aîné, joyeuse chez le cadet. Mais
peut-être bien qu’au contraire tout les réunit, dans l’air explosif d’un
temps où resurgit la figure, homme, femme, visage, jusqu’à la caricature
ou jusqu’au malaise. Comme deux silex heurtés provoquent le faisceau
d’étincelles. Quinquagénaire truculent et rock’n’roll, Richard Di Rosa
- dit Buddy parce que Buddy Holly - est, avec son frère Hervé et Robert
Combas, l’un des trublions de la Figuration libre : une renaissance à
leur façon du peintre qui peint et du sculpteur qui sculpte en saisissant
autour de lui les nouvelles formes plastiques à mesure qu’elles
apparaissent. Michel Macréau était de ceux qui auraient pu être
reconnus comme totem s’il n’était mort à 60 ans, en 1995, d’une de ces
maladies qui n’ont aucun respect pour la postérité de l’art. Dessinateur
à la peinture éruptive au sortir du tube, iconoclaste, proliférant – mais
dépressif également et mort dans la misère - il se réfère au corps autant
qu’au signe, en héritier secret de Picasso, en précurseur maudit de
Basquiat. Entre le «
fantasque bariolé
» et le «
vagabond organique
»,
la conversation à distance est paradoxale : dans le cri silencieux
de l’un résonne l’accent volubile de l’autre.
n
www.maisondesarts-chatillon.frTurbulentes
figures
Michel Macréau & Buddy Di Rosa : confrontation
entre deux champions de la figure dans tous
ses états.
À la Maison des Arts de Châtillon, du 13
janvier au 25 février.
L
e musée national du château de Malmaison entrouvre
les armoires de son hôte la plus illustre, l’impératrice
Joséphine, en exposant cinquante costumes et accessoires
du vêtement, tous issus de ses collections. De manière tout à fait excep-
tionnelle – l’adjectif n’étant pas surfait tant leur fragilité leur fait
préférer la discrétion du placard au péril de l’air libre. Beaucoup ont été
portés par Joséphine elle-même, ou par sa fille Hortense, dont une
somptueuse robe de cour, avec broderies en fil d’argent sur un support
de tulles de soie, qui vient d’être restaurée. De la salle des atours, sorte
de dressing impérial, à la mise en scène des tissus et des parures, le
visiteur même le moins enclin à parler chiffons est envoûté par ce
voyage dans le temps d’une élégance parfois un peu folle. Napoléon
avait demandé à Joséphine de soutenir le commerce du luxe : la
mission fut remplie avec un zèle exemplaire !
Dans les armoires de
l’impératrice Joséphine
, jusqu’au 6 mars ; catalogue sous la direction
d’Amaury Lefébure et Céline Meunier.
www.musees-nationaux-malmaison.fr/chateau-malmaisonDressing
impérial
L’Inde aux
cartes rondes
L
eMusée français de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux célèbre
à samanière le soixante-dixième anniversaire de l’indépendance
de l’Inde, en présentant
L’Inde et les ganjifas, les cartes à jouer
indiennes miroirs d’une civilisation
. Sous la forme d’une évocation artis-
tique, puisque les ganjifas – mot d’origine persane signifiant tout
simplement cartes à jouer - sont, depuis leur apparition sous l’Empire
moghol au XVI
e
siècle, de véritables miniatures, peintes à la main.
Première surprise : les cartes indiennes sont rondes, comme de très gros
jetons de casino. Les plus somptueuses sont peintes sur ivoire, les plus
populaires sur ce que les artisans pouvaient s’offrir. Pour le reste, le jeu
comporte, comme en Europe, des enseignes (les couleurs), des figures et
des points. Et si l’inspiration puise à l’origine dans le panthéon hindou ou
dans les grands textes fondateurs, les sujets évoluent àmesure des siècles,
jusqu’à figurer le cyclomoteur en symbole de la modernité ! À découvrir
pour trois mois à partir du 25 janvier, veille du jour historique.
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www.museecarteajouer.com© RMN - Grand Palais. Photo DR
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HDS
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n°51 - janvier-février 2017
© M
ichel
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