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n°32 - novembre-décembre 2013
HDS
Qu’est-ce qu’un bon
joueur ?
CM : J’emprunte souvent une
définition qui dit que la per-
formance est le produit de la
compétence par la motiva-
tion. C’est un bon résumé de
ce que l’on attend d’un joueur
de rugby ou d’un athlète en
général. Aujourd’hui, tous les
joueurs professionnels sont
capables d’assurer un standard
de jeu et de prestations. Ce qui
va faire la différence c’est donc
la motivation. À cela s’ajoute
l’intelligence tactique, ce que
l’on appelle aussi l’intelligence
situationnelle, qui différencie
les bons des excellents joueurs.
C’est la capacité à analyser ce
qui se passe sur le terrain, à an-
ticiper les actions et à faire les
bons choix. Pour ne pas faire de
jaloux, je vais prendre l’exemple
de Lionel Messi, le footballeur
du FC Barcelone. Il est capable
de tout faire avec un ballon. Il
analyse le jeu comme personne.
Et en même temps, avec son
1,65 m et ses 65 kg, on dirait un
gosse qui s’amuse sur le terrain.
Il dégage un plaisir de jouer for-
midable.
HDS
Le plaisir de jouer, est-
ce toujours ce qui motive un
rugbyman aujourd’hui ?
CM : Le rugby est devenu un
sport professionnel en 1995.
Il faut donc être honnête, au-
jourd’hui un joueur va regar-
der les avantages qu’il peut tirer
de sa pratique : infrastructures,
salaires… Mais la motivation
première doit rester le plaisir
de jouer, quel que soit le niveau.
C’est notre travail de « traquer »
ceux qui ne seraient motivés que
par l’argent car ceux-là ne pour-
ront pas tenir sur la durée. C’est
valable dans tous les sports.
Regardez le nombre de spor-
tifs qui gagnent des sommes
colossales qui pourraient encore
pratiquer quelques années mais
qui prennent leur retraite parce
qu’ils n’ont plus l’envie.
HDS
Une fois que l’on a
les bons joueurs, comment
construit-on une bonne
équipe ?
CM : Pour créer une équipe, et
pas seulement un groupe, c’est
une différence importante, il
faut qu’il y ait de la cohésion.
C’est parfois ce que l’on oublie
dans le monde de l’entreprise.
C’est d’autant plus important
pour nous que le rugby est un
« sport de combat collectif ».
Une
équipe, ce sont des profils com-
plémentaires rassemblés autour
d’un projet commun et d’un
chef, il ne faut pas l’oublier. Il
n’y a pas d’équipe sans moteur
et il n’y a pas d’équipe sans lea-
der. À partir de là, l’équipe se
structure sur deux points. Tout
d’abord sur le savoir-faire, la
tâche. Pour schématiser, j’ai des
avants qui vont conquérir le bal-
lon et des trois-quarts qui vont
l’utiliser pour marquer. Je vais
pour cela créer des combinai-
sons qui serviront de repères
à mes joueurs. L’équipe est
structurée sur la tâche, un peu
comme dans une entreprise, il
y aura des projets, des chefs de
projet… Mais ce qui nous dif-
Comment gère-t-on une équipe de haut niveau ? Y a-t-il des points communs avec le monde de l’entreprise ?
Entretien avec
Christophe Mombet
, directeur du rugby et de la formation au Racing Metro 92.
première
La motivation
Un manager doit avoir
une vision globale de son
sport et une vision au
microscope de son équipe
doit rester
le plaisir