en t r e t i en
novembre-décembre 2013 - n°32
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hds.
mag
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férencie d’une entreprise, c’est
que nous travaillons aussi sur
le savoir-être, le vivre-ensemble,
sur le terrain et en dehors.
HDS
Est-ce pour cela que les
valeurs sont si importantes ?
CM : Dans le rugby, vous créez
une équipe à partir de l’adéqua-
tion des valeurs. On en parle
dès le recrutement, ce qui ne
se fait pas toujours dans une
entreprise. Les valeurs du joueur
doivent correspondre à celles du
club. C’est pour nous le socle de
la performance. La première de
ces valeurs, c’est le respect, la
loyauté, l’intégrité. On insiste
aussi sur l’esprit d’équipe, la
solidarité, l’engagement… Ces
valeurs nous les inculquons
aussi aux enfants dans les écoles
de rugby et aux jeunes du centre
de formation. En une quinzaine
d’années, la population que l’on
entraîne a vraiment changé.
Avant c’était de jeunes étudiants
qui venaient, à l’anglaise, faire
du rugby pendant leurs années
à l’université. Aujourd’hui,
avec la professionnalisation, on
s’adresse à des jeunes qui ne
viennent pas du même milieu
et qui cherchent grâce au rugby
une promotion sociale. C’est
donc d’autant plus important
de définir des règles et de leur
apprendre à les respecter. Cela
peut paraître un peu rétrograde
mais c’est le ciment de la réus-
site.
HDS
Le rôle du manager est
donc bien plus compliqué
qu’il n’y paraît…
CM : Lorsque j’ai commencé, je
voulais être le meilleur entraî-
neur et je pensais que pour cela
il fallait être le meilleur tech-
nicien. Mon expérience me dit
aujourd’hui qu’un entraîneur
doit être un bon technicien mais
que cela ne suffit pas. On ne
peut occulter l’aspect humain.
Un manager doit avoir une
vision globale de son sport et
une vision au microscope des
joueurs qui composent son
équipe. C’est avant tout un psy-
chologue. En cela, Guy Novès,
l’entraîneur du Stade toulou-
sain, fait partie des meilleurs,
il connaît tous ses joueurs
individuellement. Il sait com-
ment leur parler pour tirer le
meilleur d’eux-mêmes. Un bon
entraîneur doit également être,
selon moi, un bon pédagogue. Il
doit se servir d’un échec, d’une
défaite, pour faire progresser
les joueurs. Son management
doit être positif. Aujourd’hui on
entraîne plus sur des compor-
tements que sur des résultats.
On valorise le progrès dans la
durée. Il faut comprendre que si
dans une entreprise les salariés
travaillent 90 % du temps et se
forment pendant les 10 % qui
restent, une équipe de rugby est
en formation 90 % du temps
pour jouer que 10 %.
n
Propos recueillis
par Émilie Vast.
Photos : José Justo.
Avec le club des
Hauts-de-Seine
1981-1989 :
Termine sa
carrière de joueur au Racing
club de France et devient
entraîneur à partir de 1986
1991-1995 :
Adjoint de
Pierre Berbizier, entraîneur
du XV de France
1997-1998 :
Retour au Ra-
cing en tant qu’entraîneur
1998-2003 :
Manager de
l’équipe professionnelle de
l’AS Montferrand
Depuis septembre 2011 :
Directeur du rugby et de la
formation au Racing Metro 92
©
cg
92/
josé
justo