novembre-décembre 2013 - n°32
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hds.
mag
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l ’ex po
sont exposés à la maison des Arts
de Châtillon. Toujours en équi-
libre entre gravité et légèreté,
les immenses photographies
témoignent aussi d’une forte pré-
sence graphique, des visions où
le photographe semble devenir
ce peintre qui pose sur la toile
de très minces couches de cou-
leurs en larges aplats. Un ailleurs
nostalgique émane de ces sortes
de
Tableaux d’une exposition
qui
résonnent à la manière de ceux
de Moussorgski égrenant Milan,
Rome, mais aussi ici l’Égypte
et son désert, l’Amérique et ses
grands espaces
(Voir Naples… ;
Rien… et pourtant ; Partir… peut-
être)
. Autant de paysages diurnes
qui exsudent la chaleur sous un
ciel bleu californien dont les cou-
leurs ocrées virent au blanc, la
volonté de surexposition ouvrant
l’espace au « rien ». Mais égale-
ment des paysages nocturnes qui
suggèrent l’enfance et le mystère,
celui qui rôde dans le bâtiment
d’où sourd la lumière de
La
Marque jaune
, présence de Blake,
Mortimer, Olrik ? ou induisent la
clandestinité d’un obscur
Depar-
ture
depuis le tarmac de l’aéroport
d’Ibiza.
Plongeur céleste
, saisissante pho-
tographie d’une nuit d’été au ciel
constellé, sublimé lorsque l’eau du
bassin devient miroir du cosmos,
offre la sensation de plonger au
cœur de ce qui unit les mondes.
Et comment ne pas avoir à l’es-
prit la célèbre fresque antique
de
La Tombe du plongeur
(480 av.
J.-C.) qui symbolise à jamais le
saut dans l’inconnu, l’ultime tra-
versée… Tel Charon passeur du
Styx, Longeaud devient ici passeur
d’images et de mondes.
«Je me suis souvent demandé pour-
quoi il n’y avait pas de personnages
dans mes photos personnelles alors
que mon travail consiste à photo-
graphier des scènes de vie,
dit-il.
Je
pense que cette absence d’hommes,
de femmes, d’enfants évite le réflexe
d’identification, permet de convoquer
nos rêves, ceux-là mêmes qui tra-
versent notre réel pour faire émerger
un autre genre humain. »
L’exposition de ce parcours aux
frontières poreuses se conclut
par un incontournable
Ecce homo
,
autoportrait de l’artiste, et sur une
citation du peintre Gerhard Rich-
ter :
« Je n’obéis à aucune intention,
à aucun système, à aucune ten-
dance… J’aime l’incertitude, l’infini
et l’insécurité permanente »
.
n
Alix Saint-Martin
Partir…peut-être
009.
Space Train I
00.