HDS 36_complet02 - page 61

juillet-août 2014 - n°36
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hds.
mag
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
A
vec ses longs faux
cils noirs recourbés
au-dessus des phares
et sa carrosserie rose
poudré, l’estafette
Renault ne passe pas inaperçue.
Elle est stationnée en face
d’une des sorties du métro Pont
de Levallois un mardi sur deux.
Le Boudoir des Cocottes, comme
l’indique le logo en forme
de miroir sur la porte coulissante,
est un «
beauty van itinérant
».
À l’origine de ce nouveau concept,
deux filles - on s’en serait douté -,
amies d’enfance et habitantes
des Hauts-de-Seine, Ingrid
et Estelle. Elles travaillent
ensemble depuis six ans et
sont à la tête de Zoum Zoum
Communication, une agence
itinérante qui s’est fait connaître
grâce à son « bus de presse ».
«
Depuis deux, trois ans, comme
notre agence tourne bien, on
cherchait une nouvelle idée
,
raconte Ingrid Corny.
À force
de se déplacer au pied des groupes
de presse installés en banlieue,
excentrés, on s’est aperçu que
l e u r s s a l a r i é s n’ a v a i e n t pa s
grand chose alentour pour se
faire plaisir. À cette époque il y
avait déjà un engouement pour
les
food trucks. Mais au-delà
de la concurrence, on savait qu’on
allait être confronté à des normes
qu’on ne maîtrisait pas. S’est alors
Brahim Hennana propose
une « restauration éthique
et solidaire »
imposée, comme une évidence, l’idée
de faire quelque chose autour de la
beauté.
»
Le Boudoir des Cocottes propose
différents types de prestation :
beauté des mains (comptez 7
pour une pose de vernis et 25
pour une manucure), maquillage
(entre 5 et 35
) ou encore
coiffure rapide sur cheveux secs
(chignons, tresses… pour 15
).
C’est avec ou sans rendez-vous.
«
On s’adresse aux filles et femmes
pressées qui veulent se faire belles
en prévision d’un rendez-vous, d’une
soirée, d’un dîner ou juste pour
leur plaisir, mais qui manquent
de temps et n’ont pas envie de courir
trop loin. Ce sont des prestations
express à des prix attractifs.
»
Dans le van à la décoration
rétro, très fifties, chaque centi-
mètre carré est rentabilisé. Mais
le cadre reste agréable. Fifi
Do, l’esthéticienne présente ce
jour-là à Levallois, avait jusqu’à
maintenant travaillé en institut.
Elle a été séduite par «
le concept,
la nouveauté
». Pour l’instant, Le
Boudoir emploie une salariée à
plein temps et une autre à temps
partiel.
Ingrid et Estelle ont monté
leur projet en moins d’un an.
«
Il y a ceux qui pensent et ceux
qui agissent
, plaisante Ingrid.
À partir du moment où nous
avons eu l’idée, tout a été très
vite. Parce qu’on s’est dit que
d’autres pourraient l’avoir aussi.
»
Le
premier
Boudoir
des
Cocottes
circule
depuis
octobre. Il s’arrête réguliè-
rement à Puteaux, Levallois,
Paris… Il peut aussi être réservé
pour des événements profes-
sionnels ou privés. «
C’est très
compliqué de trouver des emplace-
ments
, souligne Estelle Bouron.
Certaines villes nous les refusent en
affirmant que l’on fait de la concur-
rence aux commerçants des centres-
villes. Mais nous, nous choisissons
des lieux excentrés où il n’y a pas
d’instituts. De plus, notre offre est
différente : il s’agit de prestations
rapides, nous ne proposons pas
de soins… C’est une autre façon
de consommer.
» Fifi Do confirme :
«
souvent les clientes m’avouent que
c’est la première fois qu’elles vont
chez l’esthéticienne.
»
L’an dernier, Le Boudoir des
Cocottes a été lauréat de l’appel
à projets Économie sociale
et solidaire du conseil général
avec à la clé une subvention de
80 000 euros. En effet, le concept
d’Ingrid et Estelle ne se limite pas
à un simple
truck
. Les deux entre-
preneuses souhaitent «
créer
une école de Formation, La Cocotte
Academy, pour les jeunes en
recherche d’emploi et les seniors
qui ne sont, malheureusement,
plus recrutés en entreprises
».
La première académie devrait
ouvrir en octobre prochain.
Un deuxième van sera mis en
circulation à la même période.
Suivront des corners et une
gamme de produits. «
À long
terme, nous souhaitons faire du
Boudoir des Cocottes une véritable
marque connue à l’international.
»
Restauration et insertion
Les ambitions de Brahim
Hennana sont plus modérées,
du moins géographiquement.
Lui aussi a été lauréat en 2013
de l’appel à projets ESS du
Département. Lui aussi, grâce
à son camion et à son entreprise
Rouge Basilic basée à Colombes.
«
Avant, j’étais souvent en dépla-
cement
, raconte l’ancien chef
de projet dans l’automobile.
Je me suis aperçu qu’en dehors
des restaurants d’entreprise, il n’y
avait souvent pas grand chose pour
déjeuner. Mon projet me trottait
donc dans la tête depuis plusieurs
années. Mais je pensais à un
point de vente fixe.
» C’est lors
d’un voyage aux États-Unis qu’il
s o c i é t é
cg
92/
jean
-
luc
dolmaire
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