c u l t u r e
3
mai-juin 2015 - n°41
|
HDS
mag
|
49
48
|
HDS
mag
|
n°41 - mai-juin 2015
D
es deux artistes qui animent cette
Corée Mania 2
, Kim
Yeun-Kyung est la plus jeune. Née en 1970 à Séoul, elle
vit et crée en France, enseignant notamment à l’École
nationale des arts décoratifs de Strasbourg.
Dans l’univers des arts du feu, le verre est son domaine. Sculpté,
coulé, soufflé, taillé, accumulé, incrusté parfois de métal dont les
lignes dures en soulignent le développement quasi organique.
En jouant des cuissons – dont la sagesse des fondeurs dit qu’elles
sont incompatibles – du métal et du verre, elle vient enserrer le
bouillonnement de l’un dans la rigueur de l’autre. Mosaïques de
cristal, éclats, fractures, elle poursuit
« l’empreinte aléatoire »
, cette
coïncidence de la matière et du hasard – qui est tout à la fois une
géologie de l’espace et une cristallisation du temps.
Une génération sépare Kim Yeun-Kyung de Kim Yik-Yung, la « grande
dame » de la céramique coréenne. Chez elle à Séoul, elle représente à
quatre-vingts ans la modernité réincarnée – à moins qu’il ne s’agisse
d’une tradition réinventée. Laquelle prend racine dans la porcelaine
blanche du premier âge de la dynastie Choson (XV
e
-XVI
e
siècles).
Une esthétique pure, nue, tranchante, qui correspond au néo-confu-
cianisme de l’époque, laquelle était négligée au profit du céladon
de la période précédente, d’inspiration bouddhiste. D’elle,
un ensemble de neuf pièces de la série
Crystalloid
forment comme un
contrepoint de porcelaine. Les deux modernités se complètent : c’est
une question de connexion, ailleurs, sur les marges entre la réalité
de la matière et la liberté de la technique.
O
www.sevresciteceramique.frVerre
et blanc
Second volet de la Corée Mania à la Cité
de la céramique :
la modernité de deux artistes
coréennes, Kim Yeun-Kyung et Kim Yik-Yung,
à partir du 20 mai.
L
a rencontre entre les deux génies de la littérature avait
quelque chose d’inéluctable : à ces altitudes, on croise
forcément ses pairs. Mais la chronologie a voulu que ce fût
une rencontre d’esprits – voire de fantômes. Qu’importe, du 21
au 31 mai, Shakespeare est l’hôte de Chateaubriand à la Vallée-aux-
Loups, qui le reçoit sous une tente dans le parc, pour une série
de tables rondes, projections de films, conférences, lectures théâtra-
lisées et autres spectacles. Hamlet, par exemple, sera là, façon
théâtre d’objets et marionnettes, dans
Il y a quelque chose de pourri,
de la compagnie Elvis Alatac. On apprendra beaucoup, lors des
rencontres-débats comme en assistant aux conférences théâtra-
lisées :
Shakespeare pour les nuls,
par Dorothée Zumstein, ou
The Villain
– le méchant shakespearien – avec Philippe Duclos.
Musique en clôture le 31 mai, dans le cadre du festival
du Val-d’Aulnay avec l’ensemble Perspectives dans un programme
Shakespeare in love
. Tous les détails et les tarifs sur le site
de la Maison de Chateaubriand.
O
maison-de-chateaubriand.hauts-de-seine.net
Shakespeare
et Chateaubriand
© DR
L
es parenthèses, certains les
ferment. Avec Parade(s),
i l s ’ a g i t p l u t ô t d e
les maintenir ouvertes
pendant les trois jours d’un festival dédié
aux arts de la rue, depuis plus de vingt-
cinq ans : les artistes ne vieillissent pas
comme nous, ils conservent cette
spontanéité acrobatique qui vous a des
airs de jeunesse éternelle ! Parade(s),
au pluriel donc, puisque le programme
de cette saison annonce une cinquan-
taine de compagnies invitées, réparties
dans la plupart des domaines du genre :
théâtre de rue, cirques et formes
assimilées, danse, spectaclesmusicaux,
installations, etc. Les parenthèses ne
sont pas là non plus pour faire joli :
depuis le début, ce festival du dehors
s’affiche comme un festival ouvert sur
le monde. Parade(s), c’est donc un peu
de l’énergie des autres qui vient faire
la fête sur notre pavé. Le festival met
le Burkina Faso à l’honneur en copro-
duisant
Démocratie I love you,
farce
politique d’Évelyne Fagnen dont ce sera
la première enFrance avant une tournée
estivale. Venue de l’autre bout du
monde, la compagnie To R Mansion
témoigne, elle, des échanges entre
le festival nanterrien et les arts de la rue
japonais.
Soutenu par le conseil départemental
dans le cadre du dispositif Éteignez
vos portables à destination des collé-
giens, et avec
Télérama
comme parte-
naire, Parade(s) attend cette année
40 000 spectateurs sur trois jours.
O
www.nanterre.frPendant trois jours,
Nanterre fait sa parade de séduction des arts de la rue.
Cela se passe dans le centre
ancien, du 5 au 7 juin, cela s’appelle Parade(s) et c’est gratuit.
J
usqu’au 19 juin, à l’Espace Boullée de l’hôtel de ville d’Issy-les-
Moulineaux, nous sommes invités à poser un « regard
arménien » sur la Belle Époque, en compagnie du peintre et
graveur Edgar Chahine. L’artiste, né à Vienne en 1874, s’installe à vingt ans
à Paris, jusqu’à samort en 1947. La critique de l’époque, enthousiaste, a dit
de son art qu’il était celui
« d’un regard auquel rien n’échappe et d’une main
qui peut tout »
. L’élégance virtuose du témoin de son époque raconte
un Paris dont on n’a plus vraiment idée, où la vie festive nocturne
des caf’conc’ répond aux saltimbanques des fortifs ; le bourgeois y
croise
La vie lamentable
des gueux et des déshérités, l’héritage rural cède
peu à peu le pas à la Ville Lumière. Au-delà du graveur, c’est la sensualité
du peintre qui anime cette exposition d’œuvres sur papier : pastel et
gouache célèbrent la beauté de la femme, souvent la sienne, saisie dans
l’intimité de la maison. Et puis Chahine, Arménien de Paris, est aussi le
portraitiste de ses compatriotes en exil, qui militera pour la reconnaissance
d’une Arménie indépendante. Il lui aura fallu attendre un peu…
O
www.issy.comL’Arménien
de Paris
pa no r ama
Parenthèses
ouvertes
© P
ATRICK
M
EYNIÉ
© A
NTHONY
B
AGGETT
© DR
Compagnie des Tréteaux
du Cœur Volant