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en t r e t i en

septembre-octobre 2015 - n°43

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HDS

mag

|



avec des enfants qui ne sont pas

toujours bien préparés.

HDS Justement, comment

les parents peuvent-ils aider

au mieux l’enfant à traverser

cette période de change-

ments ?

GB

Plus on ritualise les choses,

mieux c’est. On aide un enfant

en le socialisant et en le faisant

entrer dans une dimension qui

va transcender ses angoisses. Par

exemple, c’est bien de l’accom-

pagner le jour de la rentrée ; en

revanche si les parents l’accom-

pagnent tous les jours, cela

devient contre-productif car

cela veut dire qu’ils ne le consi-

dèrent pas comme autonome.

Pour autant, l’enfant a encore des

besoins affectifs plus importants

que ce qu’il veut bien montrer.

Quand il rentre le soir, il faut qu’il

puisse vraiment quitter le collège

et que l’accueil soit chaleureux

et pas simplement centré sur

ses notes et sa journée de cours.

HDS Faut-il accepter de lui

laisser son jardin secret ?

GB

Il ne faut pas être trop

intrusif avec eux mais leur parler,

avoir des échanges. On voit de

temps en temps des parents

fouiller dans les portables ou

s’inscrire sur les réseaux sociaux :

être parent d’adolescent, c’est

aussi accepter que la vie de nos

enfants nous échappe. C’est le

signe de leur autonomie. Lors de

l’adolescence, l’enfant ressent des

choses qu’il n’a jamais ressenties.

Lors de ses chagrins d’amour,

il ne faut pas disqualifier ce que

ressent l’enfant. Il faut l’écouter

et comprendre qu’il souffre.

Le mythe du parent « copain »

est toxique : un enfant a besoin

qu’il y ait toujours une sorte de

verticalité dans sa relation avec

ses parents.

HDS L ’ a vè n eme n t d e s

réseaux sociaux a-t-il changé

la vie des collégiens et leurs

relations entre eux ?

GB

L e s r é s e a u x s o c i a u x

permettent un élan de solidarité

plus grand entre les jeunes.

L’étage horizontal se développe

tandis que le vertical défaille : on

vit dans une société avec de plus

en plus de divorces, les parents

travaillent de plus en plus tard.

Le revers de la médaille de ces

réseaux est qu’on peut être exclu

parce qu’on n’est « pas dans

le coup », ou victime de rejet.

Les problèmes d’exclusion ont

toujours existé mais désormais,

ils poursuivent les jeunes jusque

chez eux et même la nuit, avec

une violence incroyable.

HDS Une autre étape impor-

tante du collège : le passage

du brevet. Comment bien

aborder ce premier examen ?

GB

Le brevet représente beaucoup

pour un adolescent qui a parfois

des envies et des désirs autres

que celui de travailler ses cours.

L’enfant a envie de satisfaire

ses parents, en grandissant, la

dimension verticale est remplacée

par la dimension horizontale :

le groupe et la société. Vis-à-vis

de ses copains, avoir ou non son

brevet a du sens. C’est un signal

social structurant, même s’il est

source d’angoisse.

HDS Est-ce le bon moment

pour parler d’orientation ?

En troisième, les collégiens

effectuent une première

incursion dans le monde

professionnel avec un stage…

GB

C’est une initiative intéres-

sante. Les élèves sont confrontés

à un univers professionnel qui du

coup devient moins angoissant

puisqu’ils ont souvent une repré-

sentation du monde profes-

sionnel comme un endroit pas

forcément très drôle, où l’on

passe son temps à travailler.

Quant à parler d’orientation,

il est bien sûr trop tôt. Sur le plan

psychique, aucun enfant n’est

prêt à aborder ce sujet.

HDS Le rythme de travail

et des devoirs devient plus

soutenu au collège. Comment

l’accompagner ?

GB

Faire travailler ses enfants

est toujours difficile. Il y a deux

attitudes : soit on exige que

l’enfant produise seul un travail

scolaire tous les soirs sans

vérifier, soit on le fait travailler en

l’accompagnant dans ses devoirs.

L’idéal, ce serait que l’enfant se

mette au travail tout seul le plus

tôt possible tout en gardant

un œil sur son organisation.

HDS Quelle est l’importance

des activités extra-scolaires

dans le cursus d’un enfant ?

G B

U n d e s p r o b l è m e s

des enfants, ce sont les inéga-

lités. Ils se comparent entre

eux et ne sont pas performants

dans les mêmes domaines alors

il faut diversifier les moyens

d’expression et de réussite et ne

pas placer tous les espoirs dans

la réussite scolaire. Le concert

de piano du conservatoire de fin

d’année est aussi important

que le brevet.

n

Propos recueillis par

Mélanie Le Beller

Photos : Jean-Luc Dolmaire

HDS Comment reconnaître

un enfant qui déprime au

collège ? On parle de plus en

plus de phobie scolaire…

GB

Ce terme de « phobie

scolaire » regroupe une foule

de notions. Parfois ce sont des

jeunes en échec scolaire qui

préfèrent rester chez eux. Mais

chez certains vrais phobiques,

cela se traduit par des maux au

ventre au petit-déjeuner, des

vertiges, des signes qui montrent

un malaise. Dans tous les cas,

ce n’est jamais anodin, il faut

toujours en tenir compte.