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n°43 - septembre-octobre 2015
r epo r t age
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du pigeonnier du parc des
Couronnes. Bruno observe
attentivement les légumes qu’il
a plantés sur son petit lopin
de terre. Depuis qu’il a commencé
à travailler à l’association Espaces
il y a deux ans, cet ancien ouvrier
dans l’automobile de 55 ans s’est
pris de passion pour le jardinage.
« J’habite près d’ici depuis plus de
trente-cinq ans. J’aime l’idée que
mon quartier soit en train de changer
grâce à moi. Avant, ici, il n’y avait
rien, tout était en ruine »
, explique-
t-il devant sa petite parcelle sur
laquelle il a fait pousser salades,
ciboulette et oignons. Comme
à Courbevoie, l’association Espaces
mène plusieurs chantiers de front.
Une douzaine en tout, principa-
lement dans les Hauts-de-Seine.
Treize « mousquetaires »
L’aventure a démarré il y a vingt
ans, sur les berges de Seine, autour
des terrains des anciennes usines
Renault à Boulogne.
« Le site
était entretenu jusqu’au jour où
les usines ont fermé. Les berges ont
été abandonnées, la végétation a
commencé à pousser »
, se souvient
Yann Fradin, l’un des co-fonda-
teurs d’Espaces aujourd’hui
directeur général. Lui et douze
autres
« mousquetaires »
comme
il se surnomme s’engagent
à nettoyer le site. Très vite, l’idée
d’insérer des personnes sans
En plus de l’insertion par le jardinage,
l’association gère six jardins partagés
en Île-de-France, dont à Courbevoie
celui du Château-du-Loir et ses trente-
deux parcelles sur un terrain de 400 m
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emploi grâce à ces chantiers
est venue.
« Des sans domicile
fixe avaient construit des cabanes
sur le site. Nous nous sommes dit
que, quitte à entretenir les berges,
autant le faire avec eux. D’emblée,
l’idée de gérer la nature en créant des
emplois pour des personnes en diffi-
cultés nous a paru évidente. »
Vingt
ans plus tard, 1 700 personnes
sont passées par la structure. La
plupart d’entre eux possèdent un
faible niveau de qualification et
rencontrent des problèmes de
logement ou d’addiction. Neuf
salariés sur dix sont des hommes.
Ils sont dirigés vers la structure
via les services sociaux départe-
mentaux. Ces « éco-cantonniers »,
Depuis 2014, Espaces propose à ses
salariés de décrocher des certificats
de qualification professionnelle.
Trois personnes ont été diplômées
cette année.
comme on les appelle, bénéficient
d’un contrat de vingt-six heures
par semaine, pour une durée allant
de quatre mois à deux ans, voire
plus pour les personnes handi-
capées ou s’approchant de l’âge
de la retraite. Deux fois par mois,
ils suivent aussi un accompa-
gnement social et professionnel
pour les aider dans une éventuelle
reconversion.
Investir la Seine
En deux décennies, les activités
de l’association se sont diversi-
fiées. Espaces prend en charge
aujourd’hui l’entretien de plus
de vingt kilomètres de berges,
du parc de Saint-Cloud et des talus
CD92/O
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