

septembre-octobre 2015 - n°43
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HDS
mag
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l ’ex po
comme de ses délicats portraits
de sa femme (
Julie peignant
),
ou encore de l’ami Paul Valéry.
«
Dans cette famille qui peut se
caractériser par l’odeur de l’essence
de térébenthine
, observe avec
amusement Jean-Marie Rouart,
chaque génération a vécu dans
“ l’infusion “ des écrivains et des
musiciens admirables, habitués des
lieux
».
Augustin
Augustin Rouart ne subira pas
l’influence de Degas. Proche de
l’esprit de Maurice Denis et de
Gauguin dans certaines toiles,
Lagrimas y penas
(1943), son art
distancié s’intéresse à la plas-
tique des années 30. Mais sa
quête de vérité le tient à l’écart
de tous les courants picturaux.
Il s’immerge dans la nature à
Noirmoutier, dans le Béarn…
«
Sa peinture règne sur des rêves
»,
confie son fils Jean-Marie.
Le réalisme subtil du dessin
laisse affleurer d’autres mondes,
évoqués par des transparences
cristallines (
Le Petit Pêcheur
),
un « réalisme magique » est à
l’œuvre. Flûtiste, il construit des
harmoniques intenses et douces
(
Mimosa
), introduisant un senti-
ment d’intériorité propre aux
«
vies silencieuses
». Les racines
du peintre se revendiquent du
côté de Dürer, Holbein et des
primitifs italiens. Le bleu, fil
conducteur et spirituel, relie ses
tableaux comme l’élégant
Auto-
portrait au pinceau
ou encore,
Maisons dans les marais salants
à
la recherche des ciels de Giotto.
Cent ans d’épopée haute en
couleur ont créé la légende des
Rouart. Le dernier mot à l’aca-
démicien : «
Il y a eu un climat
affectif qui a fait que cette famille a
transmis des valeurs de l’art extrê-
mement fascinantes
».
n
Alix Saint-Martin
Les Rouart. Atelier Grognard, Rueil-
Malmaison, de 13 h 30 à 18 h (sauf le
mardi). Tarifs : 6
€
/ 4
€
(gratuit -18 ans
et étudiants).
www.mairie-rueilmalmaison.frencore, de Monet… à Berthe
Morisot et Mary Cassatt. «
Autant
d’œuvres accrochées à touche-
touche sur trois étages, y compris
dans les cages d’escalier
», écrit
David Haziot. Peintre figuratif
d’une grande sensibilité, Henri
Rouart privilégie l’expression de
la nature et rend avec bonheur
ses élégantes harmonies dont
témoignent à Rueil
Arbres au
crépuscule, Nature morte aux géra-
niums
ou
L’Étang du domaine de
l’Hermitage…
Ernest
Troisième fils d’Henri, Ernest
arrive au seuil de Polytechnique
et tourne le dos pour
entrer en
peinture
. Son père demande à
Degas d’être son mentor. Ernest
sera son unique élève, façonné
par ce maître autoritaire qui
en fait son fils spirituel.
Auto-
portrait
le montre frontal, l’air
résolu. Proche de Renoir, sa
touche mousseuse fait merveille
dans ses pastels de nus géné-
reux (
Femme de dos
). Mêlant
savamment les techniques, il
émane une grande douceur de
ses vues de la propriété familiale
(
Le Jardin de la Queue-en-Brie
)
Le Petit pêcheur
,
Augustin Rouart (1943)
© C
hristian
B
araja