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septembre-octobre 2015 - n°43

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HDS

mag

|



pa t r imo i ne

La Maison de Chateaubriand a acquis un portrait exceptionnel

qui rejoint ses collections à la Vallée-aux-

Loups. Une campagne de mécénat s’ouvre en septembre pour soutenir cette valorisation du patrimoine.

C

’est en 1809 que

le peintre Girodet

réalise le

Portrait de

Chateaubriand médi-

tant sur les ruines de Rome

, devenu

emblématique de l’écrivain roman-

tique et conservé aujourd’hui au

musée de Saint-Malo. C’est

le 

modello

de ce tableau illustre

qui vient de faire son entrée

au  domaine départemental

de la Vallée-aux-Loups-Maison de

Chateaubriand.

Modello

? On

appelle ainsi l’étape entre l’es-

quisse et l’œuvre finale que le

peintre va soumettre à son

commanditaire pour recevoir son

approbation en vue de l’exécution

définitive ; il s’agit donc d’un travail

généralement soigné même s’il

n’est pas toujours achevé et

souvent plus petit que l’œuvre

finale. Le

modello

acquis pour la

Maison de la Vallée-aux-Loups est

peint à l’huile sur toile et mesure

40 x 32 cm ; c’est une œuvre d’une

très grande qualité malgré

quelques manques et repentirs,

notamment au niveau des bras.

«

Ce modello est peut-être plus excep-

tionnel encore que le tableau final

,

explique Sidonie Lemeux-Fraitot,

historienne de l’art et spécialiste de

Girodet,

c’est le chef-d’œuvre de ses

portraits masculins. Ce tableau est

une icône de la culture française,

le visage de Chateaubriand apparaît

presque plus net que sur le tableau

final qui, victime de son succès, a subi

des restaurations successives 

».

Les spécialistes s’accordent d’ail-

leurs pour reconnaître au

modello

sa vertu autographe, à la différence

du tableau final bien souvent

réalisé avec le concours de l’atelier

dumaître. Ainsi la seconde version

du tableau (conservée à Versailles)

sera «

commencée par François-

Louis Dejuinne (un élève de Girodet)

et terminée par Girodet en 1811

».

Toujours vert

Girodet, qui a certainement réalisé

ses premiers dessins à Paris

pendant l’été 1808, selon les

Mémoires

de Chateaubriand, va

modifier radicalement la position

de l’écrivain dans le modello, suivi

du « Portrait » définitif achevé en

1809, à l’entière satisfaction de

son illustre modèle. Ce dernier

déclarera, comme le rapporte Sido-

nie Lemeux-Fraitot : «

Madame

de Chateaubriand possède le seul

portrait qui existe de moi, c’est

un des chefs-d’œuvre de Girodet !

»

La composition, l’attitude du

modèle, le recours aux symboles

révèlent le génie de l’écrivain.

Chateaubriand, debout, sedétache

sur le ciel de Rome. À gauche au

fond le Colisée, à droite et au

premier plan, un vestige antique

recouvert de lierre sur lequel

l’écrivain s’accoude. Le portrait

est empreint de dynamisme :

au bassin de face répondent

le buste et le visage légèrement

de côté, le regard sombre voit ce

qui échappe à l’homme ordinaire

tandis que les mèches de cheveux

s’envolent sous l’effet de la

pensée. Chateaubriand incarne

le génie romantique. La tache

claire formée par sa main gauche

guide notre regard vers le lierre

« 

semper virens

» qui prend posses-

sion de la ruine antique. « 

Giro-

det reprend là un symbole déjà

employé dans la peinture religieuse

de la Renaissance

 », fait observer

l’historienne de l’art Françoise

Leroy, professeur à la Sorbonne.

Au Colisée où sont morts

les premiers martyrs chrétiens,

fait écho le symbole d’immor-

talité du lierre « toujours

vert » qui recouvre les ruines

de l’empire païen, suggérant

ainsi la victoire du christia-

nisme sur le paganisme et l’im-

mortalité de l’auteur du

Génie

du Christianisme.

n

Alix Saint-Martin

Un appel au mécénat est lancé en septembre

pour soutenir l’acquisition du portrait

de Chateaubriand par Girodet.

Plus d’infos sur jaimechateaubriand.fr

Chateaubriand

tel qu’en lui-même

CD92/ W

illy

L

abre

Quel Moyen-Âge pour Chateaubriand ?

Le conseil départemental propose à partir du 6 octobre

un webdocumentaire sur le Moyen Âge et Chateaubriand

en complément d’une exposition à découvrir jusqu’au

15 décembre au Domaine départemental de la Vallée-aux-

Loups, à Châtenay-Malabry. 
Constituée d’une sélection

de reproductions d’œuvres contemporaines du temps de

Chateaubriand, conservées dans différentes institutions,

il présentera la vision que l’écrivain s’est faite des temps

médiévaux ainsi que la place que cette époque occupe dans

sonœuvre, qu’elle soit littéraire, historique ou politique…

n

www.chateaubriand-moyenage.fr

Notre reportage sur le portrait

de Chateaubriand par Girodet sur

video.hauts-de-seine.net