

|
HDS
mag
|
n°43 - septembre-octobre 2015
les familles et les associations. Pour
moi, le collège est aussi un lieu de
vie, où l’on n’apprend pas seulement
les matières scolaires.
»
Remobiliser les élèves
Mariatou et Hafid font partie
des quelque 84 médiateurs
du conseil départemental.
Ce dispositif a été mis en place
il y a bientôt vingt ans, en 1996.
Ils sont aujourd’hui présents
dans soixante-huit établissements
volontaires des Hauts-de-Seine.
Dans une quinzaine d’entre
eux, les médiateurs officient en
duo. «
La demande vient des chefs
d’établissement
, explique Arlette
Boutin, chef de service de la
médiation éducative au conseil
départemental.
Souvent, les collèges
n’ont ni le temps ni les moyens
humains de faire de la prévention
et de s’occuper des petits problèmes
des élèves qui, non réglés, peuvent
être source de tensions. Pourtant
les années collège sont difficiles : on y
entre enfant, on en sort adolescent.
»
Une fois recruté, un médiateur
reste affecté dans un établis-
sement scolaire pendant cinq ans.
«
C’est une vraie chance et une plus-
value pour un collège que d’avoir
un médiateur
, poursuit Arlette
Boutin.
Nous avons toujours eu de
très bons retours des chefs d’établis-
sement.
» Annie Portet, principale
du collège Léonard-de-Vinci
depuis quatre ans, confirme : «
le
médiateur est un plus pour les élèves.
Le taux d’encadrement s’est amélioré
et cela joue sur l’ambiance dans l’éta-
blissement car le rôle du médiateur
est de prévenir les conflits entre
les élèves
».
Pendant toute la durée de son
affectation dans un établissement,
le médiateur va suivre des forma-
tions dix jours par an sur des
thématiques aussi variées que
les techniques de médiation, les
techniques de remobilisation des
élèves en difficulté ou bientôt le
théâtre d’improvisation. Tous les
mois, il dispose d’un temps
d’échanges avec un psychologue
sur sa pratique professionnelle.
Le quotidien de Mariatou et
Hafid est avant tout basé sur
l’écoute des élèves. La porte de
leur bureau est toujours ouverte.
«
Certains viennent spontanément
juste pour me faire un petit coucou,
d’autres prennent rendez-vous.
En tout cas, ils sont reçus en toute
confidentialité pour me raconter ce
qu’ils ont sur le cœur, même s’ils sont
en colère. Je ne me substitue ni au
psychologue, ni à l’infirmière. Je suis
simplement un relais. En classe de
troisième, il faut aussi remotiver
les élèves par rapport au brevet
qui arrive. Et je travaille sur l’inté-
gration des sixièmes
», explique
Mariatou Diallo. La contraception,
les drogues, l’alcool, le décrochage
scolaire font partie des thèmes
les plus abordés. «
Ils me confient
leurs petits soucis quotidiens, leurs
soucis de famille aussi parfois
»,
poursuit Hafid Rahmouni.
La pause de midi et les récréa-
tions sont également les moments
idéaux pour sortir dans la cour et
observer le comportement des
collégiens.
Projets éducatifs
En p l us de s mi s s i ons de
prévention et de désamorçage des
conflits, les médiateurs doivent
mener des projets éducatifs
auprès des élèves. Ce jour-là, au
collège Léonard-de-Vinci, Hafid
a invité l’écrivain Omar Benlaala,
auteur d’un livre sur le décro-
chage scolaire. «
Pendant leur
adolescence, le but est de leur faire
rencontrer le maximum de personnes
afin de les aider à construire leur
projet. Certains pensent qu’il suffit
de bien jouer au football dans
le quartier pour devenir les futurs
Zlatan ou Zidane.
» Un jeune
veut embrasser une carrière dans
la garde républicaine, Hafid le met
en contact avec un gendarme.
Pour une autre passionnée par le
Les médiateurs restent
pendant cinq ans au sein
d’un établissement. Une durée
qui permet de mieux suivre
et accompagner les élèves.
CD92/O
livier
R
avoire