éd i t i on
janvier-février 2017 - n°51
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HDS
mag
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Joseph Bonaparte était le frère
aîné de Napoléon. En quoi
leurs destins sont-ils liés ?
Leur relation est très particu-
lière : ils se disputent beaucoup
mais ne rompent jamais. Au
fond, Joseph est le véritable frère
de Napoléon car ils ont grandi
ensemble, les autres étant nés
longtemps après eux. Pendant
leur jeunesse, c’est lui qui va être
le vrai chef de famille, qui aide
son frère, qui obtient les postes
les plus importants, avant que les
rôles ne s’inversent. Mais même
au pouvoir, Joseph a continué
à jouer ce rôle d’aîné auprès de
Napoléon : il est le seul à tenir tête
à son frère et a même combattu
certains de ses projets.
Joseph apparait comme
un homme ra i sonnab l e ,
calme, à l’inverse de son frère,
beaucoup pl
us impétueux…
C’est hors de la politique que la
personnalité de Joseph Bonaparte
rejaillit : c’est un homme d’affaires
très habile qui sait négocier
et séduire. Il a réussi un beau
mariage avec Julie Clary, issue de
la plus riche famille de Marseille,
mais multiplie les maîtresses et
les enfants illégitimes. Il a pris la
Révolution comme un moyen de
se construire une carrière solide
avec des réseaux qu’il saura garder
toute sa vie. Il ne pense qu’à la
chasse, se promener, nager - ce
qui était très rare à l’époque -
adore recevoir ses amis qui sont
parfois des ennemis de son frère.
C’était en fait le seul libéral de la
famille.
Joseph a été deux fois roi : roi
de Naples puis roi d’Espagne.
Comment se sont conclus ces
règnes ?
Joseph est peut-être le plus italien
des Bonaparte. Il a fait ses études
à Pise, a vécu à Gênes, parle
italien. L’idée a donc toujours été
évidente de lui confier ce trône.
Pendant deux ans, il réussit très
bien là-bas car il va travailler
beaucoup, il se mélange à
la foule, met en place des institu-
tions durables. Quand Napoléon
l’appelle en Espagne, ce royaume
était considéré comme l’un des
plus prestigieux. En arrivant
là-bas, il comprend que ça ne
peut pas fonctionner : le peuple
se soulève, il est mal accueilli.
Il ne gouverne rien d’autre que
Madrid et sa région. De plus,
Napoléon lui met des bâtons dans
les roues. Son frère ne l’aura pas
aidé et Joseph ne se sera jamais
vraiment accroché à ce trône
non plus.
Ap r è s l ’ a b d i c a t i o n d e
Napoléon, Joseph partira
aux États-Unis, où il restera
près de v i ngt -c i nq ans .
Quelle était sa vie là-bas ?
Pour lui, les États-Unis étaient le
plus beau pays du monde. Il avait
déjà préparé son départ en
achetant des années auparavant
des terres. Là-bas, il voyage
beaucoup, sillonne le pays,
aide les paysans, fait visiter sa
encore à la Maison Blanche
aujourd’hui. Il y a finalement
vécu la vie pour laquelle il était
le plus fait : une vie de faste
et de générosité.
n
Propos recueillis
par Mélanie Le Beller
Joseph Bonaparte.
Éditions Perrin. 752 p.
Joseph est le seul libéral
de la famille Bonaparte
Le Prix Chateaubriand
remis à l’Institut de France
Créé en 1987 par le conseil départemental, propriétaire
de la maison de Chateaubriand à Châtenay-Malabry, le Prix
Chateaubriand récompense une œuvre de recherche histo-
rique ou d’histoire littéraire en lien avec les centres d’intérêt
de l’écrivain romantique. Après la proclamation des résultats
le 23 novembre dernier, le Prix sera officiellement remis le
23 février prochain à l’Institut de France, quai de Conti à Paris.
Cette cérémonie sera suivie d’une conférence de Thierry Lentz.
Entrée libre. Réservation obligatoire au 01 55 52 13 00.
n
© CD92/W
illy
L
abre
Lauréat du Prix Chateaubriand, Thierry Lentz,
le directeur de la Fondation Napoléon,
a consacré
son dernier livre à Joseph Bonaparte, frère méconnu
mais influent de l’Empereur.
fondation de peinture et prête
ses œuvres aux expositions. Il va
créer une société de
gentlemen
farmers
richissimes et accueillir
tous les penseurs des États-Unis,
jusqu’à prendre une certaine
importance dans la région
de Philadelphie. Une partie
de son mobilier est d’ailleurs
votre
tablette numérique
et
vimeo.com/hautsdeseineL’interview de Thierry Lentz
en vidéo sur