Un cas à part : Ingres et
Le Bain turc
C’estauSalond’automnede1905quePicassodécouvrit lapeintured’Ingresetsonfameux
Bainturc
,dans lequel lepeintrenéoclassiqueprivilégiait
les arabesques (silhouettes et gestes des femmes) et le rythme des corps dénudés à l’exactitude anatomique et à la représentation d’un
espacedéterminé. IngresnequittaplusPicasso, qui revisita sonœuvre, reformula ses tableaux les plus connus ou intégradevéritables«citations»
dans ses propres compositions. Il faut probablement identifier une réminiscence du fameux
Bain turc
dans l’une des
Demoiselle d’Avignon
.
Bienplus tard, à la findes années1960, Picasso reformula le
Bain turc
enunemultitudede variations gravées. Deuxmotifs y reparaissent souvent :
lafemmeauxbraslevésau-dessusdelatêteetlafemmeoccupéeàencoifferuneautre.Lesclinsd’œilau
Bainturc
sepoursuivirenttrèstardivement,
demêmeque la relecturede l’œuvred’Ingres, comme l’atteste lasériedesnus couchés, enparticulier le
Nucouché
de1969, que l’exposition
Picasso
et lesmaîtres
a rapproché des célèbres
Odalisques
.
Dans l’exposition, le
Nu dans un jardin
de1934, refusé par lemarchand d’art et collec-
tionneur Paul Rosenberg en raison de l’indécence de la pose, puise son inspiration
dans
L’Odalisque à l’esclave
(Cambridge, Fogg Art Museum) : même tête renversée,
même position des bras derrière la tête, même cou gonflé, même goût de la ligne
courbe délimitant les formes du corps. Le modèle n’est pas anonyme : il s’agit de
Marie-Thérèse Walter, que Picasso représenta dans une harmonie de mauves et de
verts. L’odalisque d’Ingres, à la silhouette serpentine, se métamorphose, ici, en une
figure combinant vues de face et de dos.
Nu dans un jardin
4août1934-Huilesurtoile162x130cm
DationPabloPicasso,1979-MuséenationalPicasso-Paris,MP148
©RMN-GrandPalais (muséenationalPicasso-Paris)/René-GabrielOjéda
©SuccessionPicasso,2017
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