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Les deux périodes du cubisme

Les peintres cubistes

« représentent …non ceque l’on voit des choses, mais ceque l’onen sait »

(voirMaldonado, 2017, p. 18). Ilsmontrent l’objet

sous toutes ses facettes, combinent différents points de vue (faceet profil), démultiplient lesmodes d’apparition (positiondans l’espaceet dans

la lumière) afin de rendre le sujet dans toute sa complexité. Deux périodes se succèdent : celle du cubisme analytique (1908-1912), au cours de

laquelle la forme est déconstruite en petites parties géométriques (

Homme à la mandoline

, été- automne 1911, Paris, musée Picasso) et celle

du cubisme synthétique (1912-1919), qui intègre le collage de divers éléments rapportés (coupures de presse, partitions…), appliqués sur le

support et révélant, par làmême, sa planéité.

Les maîtres du cubisme

Georges Braque (1882-1963)

D’abord engagé dans le renouveau de la peinture « fauve », Braque fut, avec Picasso, l’initiateur du cubisme et l’inventeur des papiers collés.

Peintre de paysage, marqué par l’œuvre de Cézanne, et de nature morte, il réalisa, en 1953, le plafond de la salle Henri-II, au musée du Louvre

(

Les Oiseaux

).

Juan Gris (1887-1927)

Né à Madrid, Gris s’installa à Paris en 1906, où il se lia d’amitié avec Matisse, Braque et Léger et retrouva son compatriote Picasso, dont il fit le

portrait en1912. Gris développa un style très personnel, produisant desœuvres se rattachant aux deux périodes du cubisme. Réalisant, comme

Picasso, des décors et des costumes pour les ballets russes, il décéda brutalement en 1927, à l’âge de 40 ans.

Fernand Léger (1881-1955)

Comme d’autres peintres parisiens, Léger découvrit Cézanne lors de la rétrospective consacrée à ce maître, en 1907. Sous l’influence de

Cézanne, il bascula progressivement dans le cubisme. D’abord très proche de Picasso, il s’émancipa ensuite de ses modèles et composa des

toiles « tubistes », fondées sur les contrastes de couleur. L’artiste n’y décrit pas, comme Picasso ou Braque, des objets statiques, vus sous

toutes leurs facettes, mais des objets en volume et en plan, représentés dans l’espace.

Albert Gleizes (1881-1953)

Parisien de naissance, Gleizes fut l’un des fondateurs du cubisme et l’auteur, avec Jean Metzinger, du premier traité majeur consacré à ce mou-

vement artistique

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. Il partagea la même admiration pour l’art de Cézanne, qui l’incita à rompre avec les principes d’une peinture descriptive.

Gleizes participa, entre 1911 et 1914, aux salons parisiens qui révélèrent le cubisme au grand public.

« L’art nègre »

Chez Picasso, « l’art nègre » nourrit la quête d’une nouvelle réalité, puisée dans la réduction des corps à des formes élémentaires et dans la

puissance expressive des masques africains. La rencontre décisive avec les sculptures et les masques nègres se situa à l’été 1907, lors d’une

visite aumusée d’ethnographie du Trocadéro, dont Picasso ressortit bouleversé. Il était alors occupé par l’exécution d’un grand tableau, consi-

déré comme le point de départ de l’art moderne :

Les Demoiselles d’Avignon

(vers 1906-1907, New York, Museum of Modern art). Ce tableau

longuement élaboré concentre toutes les sources du cubisme : Cézanne (on pense aux

Grandes baigneuses

), l’art ibérique (les demoiselles du

centre, avec le nez de profil dans un visage de face) et les masques africains (les demoiselles à droite). La demoiselle de gauche, vue de profil,

n’est pas sans rappeler un autre maître, que Picasso découvrit en arrivant à Paris : Paul Gauguin.

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A. Gleizes, J. Metzinger, Du Cubisme, Paris, 1912.