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Les grandes périodes artistiques

LES GRANDES PÉRIODES ARTISTIQUES

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Les années de jeunesse (1895-1901)

Les débuts à Barcelone (1895-1900) - période « naturaliste »

La formation académique du jeune Picasso à l’École des Beaux-arts de Barcelone passa par le dessin d’après l’antique (

Torse d’homme

, 1893-

94, Paris, MuséePicasso), l’étude d’après nature et lemodèle vivant. Ses premiers tableaux connus témoignent d’unemanière précise et réaliste

(

La Jeune fille aux pieds nus

, 1895, Paris, Musée Picasso). Toutefois, le jeune artiste se détacha rapidement d’une facture « classique », renon-

çant peu à peu à « finir », considérant que «

la lisibilité immédiate

» d’une œuvre était secondaire. À Barcelone, Picasso fréquenta le cabaret

Els Quatre Gats, qui devait son nom au fameux Chat noir de Montmartre (voir Bernadac et Du Bouchet, 2017, pp. 13-21)

.

Une parenthèse colorée (1900-1901)

Picasso se rendit une première fois à Paris à la fin de l’année 1900, en compagnie de son ami Carlos Casagemas, pour voir la nouvelle peinture,

y étudier sur place les impressionnistes, les pointillistes et connaître, d’une manière générale,

« ce qui se peignait »

. Il découvrit Cézanne,

VanGogh, lesNabis et Gauguin, chez lemarchand de tableauxAmbroiseVollard

1

, et fréquenta lesmêmes lieux que ses devanciers. Son tableau

Moulin de la Galette

confirme l’intérêt particulier qu’il manifeste pour Toulouse-Lautrec dans ses jeunes années. Les tableaux du printemps

1901 témoignent par ailleurs d’un audacieux festival de couleurs pures (

Le Café de la rotonde

, collection particulière ;

Femme dans la loge

,

Genève, coll. C. ImObersterg), quelques années avant le Salon d’automne de la

Cage aux Fauves

, en 1905.

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La période bleue (1901-1904)

Le bleu, couleur de la tristesse, des souffrances de l’âme

À Paris, au tournant de l’été 1901, Picasso peignit dans une surprenantemonochromie bleue. C’est le suicide du peintre espagnol Carlos Casagemas,

avec lequel Picasso s’était lié d’amitié, qui aurait initié la période bleue (couleur froide) et révélé les thèmes de la mort, de la vieillesse et de la

pauvreté. L’artiste confia en effet à son premier biographe, Pierre Daix :

« C’est en pensant à Casagemas, que je me suis mis à peindre en bleu »

. Sa peinture est remarquée par la critique :

« Elle est extraordinaire, la

tristesse stérile, qui pèse sur l’œuvre entière de ce très jeune homme… Les centaines de visages qu’il a peints grimacent, pas un sourire … Mais à

coup sûr, il y a là une force, un don, un talent… »

(C. Morice, « Art moderne »,

Mercure de France

, 1902, décembre, pp. 804-805).

Des mendiants, des vieillards au corps décharné

Dans les tableaux de cette période, Picasso a décrit l’extrême pauvreté en mettant en scène des êtres d’une grande fragilité, aux corps angu-

leux et aux visages creusés, vêtus de hardes, qui se courbent et inclinent la tête en signe de contrition ou de charité. Le bleu est employé dans

toutes ses nuances ; selon les désirs esthétiques de l’artiste, il tire sur le vert (turquoise), le violet ou le gris, et s’étend parfois à des bruns

(voir Daix, Boudaille, 1966 (1988), p. 2).

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Ambroise Vollard (1866-1939) fut l’un des marchands de Picasso dès son arrivée à Paris, en 1900.

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