juillet-août 2013- n°30
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jean
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luc
dolmaire
a Jeunesse Sportive des
Fontenelles de Nanterre est
avant tout une histoire de
famille : celle des Donna-
dieu, père et fils. C’est en
1954 que Jean, adolescent, signe sa première
licence de basketball.
« Puis un matin, il y
a eu le déclic,
confie l’actuel président.
J’ai
remplacé un ami pour l’entraînement des pous-
sins. Il faut croire que je me suis bien débrouillé
puisque je suis devenu éducateur bénévole et ça
a duré une quarantaine d’années. »
À 19 ans,
les anciens du club lui demandent d’entrer
dans le conseil d’administration.
La JSF
Nanterre est alors un patronage, évoluant
au
sein de la Fédération sportive et culturelle
de France, d’obédience catholique. Quand
Jean Donnadieu devient président en 1977,
une ambition se dessine :
« celle de devenir
un club formateur et de transmettre les valeurs
associatives et humaines des anciens, de respect,
de partage, de solidarité… »
Toute la famille est
mise à contribution. Les fils de Jean suivent
sa trace, d’abord joueurs puis éducateurs
et enfin entraîneurs : Pascal, de l’équipe
première, et Frédéric des espoirs.
« Déjà
dans le ventre de sa mère, Pascal entendait le
ballon et les échos de la salle »
, assure son père.
Aujourd’hui, même les petits-enfants de Jean
sont bénévoles au club.
Le tournant de 1987
1987 marque le début de l’épopée des Verts,
qui n’est pas sans rappeler celle de l’AJ
Auxerre, en football.
« En 1986, on s’est débar-
rassé de l’équipe senior de l’époque, parce qu’elle
n’était pas conforme aux valeurs que l’on voulait
défendre. »
Un an de traversée du désert plus
tard, Jean nomme son fils Pascal, âgé de 23
ans, à la tête de l’équipe première. Lorsqu’il
en prend les rênes, la JSF Nanterre repart
du plus bas niveau départemental avec des
joueurs formés au club et d’autres venant de
l’extérieur mais correspondant à la mentalité
« familiale »
souhaitée par le président
.
Et le
pari va s’avérer payant. Peu à peu, Nanterre
gravit tous les échelons jusqu’à l’accession
en Pro A en 2011. Tout en conservant son
identité, loin du sport business.
« Certes, il
y eut des tentations mais on est une machine à
refouler les opportunistes,
assure Jean Donna-
dieu.
Il a fallu se préserver, on a toujours résisté.
Car sur les valeurs on ne transige pas. »
Avant-dernier budget de Pro A cette saison,
le club mise sur sa bonne réputation pour
rester attractif.
« Les joueurs qui acceptent nos
salaires sortent souvent d’une saison difficile,
ou se trouvaient sans club. On prend donc des
hommes qui ne sont pas spécialement cotés mais
on compense par un gros travail sur le collectif.
Car même si l’on est un club familial,
on a la
réputation d’être exigeant. Les joueurs parlent
entre eux et c’est peut-être ce qui les attire. Beau-
coup de professionnalisme sans perdre pour
autant notre âme, c’est l’une de nos fiertés. »
Pour Jean Donnadieu, le beau parcours de
Nanterre cette saison n’est pas dû au hasard.
« Il faut un minimum de talent, de la part des
joueurs, du staff, de Pascal. Mais il est incontes-
table que notre état d’esprit est l’un des facteurs
clés de notre réussite. Sans cela, la JSF n’existe
plus. »
Pour autant, le président est lucide
quant à l’avenir.
« L’année prochaine sera
l’année de tous les dangers. Nous reviendrons
sûrement à des objectifs sportifs en dessous de
ce que l’on a connu cette saison. Il faut rester
raisonnable. On sait d’où l’on vient, qui on est et
où l’on veut aller. »
Le 8 juin dernier au stade
de Coubertin, la JSF Nanterre remportait
une troisième victoire contre Strasbourg
lors de la finale de Pro A, synonyme de titre
de champion de France et de qualification
directe pour l’Euroligue.
« Jamais, même
dans mes rêves les plus fous, je n’aurais cru cela
possible,
confie Jean Donnadieu
. L’émotion est
démesurée. »
Sûrement l’une des plus belles
surprises de l’histoire du sport français.
n
Florence Mazet
L
“
“
C’est un coup
de tonnerre, un
événement
exceptionnel pas
seulement dans le
monde du basket
français mais dans
l’histoire du sport
français
contemporain.
On n’aurait jamais
imaginé au mois
de décembre, alors
qu’on se battait
pour le maintien,
qu’on en serait là
aujourd’hui.
Nous recevons
de nombreux
témoignages de
personnes qui se
reconnaissent à
travers nous.
Nanterre amène
un peu d’air frais
dans le sport
professionnel qui
en a bien besoin.
AU TERME D’UNE SAISON HORS NORME, NANTERRE A ÉTÉ
SACRÉ CHAMPION DE FRANCE DE BASKET. UN EXPLOIT
POUR UN CLUB MODESTE DONT L’HISTOIRE SE CONFOND
AVEC CELLE DE SON PRÉSIDENT.