HDS.mag n°34 - page 43

mars-avril 2014 - n°34
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
f e s t i va l
©
yann
orhan
’est un peu comme une pou-
pée russe. Derrière Yodelice
se cache Maxime Nucci. De
son vrai nom Maxime Nou-
chy. Né en 1979 à Créteil
dans le Val-de-Marne, ce dernier découvre la
musique vers l’âge de six ans et commence
par le conservatoire. Il n’en a que quinze
lorsqu’il quitte la France pour aller étudier
au Musician Institute de Londres. Deux
ans plus tard, diplômé et devenu professeur
dans cette même école, il réussit à se faire
repérer par Universal Music. Il a dix-sept
ans lorsqu’il signe son premier contrat d’édi-
tion et vingt lorsqu’il décroche son premier
contrat de musicien. Maxime Nucci met alors
son talent au service des autres. En 2001, il
travaille pour
Popstars
sur M6. Il est l’arran-
geur du premier album du groupe issu de
l’émission, les L5, un disque qui se vendra
à plus d’un million d’exemplaires. Il com-
pose également plusieurs chansons pour sa
compagne de l’époque, la chanteuse Jenifer,
écrit la musique du film
Alive
«
J’étais un
rat de laboratoire
, sourit-il.
Mais je n’étais pas
malheureux. Quand j’étais gamin, j’étais fan de
musiciens de studio. Je ne rêvais pas de devenir
chanteur. Je voulais juste jouer de la guitare,
accompagner des artistes. Ce rêve a été exaucé
très rapidement, j’étais très jeune. Alors je me
sentais extrêmement privilégié de pouvoir tra-
vailler pour les autres. »
En 2006, il enregistre
tout de même un premier album sur lequel
il joue de tous les instruments. Il fait les
premières parties de Vanessa Paradis, Ayo,
Goran Bregovic… Mais peine à sortir du lot.
Tout va changer en 2009. Maxime décide de
se créer un avatar musical : Yodelice « 
venu
d’un monde imaginaire appelé Spookland,
décrit-t-il alors.
Un grand gaillard habillé som-
brement, chevelu et barbu, avec une plume piquée
sur son chapeau melon et une larme maquillée
sur la joue. Un clown en quête de son identité.
»
Le premier opus aux sonorités folk,
Tree of
Life
- porté par le single
Sunday With a Flu
dont le clip est réalisé par Guillaume Canet -,
lui vaut un disque de platine et une Victoire
de la Musique. À peine un an après sort
Cardioïd
, un deuxième album lui aussi enre-
gistré à Los Angeles.
« Pour ces deux premiers
disques, il n’y avait que la scène qui comptait
pour moi. Pendant l’enregistrement, j’étais dans
le lâcher prise, dans l’instant, je pardonnais
beaucoup d’erreurs. »
Le troisième album sorti
en octobre dernier s’intitule
Square Eyes
, un
titre tiré d’
« une expression américaine. C’est ce
que disent souvent les mamans à leurs enfants :
"si tu regardes trop la télé, tu vas finir par avoir
des yeux carrés" »
. Le disque est différent des
deux précédents. Il est plus produit pour
commencer.
« J’ai plus travaillé la texture,
explique Maxime Nucci.
J’ai retrouvé mes
amours de producteur. J’ai passé plus de temps
en studio. Je suis un geek, un passionné de son,
de matériel d’enregistrement. Je collectionne les
vieux magnétos, amplis, micros… »
L’album
est aussi plus électrique, rock, seventies.
« Je
joue de la guitare depuis que je suis gamin. Un
des premiers gars qui m’a fait rêver est Hen-
drix. De là est né mon amour pour des groupes
comme Led Zeppelin, les Who, les Stones,
Pink Floyd… C’est pour moi une époque de la
musique extraordinaire où il s’est fait des choses
qui n’ont jamais été égalées. Ces sonorités font
partie de mes influences les plus ancrées. C’est
marrant qu’elles ne ressortent qu’aujourd’hui. »
En parallèle, Maxime Nucci continue de
collaborer avec d’autres artistes – en 2011 il
a composé plusieurs chansons pour l’album
Jamais seul
de Johnny Hallyday. L’année pré-
cédente, il avait fait une apparition dans le
film
Les Petits Mouchoirs
de Guillaume Canet
où il interprétait notamment sa chanson
Talk
To Me
.
« Je fais plein d’autres choses mais pas
forcément à des fins commerciales. J’adore ça. Le
partage, c’est l’essence même de mon métier de
musicien. »
Pour ce qui est du partage avec le
public, il aussi est gâté. Lui qui espérait, avec
ce projet, faire quelques scènes et goûter,
peut-être, un succès confidentiel, a enchaîné
plus de deux cent cinquante concerts partout
en France, a joué en Belgique, en Suisse, en
Autriche, en Australie… Cette année, il est
en tournée jusqu’en avril.
« Maintenant que
ça marche, on me demande souvent pourquoi
je ne l’ai pas fait avant. Je crois qu’avant je
n’avais simplement rien à raconter et donc rien
à proposer… »
n
Émilie Vast
C
Le3avril, il se laisseraporter, comme il l’atoujours
fait, jusqu’à La Défense pour assurer la première
partie de la soirée DU prix Chorus HAUTS-DE-SEINE.
Je suis fan de l’art
sous toutes ses
formes. J’avais
donc envie de faire
quelque chose qui
ne se limite pas à la
musique. Je voulais
d’abord me sentir
libre artistiquement.
Je n’aime pas me
fixer de limites.
Selon moi, il ne faut
surtout pas que
l’imaginaire soit
bridé. Aujourd’hui,
après trois albums,
je me rends compte
que je me retrouve
par moments
comme spectateur
de ma propre
création.
C’est à la fois
hyper-gratifiant
et inspirant.
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