HDS.mag n°34 - page 39

mars-avril 2014 - n°34
|
hds.
mag
|

l ’ex po
D
iversité est le
maître mot qui
caractérise le
parcours de cette
nouvelle exposi-
tion répartie sur deux sites : le
Petit Château pour le Dessin fran-
çais ; le Château pour les artistes
européens. Diversité des supports
(papier, blanc ou de couleur, car-
ton…) et des techniques sèches
(pierre noire, fusain, mine de gra-
phite, craie, pastel...) ou humides
(lavis d’encre…), le choix des
moyens révèle les intentions
confiées par l’artiste à son dessin.
À Sceaux, cent dessins d’un grand
éclectisme illustrent la diversité
des provenances : grandes écoles
européennes, école française des
XVII e et XVIII e siècles, courants
du XIX e …
« Pour apprécier les des-
sins de cette époque
, souligne
Dominique Brême, directeur du
Domaine départemental de
Sceaux et co-commissaire de l’ex-
position,
il faut les replacer dans
leur contexte. Le dessin reflète l’ex-
pression d’une époque donnée, mais
c’est aussi une forme où l’on peut se
permettre toutes les expérimenta-
tions et qui est restée longtemps
confidentielle… Si bien que l’on voit
aujourd’hui sortir de fonds mécon-
nus les choses les plus audacieuses ! »
Partagés entre les deux châteaux,
les dessins français et étrangers
rivalisent d’intérêt et certains
d’entre eux ont une importance
historique majeure. La collection
du musée d’Angers est particuliè-
rement riche en dessins français
du XVII e et de la première moitié
du XIX e . Le parcours commence
au XVI e siècle par une feuille
« cosmique » intitulée
Songe
des gerbes et des étoiles
, d’Étienne
Delaune. Figure emblématique
du XVII e , Nicolas Poussin signe
deux « paysages panoramiques »
d’une beauté classique ; quelques
décennies plus tard, Fragonard
décrit d’une touche joyeuse et
enlevée un
Paysage italien avec
deux promeneurs
. Plus loin, d’une
grande valeur expressive, le des-
sin d’un
Cheval
de Géricault porte
la marque de ce passionné d’ana-
tomie, ancien élève, tout comme
Delacroix, du grand David. Une
section orientaliste de six des-
sins révèle un portrait affirmé de
Decamps,
Oriental coiffé d’un tur-
ban en buste
, ainsi que le croquis
passionné d’Eugène Delacroix
représentant un
Arabe couché
.
L’incontournable
Étude pour la
figure de la mère des Horaces
de
David porte au sommet l’artiste
phare du néoclassicisme, grand
admirateur de Raphaël. Parmi
deux « marines » remarquables
d’Eugène Boudin,
L’Appareillage
est une grisaille, suggérant la
mobilité de l’eau et les ciels chan-
geants. Une liste qui n’est pas
exhaustive…
D’un château l’autre
Au Château, les dessins étrangers
permettent de parcourir l’Europe
tant dans l’espace que dans le
temps. En Italie, Le Parmesan
(1503-1540) met en mouvement
les silhouettes de la
Guérison des
malades
, dont les arabesques se
répondent dans une gestuelle
mélancolique… signature du plus
aristocratique représentant du
maniérisme international. Son
influence, portée jusqu’à Fon-
tainebleau par son élève Nicolo
dell’Abate, peut se vérifier avec
l’admirable
Réunion des dieux
.
Le XVII e siècle est évoqué en
majesté avec la
Vierge à l’Enfant
du Guerchin, une splendide
esquisse qui conjugue légèreté
et détermination. Le XVII e siècle
voit l’apogée des artistes des Pays-
Bas. Trois grands noms éclairent
la scène de cette puissante
Europe du Nord : Rubens avec
Deux prisonniers enchaînés
, une
œuvre magistrale, toute emplie
du souffle baroque qui laisse per-
cevoir la violence sous-jacente de
cette scène complexe. Son élève
Antoon Van Dyck décrit une
scène évangélique,
Laissez venir à
moi les petits enfants
, dont l’atmos-
phère noble et intime s’oppose
à la verve prolixe de son maître.
Quant à Rembrandt, il incarne
en quelques larges traits essen-
tiels un vieillard qui délègue
sa sagesse,
Isaac promettant sa
bénédiction à Jacob
, une scène de
clair-obscur… Le tour d’horizon
s’achève en Allemagne avec les
sombres rêveries du romantisme
représenté par Caspar David Frie-
drich (1774-1840), qui fait émer-
ger de la brume son
Paysage de
montagne
, la nature portant loin
le regard et jouant le rôle de pas-
seur du monde visible à l’invi-
sible… admirable synthèse du
mystérieux pouvoir évocateur du
Dessin.
n
Alix Saint-Martin
Plein tarif : 4
, tarif réduit : 2,50
.
Visites guidées le jeudi 27 mars et les
dimanches 6, 13, 20 et 27 avril. De 15 h
à 16 h 30. Rendez-vous au Petit Château.
Tarifs : 6
 ; tarif réduit 4,50
.
domaine-de-sceaux.hauts-de-seine.net
Cheval
,
de Géricault.
Paysage de montagne,
de Caspar David
Friedrich,
vers 1820.
©
musée
des
beaux
arts
d
angers
/
photo
p
.
david
©
musée
des
beaux
arts
d
angers
/
photo
p
.
david
©
musée
des
beaux
arts
d
angers
/
photo
p
.
david
1...,29,30,31,32,33,34,35,36,37,38 40,41,42,43,44,45,46,47,48,49,...76
Powered by FlippingBook