mars-avril 2014 - n°34
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hds.
mag
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L
es cageots s’em-
pilent au fur et à
me sur e sur l e s
palettes. Il y a des
clémentines, des pommes de
terre, des poireaux… Tous prêts à
être livrés. Difficile de croire qu’il
y a quelques heures encore ils
étaient destinés à la benne.
« Ce
sont des invendus
, explique Guil-
laume Bapst, directeur de l’Andes,
l’Association nationale de dévelop-
pement des épiceries solidaires.
Ces fruits et légumes nous ont été
donnés par des grossistes parce que
ces derniers ont le droit d’envoyer
une certaine quantité de produits au
compost. Mais au-delà, ils paient
une taxe de destruction. »
Lutter
contre le gaspillage est une des
raisons qui ont incité l’association
à s’installer dans un entrepôt de
plus de mille mètres carrés au
cœur du marché de Rungis. Elle y
a ouvert en 2008 Le Potager de
Marianne, son premier chantier
d’insertion.
« À l’époque, on parlait
beaucoup du programme Nutrition
Santé avec la campagne
"Manger
cinq fruits et légumes par jour",
raconte Arnaud Langlais, respon-
sable du Potager.
Or, en 2005, une
étude avait montré que sur les 3,5
millions de personnes bénéficiant de
l’aide alimentaire, seul 1,2 % les
consommaient quotidiennement. »
En 2011, ils étaient 6,5 %. C’est le
deuxième objectif de l’Andes :
améliorer l’alimentation des per-
sonnes fréquentant les structures
d’aides. Ne bénéficient donc pas
seulement des fruits et légumes
récupérés à Rungis les épiceries
adhérentes mais l’ensemble des
associations d’aide alimentaire :
Restos du Cœur, Emmaüs,
Secours populaire, Croix-Rouge,
Banque alimentaire… En 2013,
près de huit cent cinquante
tonnes de fruits et légumes leur
ont ainsi été distribuées : près de
trois cent cinquante tonnes
venaient des dons, le reste avait
été acheté. En effet, pour pouvoir
proposer de tout, Le Potager de
Marianne achète des produits
frais en plus des invendus des
r epo r t age
grossistes qu’il récupère. Les asso-
ciations participent aux frais: les
produits issus des dons leur sont
vendus au prix de trente centimes
d’euros le kilo, les produits ache-
tés à soixante-dix centimes.
Soupe solidaire
En plus de ses six salariés perma-
nents, Le Potager de Marianne
emploie vingt-quatre salariés en
insertion. Ils sont présents sur
le chantier vingt-six heures par
semaine. Outre les apprentissages
liés aux métiers de la logistique,
ils sont accompagnés indivi-
duellement selon leurs profils
et leurs projets et bénéficient de
formations, de stages en entre-
prise… C’est le troisième objec-
tif de l’Andes : favoriser le retour
à l’emploi de personnes qui en
étaient éloignées. Alima a été
embauchée à Rungis il y a huit
mois. Elle apprécie notamment
d’
« avoir retrouvé un rythme »
et
est convaincue qu’
« après, il sera
plus facile de retrouver un emploi »
.
Elle aimerait se réorienter dans
la restauration collective. Et ce,
grâce à l’expérience acquise dans
l’atelier de transformation installé
juste à côté de la salle de prépa-
ration des commandes. Ce nou-
veau projet est né d’un constat :
si jusqu’à maintenant 45 % des
fruits et légumes donnés – les
plus beaux - étaient redistribués,
20 % supplémentaires pouvaient
encore être consommés à condi-
tion d’être transformés en soupes,
jus ou compotes… C’est cette idée
qui a valu à l’Andes d’être lauréate
de l’appel à projets pour l’écono-
mie sociale et solidaire (ESS) du
Département en 2012 et d’être
aidée à hauteur de 44 000 euros
– elle avait déjà reçu 30 000 euros
l’année précédente pour l’achat
d’un camion frigorifique servant
aux livraisons.
« Souvent, avec ce
genre de projets, le plus difficile est
de trouver la première personne qui
met l’argent.
Un peu comme au
poker
, sourit Guillaume Bapst.
Le fait que le conseil général nous
aide a eu un effet de levier. »
Après
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Notre reportage en video
sur l’association Andes sur
cg
92/
jean
-
luc
dolmaire