HDS.mag n°34 - page 48

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n°34 - mars-avril 2014
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©
ernest
pignon
-
ernest
l s’est produit dans l’art
contemporain un événement
historique aussi important
peut-être que celui du
cubisme : la découverte du mur »
, écrit
Brassaï dans
Graffiti
(1958). Ernest
Pignon-Ernest, hors de toute idée
de cadre, a fait du mur le support de
son grand œuvre depuis 1970. Sorte
d’écho à l’art pariétal, entre traces et
empreintes, l’artiste appose ses dessins
virtuoses aux murs des villes, escaliers,
soupiraux, cabines téléphoniques…
« Je
n’expose pas des dessins dans la rue, je pro-
voque quelque chose dans la rue »
, dit-il.
Un art éphémère et revendiqué comme
tel par le plasticien qui dessine sur un
papier mince, voué à disparaître au fil
du temps.
« Je travaille aussi sur les villes
pour ce qui ne se voit pas, leur passé, les
souvenirs qui les hantent... »
La Maison des Arts de Malakoff présente
une quarantaine d’œuvres - sérigra-
phies, témoignages photographiques,
dessins préparatoires, films - autant
de jalons historiques
« révélateurs de la
symbolique et de l’histoire des lieux »
 : 1971,
gisants de la Commune sur les marches
de Montmartre; 1978, Paris, visage de
Rimbaud inséré entre les graffitis « inter-
dit d’interdire »; 2006, corps de Jean
Genet « crucifié » sur les docks de Brest…
Un art engagé,
« à l’écoute de ceux qui
vivent au cœur d’un drame contemporain »
(apartheid, sida) :
les Expulsés, Pietà
africaine, icône de Soweto…
Ernest
Pignon-Ernest offre un art rési-
lient où
« le Dessin affirme la pen-
sée et la main affirme l’humain »
.
n
Alix Saint-Martin
’art cinétique est en pleine redé-
couverte dans les Salons interna-
tionaux. Né en 1950, cet art fait
l’éloge du mouvement et de l’instabilité
des formes comme voie picturale à part
entière. C’est le moment où Jesùs Rafael
Soto, fraîchement débarqué à Paris,
défend une interprétation originale de
la réalité qu’il veut
« toute grouillante de
forces vives »
. Soto compose des œuvres
abstraites « vibratoires » à l’aide de bâtons
suspendus et dans les années 60, pour
que le spectateur puisse percevoir le
mouvement dans l’espace en évoluant à
l’intérieur de l’œuvre, il crée ses fameux
Pénétrables
qui vont conquérir la planète.
La seconde génération d’artistes ciné-
tiques, représentée ici par Francisco
Salazar, Cesar Andrade, Manuel Merida
et René Ugarte, se réfère historique-
ment aux expériences des futuristes, des
constructivistes et de Marcel Duchamp
et poursuit actuellement les travaux
de Soto sur la dématérialisation de
l’œuvre, les seuils de perception et le
trouble sensoriel. Les fascinants mono-
chromes de Manuel Merida en forme
de disques tournants, remplis de pig-
ments jaune citron, rouge, turquoise,
illustrent le cœur du propos :
« l’œuvre
ne doit jamais être la même, elle doit tou-
jours être en mouvement perpétuel »
.
n
Alix Saint-Martin
Intramuros
Ernest Pignon-Ernest
, acteur majeur de la scène artistique contemporaine, propose une rétrospective
à la Maison des Arts de Malakoff.
Jusqu’au 30 mars
.
Éloge
du mouvement
L
La Maison des Arts d’Antony
a rassemblé
cinq artistes phares dans l’exposition
L’art
cinétique vénézuélien, jeux de mouvement.
Jusqu’au 30 mars.
i
jesus
rafael
soto
, 1977 ©
adagp
paris
2014
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